LA GOUVERNANCE EN AFRIQUE RESTE EN-DEÇA DES ATTENTES DE LA JEUNESSE
Rapport Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique 2018
Le rapport de l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) 2018 rendu public hier, révèle que beaucoup de gouvernements ont échoué à convertir la croissance économique de leur pays en développement économique durable pour leurs concitoyens. D’après le rapport, la gouvernance en Afrique reste en-deçà des attentes de la jeunesse malgré la forte croissance du PIB. La situation de l’éducation et la restriction du champ d’action de la société civile reste préoccupantes.
La cadence de progression de l’Afrique en matière de gouvernance est insatisfaisante. C’est du moins ce qui ressort du rapport de l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) 2018. L’étude qui été rendue publique à Londres montre que les progrès de la gouvernance sur le continent africain restent en deçà des attentes d’une population fortement croissante et de plus en plus jeune. Le document renseigne que le niveau de Gouvernance globale en Afrique maintient une tendance moyenne à l’amélioration au cours de la décennie écoulée. Seulement, relève-t-on, la décennie passée de forte croissance du PIB pour le continent africain ne s’est traduite par aucune perspective économique pour une jeunesse explosive. En effet, il est constaté que «trop de gouvernements ont échoué à convertir la croissance économique de leur pays en développement économique durable pour leurs concitoyens». Car, indique-t-on, «depuis 2008, le score moyen de l’Afrique en matière de Développement économique durable n’a progressé que de + 0,1 point, soit + 0,2%, tandis que, sur la même période, le PIB du continent enregistrait une croissance de près de + 40,0%. La progression moyenne du continent en matière de Développement économique durable pour ses citoyens s’avère donc quasi nulle, et cette catégorie reste à la fois la moins performante et la plus lente à progresser de tout l’IIAG».
En plus, il s’avère que la corrélation entre le PIB d’un pays et son score en matière de développement économique durable est faible. La preuve, en 2017, quatre des dix pays ayant le PIB le plus élevé du continent réalisent un score inférieur à la moyenne continentale en matière de développement économique durable et se situent dans la moitié inférieure du classement africain. La situation des entreprises n’est pas reluisante, selon les rédacteurs du rapport l’indice Ibrahima. «La trajectoire de la performance continentale en matière d’Environnement des entreprises est préoccupante. La détérioration de presque -5,0 points au cours de la décennie écoulée est alarmante, face à une croissance attendue sur le continent de près de + 30,0 % de la population en âge de travailler (15-64 ans) au cours des dix prochaines années», indique la même source. Pourtant, d’après le rapport, plus de 750 millions d’Africains vont venir grossir la demande d’emplois, dans un contexte où, sur dix ans, le progrès en matière de développement économique durable est quasiment nul. Selon les statistiques, l’indicateur satisfaction publique en matière de création d’emplois a perdu -3,1 points, et l’indicateur mesures en faveur de l’insertion socio-économique des jeunes - 2,3 points.
L’EDUCATION ENREGISTRE UNE REGRESSION PREOCCUPANTE
L’éducation est préoccupante en Afrique d’après le rapport. Car, si les progrès enregistrés en termes de développement humain constituent un des résultats les plus positifs de l’IIAG 2018, la stagnation déjà enregistrée l’an dernier en matière d’éducation s’est désormais transformée en déclin. Ainsi, au cours de ces cinq dernières années, les scores en matière d’Éducation se sont détériorés pour la moitié des pays du continent (27), ce qui signifie que pour plus de la moitié de la population africaine (52,8 %), les résultats en matière d’éducation sont désormais en net recul. «Le ralentissement enregistré est tiré par la détérioration sur l’ensemble de la décennie des indicateurs mesurant l’Harmonisation du système éducatif avec les besoins du marché et la Qualité du système éducatif, désormais aggravée par la chute récente enregistrée à propos de Satisfaction publique en matière de services éducatifs», rapporte le document.
L’ESPACE DE LA SOCIETE CIVILE SE RETRECIT
Les auteurs du rapport tirent la sonnette d’alarme sur les menaces de restriction de la liberté en Afrique et du champ d’activités des organisations de la société civile. «De façon positive, la dimension participation et droits humains a, en moyenne, progressé au cours de la décennie écoulée. Près de quatre citoyens du continent sur cinq (79.6%) vivent dans un pays où la situation s’est améliorée dans ce domaine», souligne la même source. Toutefois, les rapporteurs précisent que la tenue plus fréquente d’élections «libres et équitables» ne suffit pas à garantir un meilleur environnement participatif. «De façon préoccupante, l’espace civique et politique enregistre en moyenne sur le continent un rétrécissement, avec une détérioration moyenne des indicateurs mesurant la participation de la société civile, les libertés d’association et de réunion, les Droits et libertés individuels et la Liberté d’expression», affirme-t-on.
LE SENEGAL EN PROGRESSION RALENTIE
Le Sénégal n’a pas une bonne note en matière de gouvernance. Même s’il a engrangé de bons points dans certains secteurs, il est «progression ralentie», d’après le rapport de l’Indice Ibrahim de la Gouvernance en Afrique 2018 qui le classe 10/54 pays avec un score 63,3/100.
Le Sénégal est classé parmi les pays africains dont la progression est au ralenti en matière de gouvernance. Cette situation du Sénégal s’explique, selon les rapporteurs, par de nombreux manquements et la dégradation de la situation dans beaucoup de sous-secteurs. Dans le domaine de la sécurité et de l’état de droit, notamment en matière de transparence et de redevabilité, le document pointe la «détérioration accélérée» en matière d’accès à l’information publique et législative (-16,6). Dans le même sillage, le rapport relève l’absence de sanctions pour abus de pouvoir et actes de corruption au sein du gouvernement. Il y a aussi les troubles sociaux (signale d’alerte). D’après le rapport, la progression est au ralenti pour ce qui est de l’indépendance de la justice.
Toutefois, on note une satisfaction pour ce qui est de l’indépendance et de la transparence du processus judiciaire, de l’accès à la justice et à la propriété. La restriction des libertés au Sénégal à l’instar d’autres pays africains figure dans le document. C’est la raison pour laquelle, les rapporteurs avertissent le régime sur les limitations de la participation à la vie politique des citoyens ainsi que de la société civile. Ils alertent aussi par rapport aux menaces sur la liberté d’expression, les libertés d’association et de réunion et les droits et libertés individuelles. Aussi, met-on en exergue «la détérioration accélérée (-5,5)» de la compétence des organes de contrôle des élections.
Sur le même registre, on note une «progression au ralenti» de l’organisation d’élections démocratiques au Sénégal. Dans la rubrique Gestion publique, le document remet en cause l’efficacité de la fonction publique et émet un «signal d’alerte» sur la gestion budgétaire et financière, ainsi que la politique budgétaire. Cependant, il y a une satisfaction sur la question de l’équilibre budgétaire. L’environnement des entreprises n’est pas reluisant. En atteste, selon les auteurs du rapport, la «détérioration accélérée» pour ce qui est l’absence de restrictions pour l’investissement étranger et de la diversification des exportations. C’est pourquoi, ils ne manquent de prévenir des menaces sur l’efficacité des procédures douanières.
DETERIORATION ACCELEREE DES INVESTISSEMENTS DANS LE MONDE RURAL
Le document indexe les politiques publiques du régime de Macky Sall pour absence d’équilibre. Le monde rural est le parent pauvre en matière d’investissement des pouvoirs publics. Le rapport relève une «détérioration accélérée» des investissement du gouvernement pour le développement du monde rural et alerte sur les problèmes liés à l’accès au foncier rural et aux ressources en eau à usage agricole, à l’environnement économique du secteur rural, à l’accès aux services de recherche et de vulgarisation agricole, à l’équilibre budgétaire de la politique publique agricole et à la promotion de la parité au sein des organisations rurales. L’analyse de la question de la protection sociale a montré que le chômage des jeunes est le talon d’Achille du régime de Macky Sall. Les politiques mises en place peinent à absorber les nombreux jeunes qui arrivent dans le marché du travail. C’est pourquoi les auteurs du rapport font remarquer la «détérioration accélérée» des mesures en faveur de l’insertion socio-économique des jeunes.