UN COMEDIEN AUX MULTIPLES CASQUETTES
Ablaye Mbaye alias Djibson revient sur son riche parcours ponctué de plusieurs participations à des séries dont «Njabar» d’Evenprod qui passe sur le petit écran
L’art occupe une large place dans le cœur de Ablaye Mbaye alias Djibson et que l’on surnomme aussi Atou. N’ayant pu échapper à l’univers artistique qu’il partage avec sa mère chanteuse hal pulaar, Aïssatou Sow dit Fama Boly, Ablaye Mbaye alias Djibson revient sur son riche parcours ponctué de plusieurs participations à des séries dont «Njabar» d’Evenprod qui passe sur le petit écran. Continuant de s’inspirer de son père, feu El Hadji Alassane Mbaye, qui a travaillé dans une société de la place, Ablaye Mbaye est aussi dans le cinéma et offre son image à plusieurs sociétés de la place dans le cadre de leur publicité.
Il y a certains qui n’arrivent point à s’éloigner du chemin que leur ont tracé leurs parents. Ils les suivent comme leur ombre. Ce sont généralement ceux qui sont appelés à assurer la relève d’une mère ou d’un père dans le domaine où ces derniers évoluent. Ablaye Mbaye alias Djibson que l’on surnomme aussi Atou fait partie de cette catégorie de personnes. Né d’une mère chanteuse haal pulaar, Aïssatou Sow dit Fama Boly, Djibson rejoint cette dernière dans l’univers de l’art en choisissant le théâtre et le cinéma comme mode d’expression culturelle. Il s’en explique. «Originaire d’une famille ancrée dans ses traditions, ayant une maman gardienne du temple d’une partie de la musique traditionnelle hal pulaar, dépositaire de la «science» des anciens traditionnellement et culturellement, ma personne ne saurait échapper à l’élan universel de la culture. Artiste de sang, les chants de ma culture me bercent et m’inspirent. Je chante, je danse, je joue du théâtre. Et après tout, je suis artiste, comme le moi est haïssable dit-on. Je suis…, nous sommes Espoir», surligne Djibson.
Débuts prometteurs au théâtre
Membre de la compagnie théâtrale «Les Espoirs de la Banlieue», il y a commencé à faire ses premiers pas dans le théâtre au début des années 2000. «J’ai fait mes premiers pas dans le théâtre vers 2002, 2003 et la compagnie théâtrale «Les Espoirs de la Banlieue» m’a ouvert ses portes. Comme on dit chemin faisant, l’appétit vient en mangeant. J’ai ensuite intégré la troupe du lycée Seydina Limamoulaye qu’on a après rebaptisée Ousmane Sembène», ainsi résume-t-il son parcours.
Son intégration dans la troupe du lycée Seydina Lima¬moulaye rebaptisée Ousmane Sembène a été rendu possible grâce à un club de français où il était partie prenante et grâce auquel il dit avoir pris part au Festival interscolaire de théâtre (Fist) au cours duquel il dit avoir décroché en 2007, le prix «Griot de la meilleure comédie» décerné exclusivement aux lycéens, en plus de la palme de la meilleure innovation théâtrale. «Donc, mes débuts au théâtre se sont faits entre ma compagnie d’initiation, «Les Espoirs de la Banlieue», et «Ousmane Sembène», qui m’ont propulsé dans le théâtre scolaire», embraye Djibson Atou, qui a fait son cursus scolaire au lycée Limamou Laye de Guédiawaye jusqu’en classe terminale L2. «J’étais malade, c’est pourquoi je n’ai pu poursuivre mes études», indique celui qui voue un amour au théâtre depuis sa tendre enfance.
Ablaye Mbaye dit s’inspirer des qualités de son défunt père pour avancer. «Mon père, feu El hadji Alassane Mbaye, paix à son âme, fut mon mentor, il m’inspire et continue à m’inspirer car toute sa vie durant il était un brave travailleur modeste, il avait le sens du partage, de l’entraide et de l’assistance», indique Ablaye Mbaye.
L’artiste-comédien a évolué dans plusieurs pièces com¬me Cruche cassée, qui est une réadaptation d’une œuvre allemande par feu Oumar Ndao et Ibrahima Mbaye Sopé. Les autres pièces dans lesquelles l’artiste-comédien a joué sa partition sont, entre autres, Urgen¬ce, D’un temps à l’écran, le Sa¬cre de Medina de Mou¬hamed Bachir Sy, La légende du fusil de feu Masseye Niang, mise en scène par l’un des grands metteurs en scène et chorégraphes, feu Mamadou Diop , Les corbeaux et les hirondelles doivent se marier, Recto Verso, Liking de Berengère Brooks. A celles-là, s’ajoute la pièce Ennemi du Peuple, réadaptation et mise en scène du texte du Norvégien Henrik Ibsen par Berengère.
Ayant eu la chance de bénéficier d’une session de formation offerte en 2012 au Grand Théâtre aux artistes-comédiens du Sénégal et encadré par des experts comme feu Mamadou Diop, Sayba Traoré, Moustapha Mbaye, tous des professeurs à l’Ecole nationale des arts, mais aussi Ibrahima Mbaye Thié de Sorano, Ibrahima Mbaye Sopé et Matar Diouf, Ablaye Mbaye a emmagasiné une somme d’expériences pour être parmi les mieux placés pour parler du théâtre sénégalais et de son évolution. Pour se plier à l’exercice, l’artiste-comédien de se livrer à une sorte d’étude comparative en partant de deux époques différentes. «Parler de l’évolution du théâtre m’oblige à prendre un point de départ. Disons qu’il y a quelques années auparavant je trouvais que l’animation culturelle côté théâtre était encore beaucoup plus dense. Les créations étaient-là, il y avait beaucoup de mouvements avec l’ouverture de la saison culturelle au Ccf (Institut français), à Blaise Senghor, qui est le centre culturel régional, le Théâtre national Daniel Sorano, la maison de la culture Douta Seck, etc.» «Aujourd’hui, il y a moins de créations qu’à l’époque», diagnostique-t-il. «Cela dit, il y a des aspects où nous acteurs du théâtre avons fait des pas en avant comme il y a aussi des côtés où nous n’avons pas du tout avancé», fait comprendre Mbaye.
Parlant de la méthode empruntée par les uns et les autres pour faire du théâtre, Ablaye Mbaye d’arriver à la conclusion selon laquelle que les méthodes «diffèrent d’une troupe ou compagnie à une autre selon les hommes, le contexte et les réalités». Mais ce «qui est bien», souligne-t-il, «est cette diversité» comme pour reprendre Senghor qui disait «s’enrichir de nos différences pour converger vers l’universel».
Se projetant sur la Journée internationale du théâtre célébrée le 26 mars, le comédien dit être incapable de voir le monde dans lequel il évolue soit fêté après une pause imposée par le contexte sanitaire sur fond de pandémie du Covid-19. Aujourd’¬hui que les acteurs du milieu renouent avec cette célébration, l’occasion sera saisie par eux pour diagnostiquer les maux dont souffre le secteur pour tenter d’y apporter des solutions. «La Journée internationale du théâtre est d’abord pour moi un acquis, une fierté que de voir un jour consacré à ma passion. Lors de cette journée, au-delà de l’animation, il s’agit pour nous d’un moment de réflexion, d’échanges et de perspectives sur le théâtre et les métiers du théâtre. J’ai longtemps participé à la Journée mondiale du théâtre, surtout lors des cérémonies officielles. En raison de la pandémie, cela fait déjà deux ans que je ne suis pas monté sur scène pour la Journée mondiale du théâtre.» «Pour cette année aussi, la journée est célébrée au lendemain de la fin du Forum mondial de l’eau et je participe à cet évènement mondial a enjeu important», souligne-t-il.
Carrière dans le cinéma
Le théâtre n’est pas seulement le dada de Ablaye Mbaye, il a aussi évolué dans le cinéma. «Le cinéma et moi, c’est aussi une longue histoire car je suis comédien et acteur et j’ai très tôt fait mes balbutiements dans le 7ème art», fait-il remarquer. Il a été d’abord figurant dans le film court-métrage intitulé La jeune maman, puis a participé à des téléfilms comme Feex aduna, tous deux faits par «Les Espoirs de la Banlieue», diffusés sur la Rts et qui l’ont révélé au petit écran. Il y a aussi Tolouway de Mouhamed Bachir Sy, directeur artistique de «Les Espoirs de la Banlieue», le film documentaire Les amants de Gorée de Gregory Hietin, qui part d’un spectacle théâtral La résurrection rouge et blanche de Roméo et Juliette de Sony Labou Tansi mis en scène par Stella Beuvard et Matar Diouf et le film court métrage L’arme de Pape Bounama Lopy, qui avait remporté le festival «7 jours, un film» sont les autres films auxquels Ablaye Mbaye a pris part.
Dans Deukeundo de Ibra¬hima Mbaye Sopé sur la Rdv, l’artiste-comédien se voit con¬fier des rubriques dans des émissions à la télé : Balcon de Aziz Samb avec «Les Espoirs de la Banlieue» dans le sketch du jour et a joué sa partition dans Takussan sur la Rts avec Aïssatou Sarr, dans Actu show (l’actualité de la semaine sous forme de comédie) et dans l’émission Les ados à la radio, Fm Sénégal ensuite Origines Fm, etc. et dans l’émission Kinkéliba à la Rts sur des plateaux de fin d’année.
Ayant pris part à un camp d’échanges culturels sénégalo-belge, Ablaye Mbaye a participé aussi à des projets de recherche artistique et théâtrale comme l’apport du théâtre dans la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation, le théâtre pour la résolution non violente des conflits.
En plus de la série Chez Abdou de Bérengère Brooks, Casting, une production de Sabadol’Art, l’artiste-comédien joue actuellement dans la série Njabar d’Evenprod. Diplômé d’Etat des collectivités éducatives, Ablaye Mbaye est aussi un publiciste dont l’image est associée à une grande société de téléphonie et à d’autres entreprises de la place.