LES BTP RÉCLAMENT 250 MILLIARDS À L'ÉTAT
Les syndicalistes se disent prêts à descendre dans la rue pour que les entreprises entrent en possession de leurs fonds
Plus de 250 milliards de francs Cfa, c’est le montant de la dette intérieure que l’Etat doit aux travailleurs du secteur du Bâtiment et travaux publics (Btp). En conférence de presse hier à la Bourse du travail, les syndicalistes se disent prêts à descendre dans la rue pour que les entreprises entrent dans leurs fonds.
La dette intérieure du Sénégal concernant le secteur du Bâtiment et des travaux publics (Btp) est estimée à plus de 250 milliards de francs Cfa. La part que l’Etat doit aux entreprises sénégalaises en charge du projet du Train express régional (Ter) est évaluée à plus de 70 milliards de francs Cfa. Il s’agit des 5 majeures, à savoir le Consortium d’entreprises (Cde), la Soseter, la Compagnie sahélienne d’entreprises (Cse), Eiffage Sénégal, Getran. La révélation est du secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de la construction de bâtiments et Tp privés du Sénégal (Sntc/Btp). Pour M. Diarraf Ndao, une dette évaluée à cette somme est devenue «inquiétante, à la limite alarmante». Selon lui, cela fait plus de 10 mois que l’Etat n’a payé aucune entreprise. D’ailleurs, il met au défi le ministre des Finances et du budget, qui a déclaré que l’Etat ne doit rien aux entreprises, de jurer la main sur le Coran. «Il ne le fera jamais. On ne dit pas la vérité au président de la République», atteste le syndicaliste. Il considère que la réaction du gouvernement à la suite de leur première sortie n’est qu’«une goutte d’eau dans l’océan».
Cette situation n’est pas sans conséquences, selon Diarraf Ndao qui informe que pour le cas du Ter, sur les 2 800 travailleurs engagés au départ, plus de 2 500 sont aujourd’hui licenciés. La faute, dit-il, l’ardoise que l’Etat doit à ces groupements qui ont réalisé le Ter est devenue très importante. Du coup, plusieurs chantiers sont à l’arrêt, des travailleurs envoyés en chômage technique, des fournisseurs qui attendent toujours leur argent. Les travailleurs en plus font face à des conséquences sociales «incalculables», relatives au problème lié au paiement du loyer, à la question des avances de Tabaski. «Quels que soient les efforts consentis par le gouvernement du Sénégal, nous estimons que la question de la dette dans le secteur du bâtiment devrait trouver une solution parce que les travailleurs sont fatigués. La Cnts sera au côté des travailleurs du secteur du bâtiment et partagera avec eux tous leurs plans d’actions. Nous pensons que les autorités vont nous entendre et particulièrement le président de la République et le ministre des Finances. On ne peut pas faire la sourde oreille devant des milliers et des milliers de travailleurs qui sont confrontés à des situations de ce genre», estime Mody Guiro, secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts).
Il a interpellé le ministre des Finances et du budget Abdoulaye Daouda Diallo pour que, dans les délais les plus proches, une concertation soit engagée pour trouver des solutions à ce problème. La confédération s’engage à être aux côtés des travailleurs qui n’excluent pas de manifester pour se faire entendre.