PRÉSENTATION DECALÉE DES 23 LIONS

Khadim Ndiaye est le prototype du gardien spécial, cette identité remarquable qui ajoute de la fantaisie dans une équipe, acteur situé quelque part entre René Higuita et Robert Kidiaba. Abdoulaye Diallo est aussi sérieux que Khadim est fantasque. Pas forcément plus fort, il rassure et permet, quand il joue, d'éviter les risques d'arrêts cardiaques que Khadim a le don de provoquer chez les vieux fous de foot. Alfred Gomis est le présent le plus absent de la liste, n'est ce pas le lot de tous les troisièmes gardiens ?

Lamine Gassama possède l'incontournable profil du joueur dont, dans toute équipe nationale qui se respecte, les fans doutent de la pertinence de la sélection. Saliou Ciss est celui qui réussit la prouesse de rendre Gassama sympathique. Moussa Wagué est l'éternel jeune espoir qui tarde à confirmer le bien qu'on pense de lui. Youssouf Sabaly rappelle Oumar Daf, les vrais savent.

Kara Mbodj n'est pas le défenseur le plus doué de sa génération mais clairement celui qui se sublime le plus lorsqu'il enfile le maillot national : "Kara fep, Kara partout". Les performances de Salif Sané nous font presque pardonner les errements, en son temps, de son frère Lamine (d'ailleurs il devient quoi lui ?), bref la fable de La Fontaine "si ce n'est pas toi, c'est donc ton frère", mais à l'envers. Kalidou Koulibaly est un cadeau inespéré, il aurait pu être le patron de la défense de son pays de naissance, la France, il a choisi le pays de ses racines et Didier Deschamps n'a pas fini de le regretter.

Cheikhou Kouyaté est l'autre profil incontournable, celui dont on ne sait pas trop à quel poste il est meilleur, en défense ou au milieu, souvent moyen, rarement transcendant. Gana Gueye est le joueur dont on attend trop et qui donc déçoit souvent, le Pogba sénégalais en quelque sorte.

Pape Alioune Ndiaye ne fait jamais de mauvais matches, pas de très bons non plus, ce qu'on appelle ici un bon joueur. Cheikh Ndoye, on ne peut s'empêcher de se dire qu'il aurait plus sa place dans une arène, puis on se rappelle son magnifique but chez nos frères capverdiens et notre regard sur lui s'attendrit. Alfred Ndiaye est la belle surprise, avec lui on passe de "mais qu'est ce qu'il fait là ?" à "heureusement qu'il est là, le Paulinho du pays de la Teranga.

Ismaila Sarr file tout droit, se fait découper, nous fait peur, se relève, boitille, sort, a le bon goût de mettre un but ou de délivrer une passe décisive entre temps ; il a inventé un nouveau type d'athlète : le joueur kamikaze. Diao Baldé, c'est Gana Gueye mais en version attaquant formé à la Masia, on en attend encore plus, il déçoit donc plus encore. Dans un film de Garry Marshall (ou un autre) Mbaye Niang serait le gars que la fille déteste parce qu'il est arrogant, grande gueule etc., et dont elle finit par tomber amoureuse, elle s'était trompée sur son compte en fait. Mame Biram Diouf occuperait le poste d'arrière droit si Pep Guardiola était le coach de cette équipe.

Moussa Sow, c'est Amara Traoré en 2002. Diafra Sakho c'est l'attaquant de pointe qui se prend trop souvent la tête à deux mains. Moussa Konaté est le compagnon d'infortune de Diafra, il ne veut pas lui piquer la place, du coup il fait pareil. Sadio Mané est l'éclaircie, le monsieur plus, celui qui fait que tout soit possible avec cette équipe y compris l'exploit retentissant.

Racine Assane Demba tiendra cette chronique sur SenePlus, le temps de la Coupe du monde de football en Russie. À l'improviste, il partagera ses avis, analyses, coups de cœur.