KARINE SILLA RESSUSCITE L’HEROÏNE DE CABROUSSE A ZIGUINCHOR
L’Alliance française de Ziguinchor a refusé du monde à l’occasion de la cérémonie de dédicace du livre que l’écrivaine Karine Silla a consacré à Aline Sitoé Diatta, figure emblématique de la résistance pacifique en Casamance, pendant la colonisation.
Paru en août 2020, l'ouvrage «Aline et les hommes de guerre» a été présenté à Ziguinchor par l’auteure Karine Silla. La cinéaste, qui retrace dans son livre le parcours d’Aline Sitoé Diatta, a mis en exergue la bravoure de la prêtresse de Cabrousse et a invité la jeune génération à s’inspirer du combat qu’elle a mené pour l’émancipation de son peuple pendant la colonisation
L’Alliance française de Ziguinchor a refusé du monde à l’occasion de la cérémonie de dédicace du livre que l’écrivaine Karine Silla a consacré à Aline Sitoé Diatta, figure emblématique de la résistance pacifique en Casamance, pendant la colonisation. Historiens, hommes de culture, personnalités politiques, élèves et étudiants ont attentivement suivi l’auteure franco-sénégalaise exposer les grandes lignes du livre intitulé «Aline et les hommes de guerre ».
Dans l’ouvrage, la scénariste met en exergue le parcours remarquable de la prêtresse qui s’est érigée en bouclier contre l’oppression coloniale. « Les paroles de mon père, qui était socio-anthropologue et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop, sur cette dame de valeur m’ont poussée à faire des recherches sur elle », explique Karine Silla.Née vers 1920 àNialou, dans le village de Cabrousse, Aline Sitoé Diatta s’est opposée à l’expansion de la colonisation en Casamance. La prêtresse, capable de faire tomber la pluie, avait appelé au boycott des produits français. La fille de Solossia et d’Assoléno Diatta s’est aussi opposée à la culture de certaines variétés et à l'effort de guerre que les colons exigeaient des populations durant la deuxième guerre mondiale. Ses idées réfractaires à toute forme de domination furent considérées comme dangereuses par l’administration coloniale qui ordonna son arrestation en 1943 pour rébellion et insoumission. Elle fut déportée à Tombouctou au Mali, où elle fut déclarée morte un an plus tard.
Selon l'écrivaine, le combat de l’héroïne est toujours d’actualité. « La jeune génération doit connaître davantage Aline Sitoé Diatta et les valeurs qu’elle avait incarnées. Les jeunes doivent avoir, en bandoulière, la résistance et le culte du travail. Mais surtout croire en eux. S'ils écoutent Aline Sitoé Diatta, ils abandonneront leur rêve d'aller mourir en mer en tentant de gagner un eldorado qui n’existe que de nom », renchérit la scénariste franco-sénégalaise. Karine Silla estime que la colonisation est une des pages les plus sombres de l’histoire. Pour elle, l'Afrique a été blessée et il faut que la jeune génération apprenne ce qui s’est réellement passé.
RAPATRIEMENT DES RESTES D’ALINE SITOE ET DE SIHALEBE
Présent à la cérémonie de dédicace du livre «Aline et les Hommes de guerre», le député maire de Ziguinchor a exprimé toute sa fierté. « C'est un honneur d’avoir assisté à cette cérémonie. Ce livre est une sorte de résurrection pour notre chère grand-mère qui n’a pas eu la reconnaissance qu'elle mérite», s’est réjoui Abdoulaye Baldé qui plaide pour la vulgarisation de l'ouvrage qui, selon lui, pourrait servir de repère à la jeune génération. L’édile de Ziguinchor a exprimé sa volonté de voir les restes de la prêtresse de Cabrousse rapatriés dans son village natal. «J’ai mené ce combat aussi bien à l’hémicycle qu’aux côtés du Président Wade. Nous sommes en train de nous constituer en comité pour réclamer le rapatriement des restes d’Aline, afin qu’elle puisse bénéficier de sépultures dignes de son rang. De même que le roi Sihalébé Diatta d’Oussouye dont les restes se trouvent au musée Grévin à Paris. C’est un combat que toutes les générations du Sénégal doivent mener », dixit le Maire de Ziguinchor.