LA PLAIDOIRIE DE BOUBACAR BORIS DIOP POUR LES LANGUES NATIONALES
Après «Doomi Golo», le journaliste et écrivain Boubacar Boris Diop revient avec «Bameelu Kocc Barma», un roman écrit en langue wolof
Après «Doomi Golo», le journaliste et écrivain Boubacar Boris Diop revient avec «Bameelu Kocc Barma», un roman écrit en langue wolof. Hier, lors d’une conférence organisée sur son dernier chef d’œuvre romanesque, à la faculté de lettres de l’Ucad, Boubacar Boris Diop a plaidé pour l’introduction effective des langues locales dans nos universités.
Présenter un roman écrit en wolof à la faculté de Lettres de l’université qui porte le nom de Cheikh Anta Diop est presque une revanche posthume de ce dernier qui a consacré sa vie à démontrer que l’Afrique est le berceau de l’humanité. Et la présence de plusieurs de ses héritiers intellectuels, tels que l’écrivain Cheikh Alioune Ndao et le Pr Bouba Diop, lors de la conférence organisée par le Laboratoire de Littérature Africaine, n’est pas anodine.
A cette occasion, Boubacar Boris Diop a porté la robe de l’avocat pour faire une grande plaidoirie pour les langues nationales. «Ceux qui s’activent dans les langues nationales ont l’impression d’être marginalisés», souligne le lauréat du Grand Prix littéraire d’Afrique Noire en 2000. C’est pourquoi, indique l’ancien directeur du journal «Le Matin», «il est heureux que Bameelu Kocc Barma, un roman écrit en Wolof, fasse l’actualité».
Boubacar Boris Diop, qui en est à son deuxième roman en langue wolof, après «Domi Golo» publié en 2003, déclare : «ce qui manquait, c’était un corpus conséquent pour que cette littérature entre à l’université et qu’elle devienne un outil de réflexion et d’analyse». Il convient de souligner que le livre «Bameelu Kocc Barma» revient sur le naufrage du bateau le Joola. «C’est le cri du cœur de ce que j’avais à dire», argue l’écrivain Boubacar Boris Diop qui regrette que cette tragédie avec ses 2.000 victimes «ne laisse pas une marque indélébile dans notre conscience».
Dans ce roman, l’auteur a voulu rendre un hommage appuyé à Kocc Barma Fall, parce qu’il «représente quelque chose pour la mémoire collective des Sénégalais. Kocc Barma Fall est le tombeau de l’identité sénégalaise. Il est difficile de rester un jour dans le pays sans faire référence à lui». Enseignant et spécialiste en littérature africaine, Serigne Sèye assimile le roman à un récit de la mémoire. «Le roman est un amalgame littéraire, car il y a une mise en scène de personnages qui existent, et d’autres qui sont nés de l’imagination de l’auteur», explique Dr Sèye qui précise par ailleurs que «le naufrage du Joola le 26 septembre 2002 a eu lieu, mais le renflouement du bateau est une imagination de Boubacar Boris Diop». Pour rappel, Boubacar Boris Diop est un romancier et essayiste sénégalais né à Dakar en 1946. Après avoir travaillé pour plusieurs journaux sénégalais, il continue de collaborer avec des titres de la presse étrangère.