LE CRÉPUSCULE COMBATIF DU PAPE FRANÇOIS
Le pape François refuse de voir son autorité diminuer avec sa santé. Après avoir "frôlé la mort à deux reprises", le pontife multiplie les apparitions publiques et les décisions importantes, contrant ainsi les rumeurs d'une succession imminente

(SenePlus) - Malgré une santé fragile qui l'a obligé à alléger considérablement sa participation aux célébrations pascales, le pape François, 88 ans, montre sa volonté de rester maître de son pontificat. Comme le rapporte Le Monde dans son édition du 20 avril 2025, le souverain pontife "entend rester souverain en son royaume et seul maître du calendrier".
Dimanche 20 avril, alors que la messe pascale se déroulait sans lui sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, le pape recevait le vice-président américain J.D. Vance dans ses appartements. Un choix de timing significatif puisque, selon Le Monde, c'est "durant cette messe, l'un des moments les plus sacrés de l'année pour les chrétiens, que les services du Saint-Siège ont choisi de diffuser un communiqué pour annoncer cette 'rencontre privée de quelques minutes'".
Après la célébration, François est apparu brièvement au balcon de la basilique, visiblement affaibli. "Chers frères et sœurs, joyeuses Pâques", a-t-il simplement pu prononcer "dans un souffle" devant les 35 000 fidèles rassemblés. La traditionnelle bénédiction urbi et orbi a dû être lue par l'archevêque Diego Ravelli.
Moins d'un mois après sa sortie de l'hôpital Gemelli, où il a "frôlé la mort à deux reprises, de l'aveu de son propre médecin", le pape multiplie les apparitions publiques. Dimanche encore, après son bref message, "il s'est offert un bain de foule, parcourant pendant une quinzaine de minutes les allées de la place à bord de sa 'papamobile'".
Pour les observateurs cités par Le Monde, cette omniprésence vise à contrer les spéculations sur sa succession. Dès 2024, François écrivait dans son autobiographie : "Pour revenir à mes hospitalisations, elles m'ont donné beaucoup de matière à réflexion, mais pendant ce temps, certains se sont davantage intéressés à la politique, à mener une campagne électorale, pensant presque à un nouveau conclave."
"S'il veut éviter que la fin de son pontificat soit polluée par ces sujets, il doit occuper le terrain", analyse un observateur du Vatican dans les colonnes du quotidien français.
Le pape François se trouve aujourd'hui face au même dilemme que ses prédécesseurs : "voir son autorité s'effilocher en même temps que sa santé, ou renoncer". La question est d'autant plus délicate que, comme le souligne le quotidien français, "le pape a exercé, durant son pontificat, un pouvoir extrêmement personnel".
Pour l'heure, selon des sources vaticanes, "la curie fonctionne principalement par inertie, dans la continuité des décisions prises ces derniers mois". Mais si le pape souhaite "continuer à s'impliquer dans le détail des dossiers, il va devoir déterminer ses priorités".
L'une d'entre elles semble être le synode sur l'avenir de l'Église, "qui vise à rendre le fonctionnement de l'Église plus inclusif et plus ouvert (aux laïques et aux femmes en premier lieu)" et dont le calendrier, s'étendant jusqu'en 2028, a été détaillé par écrit par le pontife alors même qu'il était encore hospitalisé.
Le pape montre également "une impatience parfois troublante", comme en témoigne la publication le 15 avril d'une réforme de la formation des nonces apostoliques, un sujet qui "devait être tranché dans le cadre du synode". Une précipitation que résume un observateur cité par Le Monde : "Il est pressé".