LES POLITIQUES D’EMPLOI ET DE FORMATION PROFESSIONNELLE, PASSEES AU CRIBLE
Venu répondre à la science plénière du Cese, le ministre Dame Diop a listé les priorités de son département dans le domaine de l’emploi, de la formation professionnelle, l’artisanat entre autres
Dans le cadre de sa première session extraordinaire de l’année 2019, le Conseil économique social environnemental a reçu hier, mardi 04 juillet, Dame Diop, ministre de l’Emploi, de la formation professionnelle et de l’artisanat autour de la problématique Rénovation de l’apprentissage, promotion de la créativité et du travail décent au Sénégal : impact sur le développement de l’auto-emploi des jeunes. » Occasion saisie par le ministre pour annoncer la construction de 45 centres de formation dans les départements du Sénégal.
Venu répondre à la science plénière du Cese, le ministre Dame Diop a listé les priorités de son département dans le domaine de l’emploi, de la formation professionnelle, l’artisanat entre autres. « Le président de la République nous a instruit de réformer les chambres de métiers et de construire 45 centres de formation dans les 45 départements », informe d’emblée le Ministre Dame Diop. Selon lui, l’objectif est de préconiser la formation professionnelle afin de préparer les jeunes en leur donnant une qualification professionnelle et leur permettre d’entreprendre. C’est pourquoi, affirme-t-il, «aujourd’hui, l’esprit est de passer d’un emploi salarié vers un auto-emploi » et dans ce sens « nous avons décidé dans le ministère que la question de l’emploi ne se règlera pas seulement avec l’emploi salarial» a indiqué le ministre devant Aminata Touré, présidente du Cese et ses collègues conseillers.
Pour lui, conformément à la mise en place du plan Sénégal émergent (Pse), « le Sénégal s’est illustré par des réformes majeures au sein du marché du travail ayant abouti à un cadre juridique de l’emploi, de la formation professionnelle et de l’investissement». Cela n’a pas empêché le ministre Dame Diop de noter les nombreux dysfonctionnements liés à un marché de l’emploi très étroit avec 407882 unités économiques dont 97 % évoluant dans le secteur informel, un taux de chômage élevé de 15,7% et un effectif limité dans la formation professionnelle. De plus, ajoute-t-il, «les chiffres de l’enquête nationale sur l’emploi au Sénégal révèlent que la population occupée est composée de 23 % de travailleurs, de 35,1% d’employeurs et de 41,5 % d’aides familiale…L’emploi salarié ne concerne que 28,7% de la population occupée dont 80% ne bénéficient d’aucune forme de protection sociale».
Concernant l’apprentissage, le ministre Dame Diop soulignera que depuis la création en 2012 du ministère de la formation professionnelle, « Sur un effectif global de 80604 apprenants dans le système formel, l’apprentissage traditionnel concentre 400 000 jeunes en quête de qualification professionnelle et de perspectives d’auto-emploi». Et de relever : plusieurs programmes ont été développés à ce jour et ont permis de former « 3090 maîtres d’apprentissage, 15 171 jeunes apprentis, d’élaborer 20 programmes de formation adaptés à la cible, ainsi que de parvenir à la certification de 1949 apprentis dont 844 Cap et 1105 Ccp et aussi à l’insertion de 11421 apprentis certifiés». Ces résultats constituent pour lui « autant de performances en faveur de la formalisation de l’apprentissage, le renforcement de la qualité de l’apprentissage traditionnel, la professionnalisation progressive du Secteur de l’artisanat le développement de la créativité et la promotion du travail décent en passant par le renforcement de l’employabilité et de l’esprit des jeunes en apprentissage».
«30 MILLIARDS DE F CFA POUR FORMER 32 000 APPRENTIS DONT 24 000 CERTIFIES »
Revenant sur les différents projets en cours, le ministre Dame signalera que l’Etat du Sénégal, avec l’appui de la Banque mondiale va financer le projet pour l’employabilité des jeunes par l’apprentissage non formel (PEJA) à hauteur de 30 milliards de francs CFA répartis dans les 14 régions pour former 32 000 apprentis avec comme objectif 24 000 certifiés, et de renforcer les compétences pédagogiques de 8000 maîtres d’apprentissage dans 8000 ateliers dans 12 métiers. Dans la même foulée, le ministre d’ajouter que dans le Projet d’appui au développement des compétences et des jeunes dans le secteur porteur (Pdcej) ayant obtenu un financement de 12 milliards de francs CFA est mis en œuvre dans les régions de Dakar , Thiès, Kaolack, Ziguinchor et Saint Louis.
Et de faire remarquer que son objectif est de « développer les compétences de 15 000 jeunes, mettre à niveau 250 entreprises, former 2000 jeunes dans les métiers connexes des hydrocarbures à réhabiliter et équiper 3 centres de formation aux métiers du pétrole et du gaz, de l’agrobusiness, mettre en œuvre un programme d’incubation pour 3000 jeunes et assurer le financement des plans d’affaires de 250 entreprises et 700 startups ». Le ministre Dame Diop n’a pas manqué enfin de constater les nombreux défis qui planent sur l’apprentissage d’aujourd’hui comme la promotion de l’apprentissage en adéquation aux besoins des territoires, l’allocation de ressources ces financières pour soutenir la mise en œuvre du déploiement, l’implication plus accrue des acteurs économiques dans le pilotage et la gestion du système de formation professionnelles des diplômés. Face à ces défis, il notera : «nous comptons adopter une bonne stratégie de communication qui finira de faire de l’apprentissage, en particulier, la formation professionnelle et technique, en général, l’option première de la jeunesse sénégalaise pour ainsi porter et accélérer la marche de notre Etat vers l’émergence».
NGAIDO BA, PRESIDENT DE L’INTER-COMMISSION DU CESE : «La solution, ce n’est pas seulement l’emploi salarié…»
« Nous avons fait une excellente plénière avec le ministre de l’Emploi, de la formation professionnelle et de l’artisanat qui nous a fait une excellente communication à partir de nos projets d’avis. Nous avons un rôle consultatif, nous présentons des avis au président de la République après des auditions et des visites de terrains. C’est ce que nous avons fait sur l’apprentissage des jeunes. Au cours de cette séance de plénière, il y a eu 39 orateurs qui ont pris la parole. Je pense, comme il vous a dit, qu’il y a eu des perspectives par exemple la refonte des chambres de métiers qui doivent retrouver la vocation de l’attente dans nos auditions et visites de terrain. Il y a eu aussi beaucoup de reproches. Il est heureux que le ministre ait annoncé leur refonte. Ensuite, il a parlé de l’auto-emploi et il a raison. Je pense que la solution de l’emploi, ce n’est pas seulement l’emploi salarié, tout le monde ne pourra pas être salarié parmi la jeunesse. Par contre, pour avoir de l’emploi, il faut être formé et après une bonne formation, on peut avoir de l’auto-emploi regroupé des jeunes. Le président de la République a eu une excellente idée de créer la Délégation pour l’entreprenariat rapide (DER) destinée aux jeunes. Je vois même qu’il a pris la décision de fusionner le DER avec le Prodac, l’Anpej et autres. C’est pourquoi nous avons proposé en intercommission une cellule confiée au Conseil national de la jeunesse et à l’Oncav avec les collectivités territoriales qui vont participer. L’auto-emploi qui va exister pourra vraiment booster l’emploi au niveau des jeunes et permettre d’accéder au million d’emplois que le président de la République a promis pendant ce quinquennat »