LE FMI INVITE AU MAINTIEN DU REEQUILIBRAGE BUDGETAIRE
Considérée comme la plus grande année électorale de l’histoire du continent africain, 2024 a été considérablement marquée par un dépassement budgétaire dans bon nombre de pays y compris le Sénégal.
Considérée comme la plus grande année électorale de l’histoire du continent africain, 2024 a été considérablement marquée par un dépassement budgétaire dans bon nombre de pays y compris le Sénégal. Le Fonds monétaire international (Fmi) qui a sonné l’alerte à l’occasion de ses réunions de printemps ouvertes à new York, le 19 avril dernier, invite les pays concernés à un rééquilibrage budgétaire pour améliorer la viabilité de la dette et la stabilité financière.
Dans ses perspectives économiques, le Fonds Monétaire International (FMI) prévoyait une réduction des déficits primaires globaux, chiffrée à 4,9% du PIB en 2024. Cependant, des risques substantiels continuent de peser sur les finances publiques. Et ces risques de dérapage budgétaire sont d’autant plus importants que 2024 est une «grande année électorale». En effet, 88 pays ou zones économiques représentant plus de la moitié de la population et du PIB mondiaux ont déjà organisé ou organiseront des élections cette année. Or, il est avéré que les États ont tendance à dépenser plus et à taxer moins pendant les années électorales. Les déficits enregistrés ces années ont tendance à dépasser les prévisions de 0,4 point de pourcentage du PIB, par rapport aux années sans élections. C’est le cas pour notre pays qui a connu un report des élections à quelques jours du scrutin.
Pour Catherine Pattillo, Directrice adjointe du Département Afrique du FMI, «le retard de l'élection présidentielle au Sénégal a créé davantage d'incertitudes politiques dans la région». Selon elle, il a été constaté que l’instabilité politique entourant les élections entraîne non seulement des coûts macroéconomiques, mais déclenche également des ajustements budgétaires à long terme au détriment des investissements publics. Ce qui présente également des risques de revirements politiques. Ainsi, en cette grande année électorale, les pouvoirs publics doivent faire preuve de modération budgétaire pour assurer la bonne santé des finances publiques.
PROCEDER A L’ELIMINATION SANS DELAI DES MESURES LIEES A LA SUBVENTION DE L’ENERGIE...
En outre, le FMI invite les pays à déployer des mesures résolues pour préserver la viabilité de leurs finances publiques et reconstituer leurs marges de manœuvre budgétaires. La cadence du processus de rééquilibrage devant être adaptée selon les experts en fonction des risques budgétaires et des conditions macroéconomiques propres à chaque pays. Mieux, ils estiment que les pays devront faire preuve de fermeté lorsque les risques souverains sont élevés et que la crédibilité budgétaire fait défaut. Ainsi, les autorités devraient procéder sans délai à l’élimination progressive des mesures budgétaires adoptées pendant la crise, notamment les subventions à l’énergie, et poursuivre les réformes pour limiter l’augmentation des dépenses et protéger les populations les plus vulnérables.
Pour rappel, le Sénégal avait adopté cette méthode pour faire face aux effets de la pandémie et de l'inflation née de la crise russo-ukrainienne. D'ailleurs, l'ancien ministre des Finances, Mamadou Moustapha Ba, avait annoncé la suppression de la subvention allouée à l'énergie. Une mesure prise sur l'instruction du FMI qui invite aujourd'hui les pays à supprimer cette mesure pour, disent-ils, préserver les finances publiques. En outre, les pays sont appelés à faire des efforts considérables pour relancer la normalisation de la politique budgétaire face à des vents contraires. En effet, un rééquilibrage devrait se faire à une cadence réfléchie, qui tienne compte à la fois des risques budgétaires et de la vigueur de la demande privée. Dès lors, il convient de mettre fin immédiatement aux mesures d’aide prises pendant la crise et de résister à l’influence du cycle électoral sur la politique budgétaire et à la pression pour augmenter encore les dépenses. Pour ce faire, des réformes sont nécessaires pour contenir les pressions accrues sur les dépenses, telles que des réformes des prestations sociales dans les pays avancés où la population est vieillissante, ainsi que l’amélioration du ciblage et de l’efficacité des systèmes de protection sociale, afin de soutenir les couches les plus vulnérables de la population. A cela s’ajoute un dosage judicieux de mesures budgétaires, soutenant l’innovation dans les secteurs où les retombées sont les plus importantes et privilégiant le financement public de la recherche fondamentale.
Estimant que les recettes fiscales devraient évoluer de concert avec les dépenses, les experts du FMI appellent les pays émergents et les pays en développement à disposer d’une grande marge de manœuvre pour augmenter leurs recettes fiscales par la modernisation des systèmes fiscaux, l’élargissement des bases d’imposition et le développement des capacités institutionnelles. Ainsi que l’accroissement des recettes fiscales qui pourrait également contribuer à financer les investissements publics stratégiques qui sont nécessaires à la diffusion des technologies vertes et numériques. D’autant plus qu’un cadre budgétaire réaliste et fondé sur le risque pourrait orienter le processus de reconstitution d’espace budgétaire et de réduction de la vulnérabilité de la dette.