IBRAHIMA THIOUB, ÉLEVÉ AU PANTHÉON DU SAVOIR
Rendre hommage au professeur Ibrahima Thioub, historien émérite et universitaire sénégalais, enseignant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar pendant plus d’un demi-siècle : voilà l’objet du colloque international qui a débuté hier, ce 13 juillet 2023
Rendre hommage au professeur Ibrahima Thioub, historien émérite et universitaire sénégalais, enseignant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar pendant plus d’un demi-siècle : voilà l’objet du colloque international qui a débuté hier, jeudi 13 juillet 2023, à l’Ucad. Pendant trois jours, les anciens étudiants de l’historien venus des quatre coins du monde vont, à travers moult thèmes, « gratifier » leur formateur, de surcroit ancien Recteur de l’Ucad.
L a cérémonie d’ouverture du colloque international s’est tenue hier, jeudi, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar pour rendre hommage au Professeur Ibrahima Thioub qui est un historien et universitaire sénégalais, professeur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. A l’ouverture du colloque, les anciens étudiants du Pr Thioub, devenus aujourd’hui des professeurs d’université, ont pris la parole pour faire part de leur reconnaissance et remerciements envers l’historien émérite, ancien recteur de l’Ucad. Ibra Sène, professeur d’histoire et ancien étudiant du professeur Thioub, est revenu sur l’importance de ce colloque international. «La raison pour laquelle on a organisé ce colloque, c’est pour dire merci au professeur Thioub. C’est lui qui nous a formés, il a vraiment beaucoup fait pour nous et nous avons donc senti que nous avions une grosse dette envers M.Thioub et pour nous, le meilleur moment de lui montrer notre gratitude, c’était à sa retraite d’organiser une conférence qui colle avec ses valeurs, c’est-à-dire la protection du savoir, les discussions scientifiques. C’est dans ce cadre qu’on a organisé ce colloque».
En réponse, le Pr Thioub a tenu à exprimer son émotion et sa fierté. «Je suis habité par un sentiment de fierté, fierté d’avoir servi mon pays à travers son école pendant plus d’un demi-siècle et d’espérer continuer ce service, et aussi la fierté d’avoir formé des générations d’enseignants et de chercheurs qui, comme le souhaite tout maitre, m’ont aujourd’hui largement dépassé parleurs compétences, leur dévouement et leur engagement au service de l’école. Je suis très fier qu’ils aient eu l’idée de m’honorer parce que j’aime le mieux, le savoir».
Poursuivant, l’historien dira, en déplorant le saccage subi dernièrement par l’université Cheikh Anta Diop : « Celui qui ouvre une école, ferme une prison. Le lieu de savoir, c’est le lieu le plus sacré. Pour illustration, le Prophète Mohamed nous a dit d’aller chercher le savoir jusqu’en Chine, ce savoir qu’il nous demandait de chercher, c’était le savoir scientifique et culturel et ce savoir se dispense dans des institutions que sont les écoles, bibliothèques et les lieux de savoir. Y porter le feu, y porter le saccage, y porter la destruction, c’est remettre en cause tous nos héritages et patrimoines. C’est pourquoi nous ne pouvons qu’exprimer notre profond regret, notre désolation face à tout cela». Et de renchérir : « Espérons que ceux qui ont failli, en portant le feu au lieu de savoir, se ressaisirons pour savoir que la lutte politique peut se dérouler dans d’autres espaces, mais que l’espace universitaire, c’est l’espace du savoir, de la controverse qui se fait par les idées et non par le feu…Si tous, nous le comprenons, nous allons préserver tous nos espaces de savoir parce qu’il y va de notre devenir en tant qu’humain». La conférence inaugurale du colloque a été donnée après l’ouverture officielle fixée à 9 heures, à l’amphithéâtre Ucad 2 par le professeur Mamadou Fall de l’Ucad et était axée sur le thème : « Ecrire l’Histoire en Afrique contemporaine.
Organisé par ses anciens étudiants aujourd’hui devenus ses collègues, le colloque réunit pour trois jours des universitaires venant du Cameroun, du Togo, du Maroc, du Gabon, du Niger, du Mali, de la Côte d’Ivoire, de l’Ile Maurice, de la République démocratique du Congo, de la France, des Etats-Unis, du Royaume Uni, entre autres. Des conférences, des tables rondes et des panels se tiendront à l’Ucad 2 et au Centre de recherche ouest africain (Warc). Le colloque permettra de passer en revue plusieurs thèmes : « Mémoire de l’esclavage Atlantique », « L’école publique : état et devenir », « Questionner les sources et l’écriture de l’histoire africaine », « L’agriculture et le foncier à l’époque coloniale », « Formation des enseignants, curricula et performances scolaires », « Colonisation, genre et violence ».