TÉMOIGNAGES POIGNANTS DES VICTIMES DE VIOLENCES SEXUELLES
La maison rose de Guédiawaye accueille des jeunes filles en situation difficiles - Grâce à des éducateurs spécialisés pour un accompagnement psychosocial, elles parviennent à sortir de cette mauvaise passe et de retrouver les siens
La maison rose de Guédiawaye accueille des jeunes filles en situation difficiles dont la plupart ont été victimes d’abus sexuels avant d’être chassées par leurs parents. ces dernières séjournent dans ce centre mis en place par l’ONG Enivers-elle, le temps de traverser cette mauvaise pente et de retrouver les siens. La section féminine nationale de la Cojer leur a rendu visite.
Dans le cadre de ses activités sociales, la section féminine nationale de la Convergence des jeunesses républicaines (Cojer) s’est donnée rendez-vous, ce samedi, à la maison Rose de Guédiawaye pour apporter sa contribution aux filles pensionnaires dudit centre. Ce centre a été mis en place depuis sept ans par l’Ong «Uni-vers-elle» pour accueillir exclusivement des personnes de sexe féminin victimes de violences faites aux femmes et qui sont en situation de rupture partielle ou totale avec leurs familles.
Ainsi, grâce à des éducateurs spécialisés pour un accompagnement psychosocial, elles parviennent à sortir de cette mauvaise passe et de retrouver les siens. A l’image de l’Etat qui fait des pas essentiels pour que les enfants soient pris en charge à travers des dispositifs mis en place, l’Ong «Univers-elle» s’inscrit également dans cette lancée. En tout cas, le travail du centre se fait sentir par la capacité de résilience de ses pensionnaires. En effet, ces dernières, désemparées à leur arrivée, parce que victimes d’abus sexuels, de violences ou d’exclusion, ont fini par se forger une autre personnalité, à conter leurs mésaventures en public et devant leurs camarades. Ce, grâce à l’encadrement des travailleurs spécialisés.
Désormais, très sûres d’elles, alors qu’elles sont mères, pour la plupart avant l’âge adulte, le partage d’expériences douloureuses fait désormais partie de leur quotidien. Que de récits poignants qui font parfois froid dans le dos. Les femmes de la Cojer auditrices, le temps d’une matinée de ces histoires, ont craqué devant le sort pas envieux de leurs sœurs.
Première à se lancer dans cette épreuve, la jeune fille A. D, âgée de 18 ans et déjà mère d’un bébé de sept mois. Une grossesse qui a été le fruit de son comportement de «mauvaise fille indisciplinée et violente». Une mauvaise réputation qui l’a fait quitter son père vivant à Kaolack pour rejoindre sa grand-mère à Kolda, avant d’atterrir à Dakar chez sa mère. Et, c’est celle-ci qui l’a mise à la porte lorsque la grossesse a été découvert. Toute seule, elle a trainé dans les rues de Dakar avant d’atterrir à la maison Rose. Aujourd’hui, elle s’est débarrassée de ses habits de «mauvaise fille» pour devenir une jeune fille respectueuse. Un changement radical qui a surpris sa mère. Interpellée sur les raisons d’un tel comportement, elle révèle avoir grandi «dans la violence». Ce qui fait dire au responsable de la maison Rose que la jeune A. D. est victime de «la reproduction des stéréotypes».
A sa suite, F. D. mère de deux enfants s’est adressée aux visiteurs pour partager son expérience. Si la première fille a été victime de ses errements sexuels, F. D. pour son premier enfant a été victime de viol. Un viol aux allures d’inceste dont l’auteur n’est personne d’autre que son père adoptif. Cependant, en plus d’avoir subi les assauts sexuels du maître de maison, elle fera l’objet de maltraitance de toutes sortes de la part de son bourreau sexuel. C’est dans ce climat invivable qu’elle donna naissance à son premier enfant.
Loin de connaître un répit, elle sera tout simplement mise à la porte par son père adoptif, le papa de son nouveau-né, sous prétexte qu’elle était devenue majeure et pouvait voler de ses propres ailes. Seule sa grand-mère compatissait à son sort. D’ailleurs, elle a été accueillie par la vieille dame qu’elle aidait à écouler les cacahuètes. Devenue stable, elle s’est engagée, cette fois-ci, dans une relation amoureuse avec un «garçon de son âge» qui a juré de la respecter, de l’aimer et de l’assister dans cette épreuve difficile très pesante sur ses frêles épaules. Au bout du compte, c’est une seconde grossesse qui se pointe. L’auteur assume la paternité et son père promet de marier les deux tourtereaux à la naissance de l’enfant. Cependant, après le baptême, le pater du petit ami de F. D. change de fusil d’épaule et refuse de sceller le mariage arguant que son fils est encore… un «gamin». C’est à la suite de cette seconde épreuve qu’elle sera orientée à la maison Rose. Aujourd’hui, cette jeune mère se bat contre les vicissitudes de la vie.
Néanmoins, elle n’a pas manqué d’assumer ses erreurs lors de sa seconde grossesse devant ses camarades pensionnaires et devant les femmes de la section féminine de la Cojer. «La seconde grossesse, c’est ma faute, je l’assume», lance-t-elle, persuadée que cette aventure ne risque pas de se répéter dans l’avenir. D’autres tableaux, aux contenus aussi poignants que douloureux ont été également exposés par les pensionnaires.