«IL FAUT METTRE EN PLACE DES INSTITUTIONS FORTES ET TRANSPARENTES POUR QUE CES NOUVELLES RECETTES SOIENT BIEN CERNEES»
ROGER NORD, DIRECTEUR ADJOINT AFRIQUE DU FMI SUR LA DECOUVERTE DE PETROLE AU SENEGAL
Le Fonds monétaire international (Fmi) a organisé hier, un atelier sur la perspective économique régionale sur le thème : «Afrique subsaharienne, faire redémarrer la croissance». Pour le directeur adjoint Afrique du Fmi, Roger nord, il faut des institutions transparentes pour que ces nouvelles recettes soient bien cernées»
Le Fonds monétaire international (Fmi) a présenté hier, un rapport sur la situation du taux de croissance en Afrique. D’après le rapport, en 2016, l’Afrique subsaharienne a connu le taux de croissance le plus faible depuis 20 ans. Pour le directeur adjoint du département Afrique de Fmi, ce faible taux 1,5% a été le résultat du ralentissement de la croissance des pays producteurs de pétrole comme le Nigéria et l’Angola. «Le manque de recettes leur a imposé des coûts dans les dépenses et cela a contribué au ralentissement de la croissance, mais la question la plus importante est comment sortir de cette impasse. Pour nous, il faut la stabilisation des économies pétrolières et l’élargissement de la base des recettes domestiques pour pouvoir relancer l’investissement», affirme-t-il.
Poursuivant son propos, Roger Nord indique que «les perspectives sont aussi compliquées que d’autres comme la chute des prix du pétrole. L’Afrique est un continent hétérogène, il y a des pôles de croissance qui continuent avec une croissance vigoureuse y compris ici en Afrique de l’Ouest où dans l’Uemoa, la croissance à 6% dure depuis 5ans. C’est cette Afrique hétérogène qui, à notre avis, pose la chance pour sortir de ce moment difficile». Cependant, des solutions idoines sont mises en place pour sortir de cette situation, et selon le directeur adjoint de Fmi département Afrique, il est urgent pour les pays pétroliers de s’ajuster à la nouvelle réalité, que les pays à forte croissance commencent à ralentir le rythme d’investissement public et donner le relais au secteur privé qui est porteur de croissance, de création d’emplois y compris dans le secteur informel et les Pme».
Pour ce qui est du niveau d’endettement, Roger Nord soutient que le niveau d’endettement des pays à croissance vigoureuse reste soutenable y compris ici au Sénégal. «Il faut saisir l’opportunité de cette croissance vigoureuse pour s’assurer que les marges de manoeuvre restent grandes et que la situation reste maîtrisable. Il faut commencer à réduire l’augmentation de la dette, maintenir les déficits à des niveaux soutenables», ditil. En outre, il est revenu sur les découvertes de pétrole et de gaz au Sénégal. «Les nouvelles découvertes de pétrole au Sénégal sont très importantes, ce qui s’impose est de créer des institutions fortes pour pouvoir gérer ces nouveaux revenus ». Pour cela, il est d’avis que le pétrole peut être bénéfique, mais il constitue aussi un risque pour la gestion des politiques économiques. «Il faut mettre en place des institutions fortes et transparentes pour que ces nouvelles recettes soient bien cernées y compris par le citoyen lambda. Il faut que ces dépenses soient contrôlées par un budget unique et un parlement qui garde un oeil sur ces recettes», avertit-il.
Selon lui, le problème au Sénégal, c’est la mobilisation des recettes. «Nous ne pouvons pas nous développer avec des dettes. Si cette croissance nous permet de lutter contre la pauvreté, cela pose problème», regrette-t-il.