QUAND LA MORT APPREND A VIVRE MIEUX !
L’ouvrage intitulé « Autour de la mort » est une coproduction de deux jeunes philosophes de Sédhiou Ibrahima Diakhaté Makama et Ibou Dramé Sylla. On peut donc mourir et rester ! Les co-auteurs, nous invitent à y croire
L’ouvrage intitulé « Autour de la mort » est une coproduction de deux jeunes philosophes de Sédhiou présentée au grand public au centre culturel régional de Sédhiou. Le livre part de la mort comme fin obstinée de tout être vivant mais qui inspire dans le même temps l’homme à valoriser son séjour terrestre et à même d’« échapper » à cette mort de par son œuvre qui s’inscrit dans la postérité. On peut donc mourir et rester ! Ibrahima Diakhaté Makama et Ibou Dramé Sylla, les co-auteurs, nous invitent à y croire. L'ouvrage est publié par les Éditions ELMA que dirige El Hadji Omar Massaly, homme de Lettres, auteur de plusieurs œuvres littéraires et originaire de Sédhiou.
Ibrahima Diakhaté Makama écrivain, scénariste, et Dr Ibou Dramé Sylla enseignant dans les lycées et à l’université Cheick Anta Diop de Dakar, sont deux jeunes de Sédhiou professeurs de philosophie au parcours stoïque et brillant. Ils ont levé le voile sur leur ouvrage intitulé « Autour de la mort » en présence d’un parterre d’acteurs. L’idée est née, selon eux, d’un constat de vide que laissent les vivants à l’appel du trépas. « L’élément déclencheur c’est la mort de Rayan Aourram, un garçon marocain de cinq ans qui est tombé dans un puits sec de 32 mètres dans le village d’Ighran, dans la commune de Tamorot, dans la province de Chefchaouen, au Maroc. Les tentatives de sauvetage ont été retardées par le puits étroit et le sol fragile. Il y’a eu également des facteurs lointains notamment la mort de Moctar Diallo un ami et si cher à tous, de notre doyen Malamine Kamara, de Abdou Kader Tall, de Amadou Tidiane Bâ pour ne citer que ceux-là. Parlant de la mort, nous avons sans doute parlé également de la vie et de ses exigences », ont-ils fait observer.
«LES QUESTIONS PLUS ESSENTIELLES QUE LES REPONSES»
La quintessence de la réflexion philosophique réside surtout dans le questionnement autour de la mort, notamment chez les humains, seuls conscients de ce voyage sans retour, a dit Makama Diakhaté « il n’y a pas quelque chose de plus démocratique que la mort. Nous avons réfléchi autour de la mort, c’est un essai philosophique, un message épistolaire entre Ibou Dramé Sylla et moi. Et la question où allons-nous, si elle est bien posée, conduit directement vers la mort »
Et son binôme Ibou Dramé Sylla de rappeler qu’en philosophie, chaque réponse devient une nouvelle question : « en philosophie et en réalité, les questions sont plus essentielles que les réponses. Nous avons au moins tenté de susciter le débat autour de la question de la mort. Si chacun, en quittant chez lui a, à l’esprit qu’il peut ne plus revenir à la maison par le biais de la mort, on aura une autre attitude et même vis-à-vis de soi » , souligne-t-il avec force.
Et pourtant, l’homme peut sans doute continuer à vivre bien longtemps après sa mort, le relai étant assuré par ses œuvres, nous dit Ibou Dramé Sylla : « les philosophes ont beaucoup travaillé sur la question de l’immortalité de l’homme. Platon par exemple dit que la procréation peut passer par là, mais Aron nous dit aussi que l’acte héroïque sur le champ de bataille porte la même valeur, et Platon ajoute que par le biais de la production littéraire, on peut s’immortaliser ».
LE NUMERIQUE ETRIQUE LA LECTURE!
L’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication notamment les réseaux sociaux ont éloigné les jeunes de la lecture : « aujourd’hui avec l’arrivée des nouveaux types de média comme les réseaux sociaux, on est plus tenté de manipuler un téléphone portable à longueur de journée que de lire. Une société qui lit est une société sauvée. Parce que la lecture permet de comprendre les enjeux du monde et de se projeter dans le futur », relève Ibou Dramé Sylla.
Et le directeur du centre culturel régional de Sédhiou Youssouph Diatta d’y apporter sa lecture sous l’angle de l’apprentissage comme si la mort nous apprend vraiment à mieux vivre : « parler de la mort nous permet de nous remettre en question dans la vie de tous les jours. Tout ce que l’on voit sur terre finit toujours par disparaître un jour » dixit l’homme de culture, à la fin de la présentation du livre.
Le père de feu Moctar Diallo, Mamadou Diallo entouré de ses fils Adama, Malick, de Mimi fille de son défunt fils. Dr Doudou Diallo, également son fils en service à Sokone, lui, a envoyé une missive pour saluer la mémoire de son défunt frère ainé Moctar. Autant donc croire avec le célèbre écrivain sénégalais Birago Diop que les morts ne sont pas morts et finalement ils sont autour de nous.