EL HADJI AMADOU DIA BA APPELLE A L’UNITE
Présidence de la fédération sénégalaise d’athlétisme
Alors qu’il fait l’objet d’attaques tous azimuts par ses adversaires, notamment sur ses capacités à présider aux destinées de l’athlétisme sénégalais, El Hadji Amadou Dia Bâ, candidat à la succession de Momar Mbaye, le 16 décembre prochain, appelle à l’unité et à la recherche d’un consensus pour dit-il, que la famille de l’athlétisme ne se divise pas davantage.
El Hadji Amadou Dia Ba, vous êtes candidat à la Fédération sénégalaise d’athlétisme. Qu’est-ce qui motive votre candidature ?
Avant tout, cette motivation est née pour une seule chose : servir l’athlétisme, lui donner ce qu’il m’a donné et permis de devenir. Ma candidature est portée par un collectif. C’est comme un challenge. Dans ce collectif où tout le monde est éligible, j’ai été néanmoins choisi pour mener ce collectif à la présidence de la Fédération sénégalaise d’athlétisme. Pour ce faire, un canevas a été mis en place pour nous aider à propulser l’athlétisme au Sénégal.
Quelles sont les grandes personnalités qui soutiennent votre candidature ?
Comme je vous l’ai dit plus haut, nous avons un collectif. Celui-ci compte des athlètes pratiquants, d’autres qui ont arrêtés leur carrière sportive depuis longtemps. Il y a aussi des responsables des ligues et des clubs qui nous soutiennent. Mais, sachant que ce sont les clubs qui votent, nous avons sillonné une bonne partie du territoire sénégalais pour présenter notre programme à ces clubs et aux présidents de Ligue. Ce collectif est dirigé par Amy Mbacké Thiam (ancienne championne du monde en 2001 à Edmonton au Canada, Ndlr) et moi-même en collaboration avec les grands champions sénégalais qui se trouvent à la fois au Sénégal et dans toute la diaspora.
Et en quoi consiste ce programme concrètement ?
Bonne question ! On a d’abord fait l’état des lieux de l’athlétisme à l’heure actuelle au Sénégal pour pouvoir le mener de l’avant. Et nous nous sommes rendus compte de notre culpabilité, de notre responsabilité par rapport à tout ce qui se passe dans l’athéisme. Alors, nous avons estimé qu’en premier lieu, nous devrions s’inscrire dans un souci de bonne gouvernance qui est fondamental. On a vu comment les fédérations internationales tremblent en ce moment dans le monde. C’est parce qu’à la base, il y a un problème de bonne gouvernance. C’est pourquoi, nous proposons la formation. Car, il faudrait former les initiateurs, les entraîneurs pour les clubs. C’est ce dont nous manquons. Parallèlement, on s’est dit qu’il faudrait travailler à massifier. Ce, en vue d’attirer plus de sponsors et aussi pour plus de compétitions et surtout on doit veiller à ce que l’athlétisme soit davantage pratiqué au Sénégal. C’est ce que nous voulons. Nous cherchons également les moyens. Il faut se battre ensemble pour que l’athlétisme sénégalais retrouve ses lettres de noblesse ; qu’il n’ y ait de menaces de perdre le meeting de Dakar qui a intégré le World Challenge de l’IAAF. Nous allons aussi nous battre pour arrêter l’hémorragie des fuites de talent avec les changements de nationalité de nombres de nos athlètes. C’est pourquoi, j’appelle tout le monde à l’unité. Nous avons de bonnes opportunités puisque nous avons une fédération dirigée par le président Momar Mbaye et son staff pendant un moment. Il a dirigé notre fédération pendant presque dix sept années ; avec des hauts et des bas. On ne peut que lui tirer notre chapeau. Je pense comme nous tous d’ailleurs, qu’il a du mérite pour ce qu’il a fait à la tête de cette fédération, même si les résultats escomptés n’ont pas été obtenus. Il y a un socle déjà.
Pensez avoir gagné la confiance des clubs et des ligues qui sont les «électeurs» ?
Avec notre programme, on a fait un peu le tour du Sénégal. On a fait les 14 ligues et par la même occasion on a rencontré tous les clubs. Nous leur avons exposé notre programme tout en sachant que d’autres candidats ont aussi leurs programmes à proposer. En revanche, il nous reste trois ligues à savoir Ziguinchor, Sédhiou et Kolda. Nous comptons nous y rendre demain (ce vendredi, Ndlr) et le week-end. Mais en attendant, ils ont déjà reçu notre programme et nous espérons que leur choix portera sur les programmes et non sur les personnes.
Sur ce, vous faites face à deux adversaires, Sara Oualy et Cheikh Tidiane Boye. Quelle stratégie adopteriez-vous pour remporter cette élection ?
Il n’y a pas à proprement parler de stratégie ! Si on va jusqu’aux élections, il y aura encore des déchirements, des frustrations. Voilà pourquoi, nous cherchons à nous réunir autour d’un idéal pour que l’athlétisme retrouve son lustre d’antan au Sénégal. Par conséquent, nous devrions avoir une unité pour relever les nombreux défis et surtout faire en sorte que le Président Momar Mbaye puisse partir la tête haute ; pour qu’il ait une sortie digne de son rang pour son ouvrage à l’édifice de l’athlétisme. Donc, si son départ devrait se dérouler avec des tiraillements, on ne l’honorerait pas. En ce sens, notre collectif appelle les autres candidats, mes jeunes frères Sara Oualy et Cheikh Tidiane Boye à faire en sorte que les élections se déroulent paisiblement. Parce qu’en définitive, nos trois programmes réunis ne pourraient être que profitable à l’athlétisme. En un mot, nous devons bien nous comporter.
Quels sont vos relations avec le Comité Olympique et sportif sénégalais ?
En fait, le Comité Olympique est la mère de toutes les fédérations. Moi, j’en suis un membre aux côtés du président Mamadou Diagna Ndiaye. Tout le monde sait que sous son magistère, il a réussi à fédérer le mouvement sportif. Même le résultat du football actuellement avec cette qualification à la coupe du monde porte en quelque sorte son empreinte. C’est lui quand même qui a normalisé le football avec le CNF. Mieux, il a beaucoup participé à la bonne collaboration entre le ministère des Sports et le CNOSS. C’est à cette union qu’aspirent vraiment les présidents Diagna Ndiaye, Momar Mbaye et tout le bureau du comité directeur pour qu’on puisse travailler solidairement.
Et c’est cette solidarité qui doit prévaloir pour éviter que CNOSS soit appelé à gérer des litiges. Nous devons donc montrer l’exemple au sein de notre fédération d’athlétisme.
D’aucuns estiment que vous vous sentez orphelin de Lamine Diack. Parce que s’il avait été là, on n’aurait déjà trouvé un consensus. Est-ce le cas ?
Lamine Diack a toujours prôné pour un consensus. La même chose s’est révélée il y a quelques années quand tout le monde souhaitait le départ de Momar Mbaye. Mais le président Lamine Diack est intervenu. On était restés dans le bureau même de Momar Mbaye pour s’expliquer. Tous disaient : «Dia Ba, tu dois être le président». L’assemblée m’était favorable à l’époque. Mais, personnellement j’ai dit à Momar (Mbaye), «tant que tu resteras ici, je ne me présenterai jamais contre toi.» On a fini par trouver un consensus. Par la suite, Momar (Mbaye) a continué grâce au président Lamine Diack. Il n’y avait pas d’élections, tout tournait autour de discussions pour trouver des consensus. C’est pour vous affirmez que nous nous sentons un peu orphelin du président Lamine Diack.
L’ancien président de la FSA, Abdoul Mbaye a décidé soutenir une autre candidature que la vôtre. Cela ne vous surprend-il pas ?
C’est vrai qu’il a été président de la Fédération d’athlétisme. Mais, vous êtes des journalistes, faites vos investigations pour savoir ce qu’il a réellement fait ou apporté au niveau de cette fédération. Il est libre quand même de soutenir qui il veut. Il a en effet porté son choix sur Cheikh Tidiane Boye. Toutefois, je pense qu’il n’est ni électeur encore moins éligible. C’est un choix qui lui est propre. Je ne dirai pas plus. Toutefois, je crois qu’il aurait dû adopter la posture de sagesse comme celle de Mamadou Diagna Ndiaye, qui, nonobstant nos relations, a préféré garder sa neutralité. Mieux, il appelle à l’unité. Il se bat pour qu’on puisse trouver un consensus pour ne pas aller à des élections qui pourraient davantage diviser la famille de l’athlétisme.
L’évocation de votre nom rappelle de bons souvenirs au Sénégal avec la médaille olympique obtenue à Seoul aux JO de 1988. Une telle légitimité historique suffit-elle pour autant pour diriger une fédération ?
Cela peut suffire à faire ma promotion. Parce que j’ai toujours été dévoué à la cause de l’athlétisme. J’ai fait beaucoup de choses pour ce sport. D’abord, j’ai été athlète, ensuite entraîneur et après manager avec le Centre régional de développement (CRD/IAAF). Je suis dans les instances de l’ACNOA, de la Confédération africaine d’athlétisme (CAA) et au niveau du CIO en tant que vice-président de l’association mondiale des olympiens. Par conséquent, il est tout à fait naturel, avec tous ses atouts, que je me présente en tant que candidat pour diriger la fédération de mon pays. Mais, et à juste raison, certains disent que ce n’est pas parce qu’on a été un bon athlète qu’on puisse devenir forcément un bon dirigeant. Certes ! Toutefois, tout est à relativiser. Parce que j’ai mes diplômes de professorat de sport, j’ai mes diplômes d’entraîneurs en athlétisme. Et j’ai aussi fait mes preuves, en tant qu’athlète et en tant qu’entraîneur. En effet, j’ai amené l’équipe du Sénégal du 4×4 à la quatrième aux Jeux olympiques d’Atlanta et aux championnats du monde. Ensuite, j’ai été en Arabie Saoudite où j’ai eu un athlète qui s’est classé deuxième aux JO de 2000 à Sidney. En 2001, j’ai eu un junior, champion du monde en moins de 44 secondes. Après cela, je suis revenu au Sénégal et je me suis consacré au management avec le CRD/IAAF.
Un centre régional de développement de 25 pays francophones et lusophones. Je disais qu’il faut relativiser. Si certains athlètes n’ont pas réussi, d’autres autres de très haut niveau l’ont réussi. Je peux citer en exemple de en Ethiopie, de Laura Flessel en France, de Nawal El Mountawakel au Maroc, Georges Weah au Libéria, Kalusha Bwalya en Zambie. Si eux, ont réussi dans leur pays, pourquoi, nous, on échouerait au Sénégal.