LES ENFANTS-OATGES
Dans de petits carrés où tout laisse à désirer, des femmes détenues portent difficilement leur grossesse ou enfantent douloureusement - La naissance d’un enfant, ailleurs fêtée dans l’allégresse, est une hantise voire un cauchemar pour le
Dans de petits carrés où tout laisse à désirer, des femmes détenues portent difficilement leur grossesse ou enfantent douloureusement. La naissance d’un enfant, ailleurs fêtée dans l’allégresse, est une sérieuse hantise voire un cauchemar pour les taulardes. A l’occasion de la Journée internationale de la Femme, Le Témoin vous plonge dans l’univers des détenues mères ou en état de grossesse. Et comment les nouveaux- nés s’épanouissent dans ces endroits lugubres.
Deux tentes harmonieusement aménagées. Des nattes recouvrent le sol carrelé. On s’affaire pour les derniers réglages du baptême. L’imam drapé d’un boubou maculé, le Coran à la main donne des consignes à tout va. Parents et amis, en tenues d’apparat, restent suspendus à la bouche de l’homme de Dieu. Il souffle quelques mots à l’oreille droite puis à celle gauche du bébé : «l’enfant s’appelle…». Cri de soupir dans l’assistance. Comme la délivrance d’une longue attente, la foule se disperse autour des tentes. La maman du nouveau né, sourire mi-figue mi raisin, discute à gorges déployées avec des membres de sa famille. On rit, on se passe les dernières nouvelles autour d’un bol de lakh (bouillie de mil).
Les décibels tonnent des quatre coins de ce bâtiment du quartier de Liberté VI. Trois heures plus tard, des plats de riz blanc garnis sont servis. Les invités se donnent à cœur joie et emploient toute leur énergie à satisfaire leur faim de loup. Place maintenant aux rafraîchissements. Un dessert digéré autour d’un Sabar (tam-tam). Des femmes dansent au rythme endiablé de la musique. Elles se trémoussent, rivalisent d’ardeur devant le tambour major.
Cerise sur la corne du mouton, le repas du soir est offert comme un diner d’au revoir aux invités. Cette cérémonie haute en couleurs, se passe bien à la Maison d’arrêt pour femmes (Maf) de Liberté 6. La fête finie, retour à la dure réalité de l’enfermement pour la détenue mère. Et les rigueurs carcérales s’imposent à elle. Malgré tout, des baptêmes sont encore célébrés en prison. «Au moment où j’étais la Directrice de l’Administration pénitentiaire, j’ai assisté entre quatre et cinq naissances célébrées en prison. Et à chaque fois, la Direction de l’Administration offrait le mouton», lâche Agnès Ndiogoye, ancienne Directrice de la Maf de Liberté 6.
«Se bourrer pour combler la solitude…»
«Les détenues en état de grossesse ne rencontrent pas de problèmes majeurs. Je peux même dire qu’elles sont, à la limite, choyées», dissèque Huguette Lassor, présidente de l’association Ci-biti (air libre) qui intervient dans l’univers carcéral et qui a également assisté à un baptême d’un enfant chrétien en prison. «Le Nonce apostolique était venu pour célébrer la messe de Noël et en même temps baptiser la naissance d’un nouveau né d’une détenue. Les femmes détenues, de confessions d’obédience religieuses et de nationalités confondues, l’encadrement pénitentiaire. Tous ont entouré le nouveau-né et sa mère dans une magnifique célébration pleine de vie et de fraternité», se souvient Huguette Lassor, présidente de l’Ong Ci-biti (air libre). «C’est mon filleul», précise Agnès Ndiogoye. Contre mauvaise fortune, bon cœur, détenues et personnel de l’administration cohabitent pacifiquement.
«Il n y a pas de problèmes entre nous. Nous rencontrons parfois des difficultés mais on essaie tant bien que mal de les gérer», rassure le régisseur.
Entre gardes pénitentiaires et les détenues, des liens se nouent souvent. Une complicité qui permet d’oublier les rigueurs de la grossesse. «On faisait des aménagements à l’endroit des détenues en état de grossesse. Ne serait-ce que pour les temps de promenade, on prolongeait l’heure. Par exemple, on pouvait faire l’appel, réintégrait les autres et laisser celles qui sont en état de grossesse se promener dans la cour. Tantôt, les gardes pénitentiaires les prenaient et les amenaient se promener à l’extérieur de la prison», explique Agnès Ndiogoye. «En prison, on s’occupait très bien de moi. Et à chaque fois que je tombais malade, l’Administration pénitentiaire m’amenait à l’hôpital et achetait les médicaments», appuie Mariama (nom d’emprunt), qui a eu son deuxième enfant en prison et aujourd’hui élargie.
Le lourd poids carcéral
D’après les confidences, le temps d’une grossesse, les détenues mettent de côté leurs problèmes pour aider la jeune maman. Il n’y a plus de place pour les querelles encore moins pour les ressentiments. «Au moment où j’étais en service à la Maison d’arrêt des femmes (Maf) de Liberté VI, il y avait une solidarité agissante entre elles. Au sein de la population carcérale, il y avait des femmes âgées qui prenaient vraiment soin des détenues enceintes. Elles leur faisaient des massages, leur prodiguaient des conseils par rapport à leur alimentation. Idem pour la naissance, il y en avait qui se portaient volontaires pour la garde du bébé ou pour la toilette. Lorsque l’enfant pleure, elles se relayaient pour le calmer», tente de rassurer l’ancienne directrice de la Maison d’arrêt des femmes de Liberté 6. «A part le fait qu’elles sont emprisonnées, il n’y a aucune différence avec celles qui enfantent dehors», clame-t-elle. Comparaison n’est pas raison…
Au verso de ce tableau presque parfait, les détenues en état de grossesse vivent un véritable calvaire lié au poids carcéral, selon le psychologue clinicien Oumou Diodio Ly Kane. Qui est d’avis qu’il est extrêmement «difficile» pour une femme de vivre une grossesse en prison. «D’autant plus que si elle accouche, on ne lui permet même pas de faire le baptême chez elle», argumente-t-elle. Derrière les murs glauques de la prison, des détenues enfantent. Sans l’affection des siens et de la belle-famille. Presque seules, elles font face aux problèmes liés à la grossesse le tout avec le poids de l’enfermement. Une angoisse persistante pour ces détenues en état de grossesse.
«Ce n’est pas facile de vivre en prison à fortiori d’y mener une grossesse. C’est insupportable», confie, les traits tirés, Mariama, 43 ans, qui vient à peine de s’échapper du lit et qui reçoit dans le cocon familial. «Parmi les détenues, il y en a qui essayent de se bourrer pour combler la solitude. Parce que c’est un endroit où l’on se sent terriblement seul, perdu dans ses pensées. C’est angoissant, dépérissant. Elles veulent tout simplement oublier leur situation de prisonnière», analyse le psychoclinicien Oumou Diodio Ly Kane officiant à l’hôpital psychiatrique de Fann. C’est peut- être ce qui pousse d’anciennes détenues à vouloir oublier les affres de la grossesse en prison. «Je ne veux plus me rappeler ce terrible et lourd passé», lâche laconiquement une ex-détenue contactée par Le Témoin. Malgré notre insistance, elle se réfugie derrière un silence de cathédrale.
«Mes deux séjours à l’hôpital…»
En rupture de banc dans la société, souvent honnies au sein même de leurs familles, les détenues vivent mal leur grossesse. Elles supportent difficilement ce double statut trop pesant à la limite. «J’ai eu un électrochoc. Vous imaginez ce que j’ai dû vivre surtout qu’auparavant, je n’avais jamais mis les pieds en prison. A mon arrivée, je tombais fréquemment malade. Un jour, j’avais des nausées. Sur ces entrefaites, j’ai été acheminée à l’hôpital, c’est de cette manière que j’ai su j’étais enceinte. En ce moment, j’en étais à un mois de détention», avoue difficilement Mariama. Le ciel semble se dérober sous ses pieds. Et elle sent des fourmis dans les jambes. Elle tente d’oublier mais la réalité de sa grossesse est là, tenace. L’embryon qui se développe en elle a déjà cinq semaines d’aménorrhée.
Faisant sienne le dicton contre mauvaise fortune bon cœur, elle s’accroche derrière les barreaux d’une cellule exigüe où chaque mètre carré est précieux. Dans les cellules, les matelas s’entrechoquent et les oreillers servent de placard. «Durant ma grossesse, l’administration m’avait affecté un matelas. Ce n’est pas très commode mais il fallait faire avec», narre-t-elle surtout qu’elle faisait face à une promiscuité. Alors qu’elle suffoquait intérieurement. «Durant la grossesse, j’ai été alitée pendant des jours. J’ai été interné par deux fois au Samu municipal, le premier séjour a duré une semaine et l’autre cinq jours», minaude l’intarissable Mariama, qui a eu son deuxième enfant en milieu carcéral. «Au moment où l’on m’acheminait à l’hôpital, j’avais les pieds enflés. Peut-être que c’est dû à l’étroitesse des lieux et les longues stations debout. En ce moment, je ne pouvais plus me tenir encore moins s’asseoir. D’ailleurs, je me suis appuyée pour aller à l’hôpital», sérine-t-elle, dans le salon du domicile familial, les cheveux attifés avec du greffage à la forme d’un chignon posé au milieu de la tête.
«Enfant né avec un mal aux bronchites»
Mariama a été arrêtée en même temps que sa fille de deux ans et 2 mois. Une dure situation. Comble de malheur, elle était enceinte d’un mois. Ce qu’elle ignorait. «Ce fut très difficile puisque c’est à cause de mon mari que je me suis retrouvée en prison. Mais, j’ai tout remis entre les mains de Dieu», avoue-t-elle avec fatalisme. Elle qui a dû se résigner à porter pendant neuf mois une grossesse et derrière les barreaux. «La veille de mon accouchement, j’ai senti des douleurs et je me plaignais de maux atroces au bas ventre. Malgré la douleur qui me ployait, j’ai appelé de toutes mes forces les gardes pénitentiaires qui ont toutes accourues. Elles m’ont extraite de la cellule et m’ont étalée sur une natte posée dans la pièce qui leur sert de poste de garde. C’est en ce moment que la poche d’eau s’est cassée. Aussitôt, les gardes ont affrété un taxi et m’ont acheminé au Samu municipal. Arrivée à l’hôpital, j’ai aussitôt accouché d’un garçon», se souvient-elle. Un accouchement qui rappelle son statut de détenue. Puisqu’il y avait une garde stationnée à la porte.
Elle dit : «Je suis sortie quelques heures après l’accouchement. Et je fus aussitôt acheminée de nouveau en prison avec mon enfant dans les bras. Vous imaginez ce que j’ai du vivre surtout qu’il n’y avait aucun confort. Juste un matelas malgré l’épreuve que je venais de traverser. Plus jamais ça dans ma vie ! » «En prison, il n’y a pas toutes les commodités», admet l’ancien régisseur de la prison de Liberté 6.
Comme si le destin s’acharnait sur Mariama, son enfant est né avec un mal aux bronchites. «On l’a retourné à l’hôpital et on lui a administré une piqûre avant de me le ramener», raconte-t-elle. Une semaine après le baptême, sous son consentement, son enfant s’est vu confier à sa grand-mère. «On est resté ensemble une quinzaine de jours avant que je ne le confie à ma famille», indique Mariama qui s’est résolue à la séparation. Difficilement. «L’enfant n’est coupable d’aucune infraction. Rien ne le lie à la détention de sa maman. Ce n’est pas un lieu approprié pour un enfant», admet Agnés Diogoye. «On a eu le cas d’un enfant de sexe masculin qui est resté avec sa maman jusqu’à l’âge de deux ans et six mois. Par la suite, on a décidé d’un commun accord avec son papa de le séparer définitivement de sa maman», explique le régisseur.
Selon la loi en vigueur, à la sortie de la prison, l’enfant est confié à la charge de la famille. Une situation souvent délicate pour la maman et la famille. «Quelques jours après son arrivée dans la maison familiale, on avait comme l’impression que l’enfant avait une allergie. On a fait appel à un oncle. Et il a été décidé de l’amener à l’hôpital Fann. Après consultation, l’enfant a été référé à l’hôpital Abass Ndao. Faute de place, on s’est rabattu à l’hôpital Aristide Le Dantec. Il a été hospitalisé durant une semaine avant qu’il ne soit libéré. A son retour, un beau jour, il a recommencé à étouffer et présentait les mêmes signes qu’à sa naissance. On l’a de nouveau amené à l’hôpital Fann et il a subi une opération moyennant 55 000 francs Cfa. C’est cette maladie qu’il traine depuis. D’après les explications, le sang de l’accouchement a réussi à passer et a du coup obstrué les poumons de l’enfant. Ce qui fait que mon neveu éprouve des difficultés à respirer. Aujourd’hui, il y parvient à l’aide d’un appareil placé sous la gorge», détaille Mada, sœur de l’ex-détenue.
«Un enfant a parlé lorsque sa maman a recouvré la liberté»
Loin des problèmes de santé qui escortent cette naissance, l’Administration pénitentiaire s’explique sur les mesures prises à l’endroit des enfants. «C’est là où le législateur s’est vraiment épanché. Les enfants peuvent rester avec leurs mamans jusqu’à l’âge de trois ans», informe le régisseur de la Maison d’arrêt des femmes (Maf) de Liberté 6. A trois ans passés, à défaut de la famille proche, l’enfant est confié à des associations caritatives. Le temps que sa mère recouvre la liberté. «Si la famille de la détenue ne se présente pas, on confie l’enfant au village Sos ou aux structures caritatives telles que la Rescousse», éclaire Agnès Ndiogoye. A l’image de leurs mamans, les enfants ressentent le poids de l’enfermement.
«Au moment où je faisais ma grande enquête, il y avait un enfant qui vivait avec sa mère en prison et qui avait refusé de parler. Elle a sorti ses premiers mots lorsque sa maman a recouvré la liberté», décortique la journaliste Boury Sock, auteur d’une grande enquête sur la question publiée en 2003. Une situation compréhensible à bien des égards. «Je me souviens qu’il y avait une petite fille. A chaque fois que quelqu’un sortait, elle l’amenait avec elle. Une fois dehors, ses yeux s’illuminaient, elle n’avait plus envie de retourner en prison. Elle pleurait même», reconnait l’ancienne directrice de la prison de Liberté 6. Même après la sortie de l’enfant, le psychologue clinicien Oumou Diodio Ly Kane conseille à la famille de l’amener «de temps à autre» voir sa mère en prison.
«Cela permettra de tisser un lien affectif. Donc, à la sortie, la mère peut retrouver en toute tranquillité son enfant. Il n y a possibilité de désaffection», diagnostique-t-elle. Une prescription dont l’application pose problème. «Dès que l’enfant sort, on ne peut plus le recevoir en prison. Cela pose un peu problème par rapport à la sécurité du bébé», avoue difficilement Agnès Ndiogoye. «Soit l’enfant est retourné dans sa famille. A défaut, l’enfant et sa maman sont transférés à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Rufisque», déclare-t-elle.
«Mauvaise alimentation des enfants et de leur mère»
A Rufisque, les femmes enceintes sont placées «pendant les deux derniers mois de leur grossesse, dans un local séparé où elles resteront durant les deux mois qui suivront l’accouchement. Même après sevrage, les enfants pourront être laissés jusqu’à l’âge de trois ans aux soins de leur mère (…)», selon un décret en date du mois de mai 2001 incorporé dans le règlement intérieur de la Mac de Rufisque. «La séparation avec les autres détenues continue même après la naissance du bébé», éclaire Amy Manga, ancienne Directrice de la prison pour femmes de Rufisque. Qui se targue des mesures prises par la Direction de l’Administration pénitentiaire. Lesquelles ont eu pour effet d’anéantir les risques d’avortement, de mort-nés.
«Heureusement, nous n’avons pas connu de cas de grossesse désagréables ou d’avortements encore moins de décès», jubile Amy Manga. L’infirmière Major Fama Kane enfourche la même trompette. «Il n’y a pas eu d’avortement ni de décès. Contrairement à ce que beaucoup pensent, nous vivons en famille», estime l’infirmière. «Des partenaires tels que Tostan, Pouponnière, Sos, Unicef appuient la prison de Rufisque. Et les accouchements se font à l’hôpital Youssou Mbargane de Rufisque. Les détenues enceintes sont suivies jusqu’au terme de leur grossesse», explique le régisseur qui s’empresse d’ajouter que «stress et prison» vont de pair. «C’est normal que l’anxiété gagne les détenues en état de grossesse. Même dans sa propre chambre, on a l’impression d’étouffer a fortiori d’être dans une cellule», retient le régisseur.
Hormis l’anxiété liée au poids de l’enfermement, les détenues vivent souvent dans «la promiscuité, font face à une chaleur suffocante dans les cellules», selon la journaliste Boury Sock. «A cela, s’ajoute souvent, la propreté douteuse des lieux», ajoute l’ancienne journaliste à l’Agence de presse sénégalaise (Aps). «Donc, les enfants dont les mamans sont en prison sont souvent victimes de diarrhée et de paludisme. Ils ont une sous-alimentation, une mauvaise couverture vaccinale. Pis, il n’y a pas le minimum confort pour accueillir les nouveaux-nés en prison», déplore Boury Sock. «Au moment où je faisais mon enquête, le soir, on servait du couscous aux détenues que l’on soit enceinte ou pas. Un régime mal adapté pour la maman qui vit pour deux personnes», explique l’ancien chef de desk genre et droits humains à l’Aps. Un tableau trop sombre et «à mille lieues» du traitement des pensionnaires de Rufisque.
«J’ignore ce qui s’est passé auparavant. En tout cas, à Rufisque, les détenues disposent aussi bien d’un carnet pour la pharmacie que d’un autre pour l’hôpital. Aussi, la direction de la prison se débrouille pour leur fournir du lait et des vêtements», se braque Amy Manga, ancienne directrice de la prison de Rufisque. «Si elles sont malades et que cela est nécessaire, on les achemine à l’hôpital Youssou Mbargane de Rufisque ou au pavillon spécial de l’hôpital Aristide Le Dantec», ajoute l’infirmière major Fama Kane.
Dans le but de faire oublier le poids carcéral, les détenues simples tous comme celles qui sont en état de grossesse pratiquent la teinture, des transformations fruits et légumes. «Elles apprennent aussi le Coran ou font des cours de catéchismes», éclaire Amy Manga. «Il est vrai qu’on essaye d’humaniser la prison. Dans la journée, on essaye d’occuper les détenues en les initiant à la teinture, la coiffure…Maintenant le soir, elles se retrouvent seules dans leurs cellules, perdues dans leurs pensées. La prison est angoissante, dépérissante», décortique la psychologie clinicienne qui tente ainsi de se faire le porte-voix des détenues. «Nous faisons de notre mieux pour les aider à surmonter le poids de l’enfermement», tente de rassurer Amy Manga. Un combat perdu d’avance. Chassé par une porte, le démon du passé ressurgit par une autre issue.
L’enfant est toujours indexé du doigt. Son passé le pourchasse. «Socialement, il n’est pas reconnu. Le problème survient surtout quand l’enfant grandit. Il y a toujours des quolibets qui vont rappeler le milieu où il est né : « Il ne doit pas fréquenter mes enfants puisqu’il est né en prison ». C’est un traumatisme que l’enfant peut trainer durant toute sa vie. Ces quolibets peuvent être traumatisants pour lui et pour sa mère», diagnostique la psychologue clinicienne Oumou Dio- dio Ly Kane. Dur, dur d’être un enfant né en prison !