LA PRESSE SE SOUVIENT DU JOOLA
La plupart des journaux parus mercredi traitent, pour l’essentiel, du 16ème anniversaire du naufrage du bateau « Le Joola » reliant Dakar à Ziguinchor (sud) et qui avait fait près de deux mille morts
« Seize ans après le naufrage – Le Joola, la plaie a du mal à se cicatriser », barre à sa Une Le Soleil. Le quotidien national, consacrant un dossier à ce drame considéré comme « la plus grande tragédie maritime de l’histoire en temps de paix », informe que « seules 64 personnes (y ont) survécu ».
Dans les colonnes dudit journal, la parole est donnée aux rescapés dont Mariama Diouf « enceinte de quelques semaines à l’époque ». La miraculée raconte : « le naufrage du bateau a eu lieu en cinq minutes. Il y a eu des secousses, les lumières se sont éteintes, puis l’eau est entrée dans le bateau. Je me suis retrouvée dans l’océan à nager pour survivre car ceux qui ne savaient pas nager, s’agrippaient sur tout ».
Comme en a décidé le destin, cette Léboue (ethnie de pêcheurs) de Yène (périphérie de Dakar) a eu la vie sauve. D’ailleurs, Mariama Diouf mettra au monde une fille nommée Rokhaya Faye alias Bébé Joola. Devenue adolescente, elle décline ses ambitions : « les études sont importantes pour moi. Je rêve de devenir policière ».
Tirant un bilan, Vox Populi affirme que les familles des victimes ont passé « 16 années d’amertume ». Pour Idrissa Diallo, membre du Comité d’initiative pour l’érection du mémorial pour les victimes du bateau «Le Joola», « les choses les plus essentielles sont sans début de solution. Il s’agit du renflouement du bateau par devoir de mémoire et de la lumière sur la tragédie ».
Cela fait dire au journal Le Quotidien que « le Joola (est) dans les abysses de l’oubli », soulignant que c’est une « énième commémoration dans l’insatisfaction » des rescapés et des familles des victimes.
Pour sa part, Sud Quotidien s’intéresse aux « promesses non tenues (par l’Etat) et aux avancées ». Ledit journal indique que « l’allocation mensuelle destinée aux pupilles de la Nation (enfants orphelins après le naufrage) » a été revue à la hausse.
Enfin, Les Echos ont mené l’enquête sur l’utilisation de l’indemnisation par les familles des victimes. Mamadou Diatta, un des bénéficiaires avoue qu’il « a ouvert une boutique qui est (actuellement) en faillite ». Le sieur M. D dit avoir « épousé deux femmes qui (l’ont) quitté quand l’argent est fini ».