LE FORUM CIVIL LISTE LES TARES DE L’EXPLOITATION DES RESSOURCES EXTRACTIVES
Les populations ne bénéficient pas, comme il se doit, des richesses tirées de l’exploitation des ressources naturelles.
Les profits tirés de l’exploitation des ressources naturelles échappent aux populations. Ils vont plus aux entreprises et aux dirigeants du secteur. Lors d’une rencontre avec des journalistes, le week-end du 11 et 12 mars, le coordonnateur du Forum civil, Birahim Seck, est revenu sur les nombreux manquements constatés dans la répartition des gains.
Les populations ne bénéficient pas, comme il se doit, des richesses tirées de l’exploitation des ressources naturelles. Le Forum civil en a fait le constat, pour le regretter. Dans le cadre du programme pour la Transparence et la Redevabilité dans le Secteur extractif au Sénégal, le Forum civil, a organisé une rencontre avec les journalistes, le weekend du 11 et 12 mars 2023. A cette occasion, son coordonnateur, Birahim Seck, est revenu sur les conséquences néfastes de ces manquements du secteur envers la population. «La gouvernance du secteur extractif au Sénégal pose énormément de problèmes», note t-il, non sans inviter à une investigation sur la gestion des ressources naturelles, d’autant plus que, ajoute-t-il, «la Constitution dispose que les ressources naturelles appartiennent au peuple». Dans le cadre de la production pétrolière et gazière en perspective au Sénégal, Birahim Seck rappelle aussi qu’«il y a des craintes majeurs à Saint-Louis où les pêcheurs rapportent des impacts négatifs de l’exploitation gazière sur leurs activités, du fait de l'implantation de la plateforme de BP à Ndiatara». La région de Thiès est aussi dans cette impasse, du fait de l’exploitation minière dans les zones de Mboro, Darou Khoudoss, Taïba et Ngoundiane, constate Birahim Seck.
A côté de ses impacts socioéconomiques, le Forum civil signale aussi que les Collectivités locales ne reçoivent pas les fonds inhérents à l’exercice d’une activité dans leurs localités. Entre des fonds qui ne sont pas alimentés et l’absence de Plan de développement social, elles deviennent les parents pauvres du secteur.
Selon Birahim Seck, l’Etat doit plusieurs milliards aux Collectivités locales. Il est d’avis que, «les bénéficiaires n'ont pas fait le travail de plaidoyer nécessaire auprès du gouvernement pour rentrer dans leur fonds».
L’ITIE, PLUS PROCHE DES ENTREPRISES QUE DE LA POPULATION
Dans le secteur, «l'Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (Itie) se positionne comme un agent de communication des entreprises qui exploitent les ressources naturelles au Sénégal, plutôt que d'être des agents de l'État qui défendent les intérêts des communautés», juge Birahim Seck. Le manque à gagner des communautés est aussi mis en exergue par le consultant Elimane Pouye. Il explique ainsi que les contrats d’exploitation durent entre 20 et 50 ans. Durant la phase d’étude et de développement, ces compagnies impliquées dans l’activité sont exonérées d’impôts. Aucune charge ne pèse sur elles. Ce faisant, arrivé le moment de s’acquitter de cette obligation, (lors de l’exploitation), la somme qu’elles versent à l’Etat est très en deçà de l’exonération fiscale. Les autres inquiétudes qu’il souligne également sont relatives au Fonds d’appui au secteur minier, dont le ministère en charge du secteur à la compétence de la réception. Pour ce fonds, qui ne fait pas l’objet d’un décret, le justificatif est seulement un rapport qui n’est ni publiable. Pire encore, ce fonds ne fait également pas l’objet de vérification par les corps de contrôle.
Le manque à gagner des communautés se lit aussi, à son avis, sur le Fonds d’appui aux Collectivités locales dont les populations à la base sont écartées des activités à mener. Pis, il n’y a pas d’encadrement sur la Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). Les multinationales se contentent généralement de distribuer des billets pour le pèlerinage à La Mecque ou de soutien aux Associations sportives et culturelles (ASC). En pointant du doigt ces manquements, le Forum civil rappelle que le Sénégal, étant sur le point de devenir un pays producteur de gaz et de pétrole, a intérêt à corriger ces impairs ; l’exploitation des ressources extractives posant beaucoup de problèmes aux populations, mais aussi aux Collectivités locales qui reçoivent les exploitants.