FEU ET FUREUR SUR TRUMP
Son fils accusé de "trahison" par un Steve Bannon obnubilé par le "vrai ennemi chinois", Ivanka Trump qui révèle les secrets capillaires de son père: le livre de Michael Wolff qui sort aujourd'hui, fourmille d'anecdotes sur l'entourage du président
Donald Trump Jr. accusé de "trahison" par un Stephen Bannon obnubilé par le "vrai ennemi chinois", Ivanka Trump qui révèle les secrets capillaires de son père: le livre de Michael Wolff ("Le feu et la fureur: dans la Maison Blanche de Trump") qui sort aujourd'hui aux Etats-unis, fourmille d'anecdotes sur l'entourage du président.
Des extraits ont été publiés mercredi par le Guardian, le Washington Post et le New York Magazine.
Ingérence russe
"Les trois personnes les plus importantes de la campagne ont pensé que c'était une bonne idée de rencontrer un gouvernement étranger dans la Trump Tower, dans la salle de conférence du 25e étage, sans avocats. Ils n'avaient pas d'avocats", explique Stephen Bannon en référence à la rencontre entre le fils aîné de M. Trump, Donald Jr., Jared Kushner, gendre et proche conseiller de M. Trump, ainsi que Paul Manafort, et l'avocate russe Natalia Veselnitskaya, le 9 juin 2016 dans la Trump Tower.
Même si vous pensez que ce n'était pas une trahison, pas anti-patriotique ou pas une connerie, et moi je pense que c'est tout cela, vous auriez dû appeler le FBI tout de suite (Steve Bannon)
L'ennemi chinois
"La Chine, c'est tout. Rien d'autre ne compte. Si on ne résout pas la Chine, on ne résout rien", raconte Stephen Bannon comparant le régime chinois à "l'Allemagne nazie" dans les années 1929-1930. "Vous allez avoir un Etat hypernationaliste et après, on ne pourra pas remettre le génie dans la bouteille".
Financement
Michael Wolff rapporte surtout une conversation entre Stephen Bannon en septembre 2016, qui estime que Donald Trump doit injecter 50 millions de dollars pour financer la campagne jusqu'à l'élection, et Jared Kushner.
- "Impossible d'avoir 50 millions à moins qu'on lui assure la victoire", répond Kushner.
- "25 millions?", tente Bannon.
- "Si on lui dit que la victoire est plus que probable".
Donald Trump a finalement prêté 10 millions de dollars à la campagne, à condition que cette somme soit remboursée dès que l'équipe de campagne aurait récolté les fonds par d'autres canaux, selon l'auteur.
Aucune chance
Melania Trump demande à son mari ce qu'il compte faire en apprenant que le New York Post a des photos d'elle nue, datant de sa période de mannequinat. "Il lui dit, attend encore un peu. Tout serait fini en novembre. Il a donné à sa femme un garantie solennelle: il n'y avait simplement aucune chance qu'il gagne".
Soir de victoire : Melania en larmes
Un peu après 20H00 le soir de l'élection, quand la tendance inattendue - Trump pourrait finalement gagner - semble se confirmer, Don Jr. a dit à un ami que son père, ou DJT comme il l'appelle, ressemblait à quelqu'un ayant vu un fantôme. Melania était en larmes - mais pas de joie".
"Vous ne pouvez pas embaucher vos enfants"
"Tôt dans la campagne, Sam Nunberg est allé expliquer la Constitution au candidat. 'Je suis allé jusqu'au 4e amendement', se souvient Nunberg, "avant que son doigt tombe sur ses lèvres et que son attention se perde".
Le président élu souhaite embaucher son gendre, Jared Kushner, comme chef de cabinet. "Finalement, Ann Coulter a pris le président à part. 'Apparemment personne ne vous l'a dit mais vous ne pouvez pas. Vous ne pouvez pas embaucher vos enfants'".
Secrets capillaires
Ivanka Trump révèle à ses amis l'origine de la chevelure blonde de son père: "Un dessus de crâne chauve absolument propre - une petite île limitée grâce à une opération du cuir chevelu - entouré par un cercle de cheveux devant et sur les côtés, qui sont lissés pour couvrir le dessus et tenus avec une laque forte. La couleur, dit-elle dans un effet comique, vient du produit de coloration Just for Men - qui noircit à mesure qu'on la garde. C'est l'impatience qui rend ses cheveux blond-orangé."
Régime alimentaire
Selon Michael Wolff, Donald Trump "avait peur depuis longtemps d'être empoisonné". L'une des raisons pour lesquelles il aimait manger chez McDonald's était que "personne ne savait qu'il venait et la nourriture était préparée en toute sécurité".
À PROPOS DE MICHAEL WOLF
Le journaliste américain Michael Wolff est un habitué des controverses et son livre "Le feu et la fureur: dans la Maison Blanche de Trump" provoque depuis mercredi une tempête politique à Washington.
L'éditorialiste multicarte (Hollywood Reporter, Vanity Fair, New York Magazine...), âgé de 64 ans, affirme avoir gravité pendant 18 mois autour de la galaxie Trump, de la campagne présidentielle à la Maison Blanche, et interrogé "plus de 200" personnes, du président à ses proches collaborateurs.
Après l'élection surprise du candidat républicain, qu'il avait interviewé en juin 2016, il demande à Donald Trump un accès à la Maison Blanche, que le président élu ne lui refuse pas. Le journaliste devient alors "une mouche sur le mur", se fondant dans le décor. Il fait le trajet New York-Washington chaque semaine pour devenir un habitué de l'aile Ouest, compilant dans son livre confidences des conseillers de la présidence et anecdotes croustillantes.
L'une d'elles, publiée mercredi par le quotidien britannique The Guardian, a déclenché les foudres du président américain. Dans un communiqué vengeur, il a accusé son ancien conseiller Stephen Bannon d'avoir "perdu la raison" pour avoir estimé que son fils aîné Donald Trump Jr. avait commis une "trahison" en rencontrant une avocate russe offrant des informations compromettantes sur Hillary Clinton.
Natif du New Jersey mais installé de longue date à New York, Wolff est le double lauréat du prix National Magazine, section commentaire (2002 et 2004). Son livre le plus connu, sorti en 2008, est consacré à un autre magnat, Rupert Murdoch ("The man who owns the news").
- 'Omniscience' -
En 2004, un portrait dans le magazine New Republic évoque un personnage "en partie éditorialiste mondain, en partie psychothérapeute, en partie anthropologue social (qui) invite les lecteurs à être une mouche sur le mur du premier cercle des magnats".
Mais sa narration, basée sur des conversations ou des informations obtenues de source indirecte, ont semé le trouble et provoqué des réactions furieuses.
"Historiquement, l'un des problèmes avec l'omniscience de Wolff est que même s'il peut tout savoir, il a parfois tout faux", écrivait le critique littéraire David Carr dans le Washington Post en commentant le livre sur Murdoch.
La journaliste britannique Bella Mackie, ancienne du Guardian, a estimé sur Twitter que son nouveau livre sur la Maison Blanche était "très divertissant" avant toutefois de mettre en garde que "si vous connaissez bien MW vous l'apprécierez mais ne prendrez pas tout pour argent comptant".
La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a fustigé le contenu du livre, affirmant qu'il contenait "beaucoup de choses complètement fausses", assurant que Michael Wolff n'avait eu qu'une "brève conversation" téléphonique de 5 à 7 minutes avec le président depuis son investiture et qui n'avait "rien à voir" avec la présidence.
M. Trump, par la voix de ses avocats personnels, a demandé jeudi à M. Wolff et au responsable des éditions Henry Holt et Cie la non-publication du livre, qui doit sortir le 9 janvier, menaçant de les poursuivre pour diffamation, atteinte à la vie privée et malveillance.
Ils se basent notamment sur l'introduction du livre, où Michael Wolff admet que "beaucoup d'informations sur ce qu'il s'est passé à la Maison Blanche de Trump sont contradictoires; beaucoup, dans le style trumpien, sont simplement fausses". Ces contradictions ou cette prise de liberté avec la vérité constituent "le fil" du livre, dit-il, ajoutant avoir publié "le version des évènements que je croyais vraie".