LA REVOLUTION TORODO A L’ECRAN
Après «Kaw Cheikh le patriarche», un film documentaire sur l’auteur de «L’Aventure ambiguë», Cheikh Hamidou Kane, le réalisateur sénégalais, Moe Sow, a lancé jeudi dernier, le clap de départ du film «1776 : Ceerno Sileymaan Baal».
Après «Kaw Cheikh le patriarche», un film documentaire sur l’auteur de «L’Aventure ambiguë», Cheikh Hamidou Kane, le réalisateur sénégalais, Moe Sow, a lancé jeudi dernier, le clap de départ du film «1776 : Ceerno Sileymaan Baal». En réalisant ce docufiction, Moe Sow veut restituer l’histoire du Sénégal d’une manière qui enchante les jeunes.
Moe Sow, qui a déjà produit un film sur Cheikh Hamidou Kane et un autre sur le mythique groupe de musique sénégalais Xalam, va sortir un docufiction basé sur le personnage de Ceerno Sileymaan Baal. 1776 : Ceerno Syleymaan Baal, produit par l’Association Ceerno Sileymane Baal et les Produc-tions Suba, avec l’aide du Fopica, qui a financé ce film, d’après Moe Sow, à hauteur de 80 millions de francs Cfa, soit 60% du budget, est en cours de tournage. «C’est un documentaire de fiction. Si vous avez remarqué, on le fait sur un fond vert et cela veut dire qu’il y a quelque chose derrière. On veut vraiment restituer l’histoire d’une manière qui enchante les jeunes», a déclaré le réalisateur lors du clap de lancement du film au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coum-ba Rose. Le film est basé sur le personnage de Cernoo Siley-maan Baal, connu également pour avoir mené la Révolution torodo de 1776. Alors, en parallèle avec Alexander Hamilton, qui a théorisé la révolution américaine, Ceerno Sileymaan Baal a fait la même chose pour la révolution torodo. Surnommé le Briseur du mouddo horma (paiement d’une dime aux Maures), Ceerno Sileymaan Baal est décrit comme un homme pieux, intègre, humble et dont l’action a permis d’instaurer au Fouta, une institution solide reposant sur l’imamat. Grand intellectuel et homme d’éthique, il a combattu dans le Fouta, la corruption, l’impunité, l’enrichissement illicite et la dévolution monarchique du pouvoir, pour asseoir l’audit, la transparence, la déclaration de patrimoine, la reddition des comptes, la compétence, l’efficacité. «Ceerno Sileymaan Baal a combattu et instauré un Etat démocratique», a expliqué M. Sow pour justifier son choix de faire un film sur lui.
Mais pour incarner Ceerno Sileymaan Baal, le réalisateur a choisi un acteur anglais du nom de Oris Erhuero. «C’est quelqu’un qui a joué aujourd’hui à peu près dans une cinquantaine de films. On a besoin d’apprendre de ces gens-là. Nos acteurs sont encore jeunes, ils n’ont pas encore cette expérience. Et c’est bien qu’on les mette ensemble pour qu’ils puissent apprendre», a soutenu Moe Sow, qui précise qu’après ce tournage au Grand Théâtre, d’autres décors sont prévus au Fouta et à Lompoul. «Et la post-production va se faire au Maroc et en Roumanie», informe-t-il, tout en annonçant que le film sera peut-être diffusé en février-mars 2023.
Reconstituer l’histoire du pays
Moe Sow, en réalisant ce docufiction, veut faire partie de cette mouvance qui veut recréer l’histoire du Sénégal. «Mon combat, c’est de reconstituer l’histoire du pays. Je dois vraiment rendre mon pays, mon continent, aussi attrayant que Hollywood a rendu les Etats-Unis ou que les Français, les Anglais ont rendu leur pays. Le cinéma, c’est un outil de marketing incroyable. Et il faudra qu’on apprenne à s’y mettre et qu’on l’utilise pour nous-mêmes», fait savoir le cinéaste sénégalais. Revenu au Sénégal en 2014, Moe Sow a voulu reconstruire ce pan du patrimoine historique du Sénégal. «J’ai voulu vraiment constituer un hub culturel pour que les jeunes puissent en bénéficier et je sais qu’aujourd’hui, on en forme pas mal», a indiqué celui qui dit avoir travaillé des années à l’Institut supérieur des arts et métiers du numérique (Sup’Imax).
Pr Aliou Sow, ministre de la Culture et du patrimoine : «Ce film devait exister depuis des décennies»
En venant découvrir ce film sur Ceerno Sileymaan Baal, le ministre de la Culture et du patrimoine historique, Aliou Sow, explique : «Je suis à la fois joyeux, content et malheureux. Malheureux parce que cela devait exister depuis des décennies. Mais heureusement qu’il y a des compatriotes qui nous donnent l’occasion de rattraper, de rectifier.» Et il poursuit : «Ceerno Sileymaan Baal, aujourd’hui, devrait être le parrain des réalisations extrêmement importantes de l’Afrique, je ne parle pas du Sénégal. Cette belle initiative fait honneur à celle qui célèbre aujourd’hui la République en redorant son blason à travers une telle démarche qui nous permettra de retrouver une fierté bafouée, salie ou raturée. Et cela montre que le cinéma au Sénégal et l’audiovisuel méritent tous les égards, traitements, marques d’attention et tous les investissements.» Pour le ministre de la Culture et du patrimoine historique, il est temps que les gens cessent de dire que le cinéma est cher. «Que les gens commencent par dire que l’histoire n’a pas de prix. La valeur d’une Nation dépend de son patrimoine historique, de ses faits du passé, de son identité. Et nous sommes en train de réorganiser notre identité sur la base de la vérité et en extirpant toutes les altérations, manipulations, désorientations de la réalité», a défendu Aliou Sow.