LA CROISSANCE S’ETABLIT FINALEMENT A 4,1% EN 2023…
Alors qu’elle était prévue a 10, 1%, Moustapha Ba, optimiste, évoque une économie en trajectoire de reprise.
Le chiffre officiel de la croissance du PIB de notre pays en 2023 est de 4,1%. La révélation a été faite hier par le ministre des Finances et du Budget Mamadou Moustapha Ba qui présidait l’atelier de lancement de la gestion budgétaire 2024. Une croissance bien en-deçà de celle sur laquelle misait le Gouvernement qui prévoyait un taux de 10,1% en 2023. Malgré cette croissance moins forte que ce qui était prévu, l’argentier de l’Etat assure que notre pays est sur une trajectoire de relance.
La contreperformance économique du Sénégal en 2023 s’explique par des événements autant endogènes qu’exogènes. Devant une assemblée composée de gestionnaires des ministères, des directions des Impôts et Domaines, du Trésor, de la Douane et autres structures délégataires de la gestion publique, Moustapha Ba a expliqué les raisons de la chute de croissance du Sénégal à 4,1% bien loin des 10,1% attendus . « L’année 2023 qui vient de s’achever a été marquée par des évènements qui ont fortement affecté les grandes orientations budgétaires retenues dans la loi de finances initiale.
En effet, la gestion budgétaire, au titre de l’année 2023, s’est déroulée dans un contexte international caractérisé notamment par la persistance des incertitudes liées aux tensions géopolitiques avec la poursuite de la guerre russo-ukrainienne et la crise israélo-palestinienne » a indiqué dès l’entame de son propos l’argentier de l’Etat. Cet environnement, a-t-il poursuivi, a beaucoup affecté les circuits d’approvisionnement des marchandises entraînant un ralentissement des échanges commerciaux internationaux avec, comme corollaires, la persistance de la poussée inflationniste, bien qu’elle ait été de moindre ampleur en 2023 par rapport à l’année 2022. Il s’en est suivi, selon Mamadou Moustapha Ba, une contraction des échanges de marchandises, lesquels devraient connaître, selon l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), une hausse de seulement 0,8% en 2023 contre 5% environ un an plus tôt. Parallèlement, les conditions financières de mobilisation des crédits ont été fortement resserrées, en raison d’une politique monétaire contracyclique. Le ministre de noter que ces facteurs qui ont fortement affecté la croissance mondiale — qui ressortirait à 3% en 2023 contre 3,5% en 2022 —, se sont répercutés sur la conjoncture sous régionale déjà en proie à une situation sécuritaire encore déliquescente.
En effet, l’activité de l’Union économique et monétaire serait à 5,2% en 2023 contre 5,6% en 2022 pendant que l’inflation est projetée à 3,7% en 2023 contre 7,4% en 2022. « Au niveau interne, le report de la date de démarrage de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières ainsi que les tensions socio-politiques internes se sont greffés à cette conjoncture déjà difficile, entraînant ainsi la révision à la baisse de la croissance de 2023 qui s’établirait finalement à 4,1%, contre 10,1% initialement prévue. Le taux d’inflation annuel moyen en 2023 ressort à +5,9%, contre 9,7% en 2022, soit un repli de 3,8 points. Le déficit budgétaire arrêté à 1045 milliards, soit 5,5 % dans la loi de finances initiale, a été revu à la baisse à 917,5 milliards FCFA, 4,9 %, dans la perspective de la consolidation budgétaire, avec l’objectif de la ramener à 3% du PIB en 2025 » a détaillé Mamadou Moustapha Ba.
Une économie dans une trajectoire de reprise
Ces situations difficiles ont imposé des ajustements au niveau des dépenses. « Toutefois, l’économie sénégalaise s’inscrit dans une trajectoire de reprise après trois années de démonstration d’une grande résilience grâce à la bonne tenue des finances publiques. Ainsi, à la faveur d’un taux d’exécution des dépenses budgétaires de 94%, porté par une mobilisation très satisfaisantes des ressources internes et externes, les importants projets et programmes de développement du Plan d’Actions prioritaires II ajusté et accéléré (PAP2A) ont atteint des niveaux de réalisation appréciables » a assuré le ministre des Finances et du Budget. Il a cité quelques réalisations importantes du Gouvernement comme les travaux de prolongement du TER de Diamniadio à l’Aéroport international Blaise DIAGNE dont la finalisation est prévue durant le premier semestre 2024, le démarrage des activités du projet de Bus rapid Transit (BRT), nouvelle dorsale autour de laquelle sera structurée une partie du réseau de transport urbain pour une partie de la banlieue de Dakar, la relance du transport ferroviaire engagée avec la réhabilitation de l’axe Dakar-Tamba et des villes de l’intérieur, la mise en service de la première phase du projet Keur Momar SARR 3 (KMS-3), qui a permis d’apporter une production journalière additionnelle de 130 millions de litres d’eau, le renforcement des capacités de stockage dans le cadre de la politique de souveraineté alimentaire. Mamadou Moustapha Ba a aussi évoqué la mise œuvre de marqueurs sociaux, avec le PUDC, le Promovilles, le PUMA, la CMU, les Bourses de sécurité familiales, sans oublier les importants programmes d’aménagements hydroagricole et pastorale, d’infrastructures scolaires, sanitaires, sécuritaires, culturelles et sportives, ainsi que les différents mécanismes de financement et d’insertion et de promotion socio comique des jeunes et des femmes.