PEUT-ON PENSER LA POLITIQUE EN INTERIORITE ?
Tel est le questionnement de Sylvain Lazarus, auteur du livre ‘’L’intelligence politique’’, Paris, Al Danté, 2013, lors de la présentation dudit livre au siège du West African Recherche Center (Warc) ou encore Centre de Recherche Ouest Africain (Croa) hier lundi. L’auteur, Sylvain Lazarus, anthropologue français, né en 1943 et actuellement professeur à l'université Paris VIII et co-fondateur de l'Observatoire international des banlieues et des périphéries, a publié dans cette ouvrage des textes et des conférences qu’il a prononcé de 1978 à 2004 sur des questions de politique vu à partir de cette pratique de militant.
Lors de la présentation de son livre «L’intelligence politique », hier au siège du Warc, l’auteur, Sylvain Lazarus est revenu sur un certain nombre de questions qui ont été traité dans son ouvrage. Ainsi se basant sur les différents textes et conférences prononcés depuis 1978 à 2004, Lazarus déclare «Ce sont des textes et des conférences que j’ai prononcé depuis 1978, pour le premier et 2004 pour le dernier. Ce sont des textes de militant sur la question de la politique vu à partir de ces pratiques de militant et dans l’idée qu’aujourd’hui on peut penser la politique à partir d’elle-même et non pas à partir de la philosophie, de l’économie, du droit ou d’autre disciplines encore».
Sylvain Lazarus de renchérir «l’enjeu c’est, est ce qu’on attribut aux gens la possibilité, dans certains cas, de penser par eux même des propositions, des actions, des objectifs, qui relèvent de la politique et qui est une pensée propre à eux de la politique qui ne soit pas celle des institutions, de l’Etat, des partis ? C’est ce que j’appelle la politique en intériorité ».
Revenant sur la connotation péjoratif que certains se font du politique, Sylvain Lazarus, militant engagé depuis 1968, déplore « On reproche le plus souvent aux gens une fois élus d’être ailleurs, mais c’est par ce que les institutions sont réellement ailleurs. La logique des institutions étatique n’est pas d’intérêt général. Elle n’est pas de répondre qu’est ce qui est possible pour les gens. Cette logique est considérée de plus en plus par les gens comme ailleurs, les partis travaillent pour eux, les institutions travaillent pour elles. Depuis quelques temps, et dans tous les pays, c’est la même chose, l’Etat est séparé des gens et sa logique n’est pas à compter tout le monde»
Pour réduire le faussé qui sépare l’Etat du peuple et penser la politique autrement, l’anthropologue non moins enseignant préconise «de travailler avec les mouvements, dans les situations et savoir que là des choses nouvelles émergent avec le temps ensuite l’avenir nous dira. L’avenir est du coté des gens, du peuple sous condition qu’il y ait un travail où les gens se réunissent pour dire ce qui est possible, c’est ce que j’appelle prescription».
Par ailleurs, Bouba Diop, historien et homme multidimensionnel, en contribution à la présentation du livre de Sylvain Lazarus, déclare « Le livre permet surtout de mesurer l’itinéraire intellectuel et politique de l’auteur qui depuis les années 60 analyse des dynamiques anthropologiques et participe aux luttes politiques en France, au Portugal, en Pologne, en Allemagne, au Brésil et au Sénégal». `Revenant sur les différents thèmes traités dans le l’ouvrage, à savoir : «qu’est ce qu’une politique marxiste», «Lénine et le Temps», « Peut-on penser la politique en intériorité ? » ou encore «Les trois régimes du siècle » Bouba Diop, ancien médiateur à l’Université Cheikh Anta Diop, déclare que tout cela «permet de comprendre la posture et le praxis de l’auteur»
Se référant sur certains extraits du livre «Intelligence politique», Bouba Diop, tire un enseignement «L’auteur nous invite à bien analyser les séquences historiques et utilise à bon escient les contributions de l’école des annales avec comme chef de fil Brandel dans l’appréhension du capitalisme et de sa singularité, celle du capital, de la loi, de la valeur, de la convertibilité des monnaie et des bourses. Marx et Keynes sont les deux grands théoriciens de la singularité du capitalisme (op cit p.284)».
Par conséquent, pour penser la politique autrement, Bouba Diop, cite Sylvain Lazarus « Il faut pragmatiquement changer de registre et de problématique. La décision pure et l’éventualité d’une puissance alternative désignent la nécessité de ce changement de registre. On est convié à inventer une politique de puissance sans Etat, sans parti, sans cette démocratie là » (op cit p.334)