FIN DU CAUCHEMAR SUR LA TRANSGAMBIENNE !
Le pont de la Gambie (fleuve) est devenu une réalité. Inauguré aujourd’hui, lundi 21 janvier, par les président Adama Barrow (Gambie) et Macky Sall (Sénégal)
Le pont de la Gambie (fleuve) est devenu une réalité. Inauguré aujourd’hui, lundi 21 janvier, par les président Adama Barrow (Gambie) et Macky Sall (Sénégal), il constitue un pas important dans le désenclavement des régions du Sud dont les populations étaient confrontées à d’énormes difficultés pour rallier Dakar ou les autres parties du Nord du pays, à cause des tracasseries et lenteurs au bac. Attendue depuis les indépendances, la réalisation de cet ouvrage, dont les études de faisabilité ont été bouclées depuis 1998, a pris énormément de retard à cause des atermoiements de l’ancien président gambien Yahya Jammeh, qui voyait en ce pont une menace pour la sécurité de son régime, de la Gambie. Même s’il a accepté le démarrage des travaux, avec la pose de la première pierre de cette infrastructure, le 20 février 2015, par le Premier ministre sénégalais Mahammed Boun Abdallah Dionne et la Vice-présidente de la Gambie Isatou Njie-Saidy, c’est l’avènement du président Barrow au pouvoir qui a donné un coup de fouet aux travaux.
LA CONTINUITE TERRITORIALE DESORMAIS UNE REALITE
Le président de la République Macky Sall et son homologue gambien, Adama Barrow, inaugure, ce lundi 21 janvier, le pont de la Gambie. Cette vielle doléance des populations du Sud, vise à réduire notamment les contraintes majeures à la continuité de la chaîne de transports et de fluidité du trafic. Selon toujours les initiateurs, la construction du pont permettra d’assurer de façon permanente le franchissement du fleuve Gambie et de jouer un rôle décisif dans le développement et l’interconnexion des réseaux routiers nationaux et régionaux. Il y a aussi l’amélioration du cadre de vie des populations vivant de part et d’autre de l’ouvrage et assurer au trafic de poids lourds les normes de sécurité requises.
Le renforcement de la libre circulation des personnes et des biens entre le Sénégal, la Gambie et les autres pays voisins sont d’autres objectifs poursuivis en réalisant l’ouvrage. Le renforcement de la coopération entre les deux pays fait aussi parti des attentes. Le pont de la Gambie répond aussi à la volonté d’accorder une importance à la construction d’infrastructures de transports à caractère régional et continental, indiquent les responsables de l’Ageroute. L’amélioration des conditions de circulation sur le réseau routier gambien et, en particulier, entre les deux rives du fleuve Gambie sont d’autres attentes. Une réduction importante de la longueur des itinéraires et des durées de parcours entre les parties du Sénégal (du Nord et au Sud), de la Gambie sont des possibilités que confère le pont. Outre la construction de cet ouvrage, le projet intègre aussi la réalisation des accès au pont et leur raccordement sur la (route) transgambienne, de sections de routes nouvelles dans la mangrove et la construction de deux airs de péages.
FICHE TECHNIQUE DU PONT DE FARAFENNI
Le pont de Farafenni est constitué d’une chaussée de 7.00 m de largeur (2 voies de circulation). Il dispose d’une largeur de 0.30 m pour le marquage latéral de la chaussée et la mise en place d’un caniveau fil d’eau pour le drainage (des eaux) de l’ouvrage. Les trottoirs sont intégrés dans l’infrastructure. Les barrières de sécurité sont faites de métal. Les travaux sont réalisés par le groupement d’entreprises Corsan/Arezki, pour un montant de 67.408.547 dollars US, soit environ 38.689.135.550 F CFA. Le pont de la Gambie vient donc se substituer aux deux bacs motorisés d’une capacité d’environ 80 tonnes chacun qui sont la propriété de la Gambie.
BAC DE FARAFENNI : Souvenirs de traversées conflictuelles
Avant la construction du pont de Farafenni, la traversée du bac de la Gambie faisait l’objet de beaucoup de frustrations, aussi bien chez la population, les voyageurs que les transporteurs. De nombreux blocus de la traversée ont eu lieu. Le 20 avril 2014, aux environs de 19 heures, les autorités policières du poste frontalier de Keur Ayib avaient refusé l’accès, en territoire sénégalais, à un véhicule immatriculé en Gambie mais appartenant à un Sénégalais. Et pour cause, les autorités policières gambiennes en faisaient de même surtout pour les véhicules dont les chauffeurs ne détiennent pas d’ordre de mission.
Auparavant, le 23 juillet 2002, la frontière sénégambienne a été fermée au trafic. Le Syndicat national des chauffeurs et transporteurs du Sénégal, dirigé par Alassane Ndoye, après une réunion à Keur Ayip et Karang, les dimanche 21 et lundi 22 juillet de la même année, avait décidé d’interdire à tout véhicule de transport gambien d’accéder en territoire sénégalais. Les syndicalises se sont ainsi opposés à l’application des accords de Dakar du 18 juillet 2002 décrétant la libre circulation d’un territoire à un autre, des véhicules de transport des deux pays. Tout est parti d’un mouvement d’humeur des chauffeurs sénégalais suite à la multiplication par deux des tarifs de la traversée du bac. Un blocus qui a eu des conséquences désastreuses sur les relations entre les deux pays.
Ce n’est pas fini; en 2016, les transporteurs ont remis ça. En effet, la frontière a été progressivement fermée à partir du 15 février. Cette fois également, le différend est né de la hausse unilatérale par la Gambie du prix imposé aux camions entrant sur son territoire: de 4.000 à 6.000 F CFA, il était désormais demandé gros porteurs sénégalais de débourser jusqu’à environ 400.000 F CFA, selon le tonnage de la cargaison, une fois en territoire gambien. Le blocus obligeait les transporteurs sénégalais à faire un détour par Tambacounda pour rallier la région sud, soit environ 600 km de plus par rapport à la transgambienne.
Le contournement de la Gambie a eu des répercussions sur la mobilité au Sud du pays. Les bus et autre véhicules de transports en commun avaient augmenté les prix du transport. Pire, il fallait montrer patte blanche pour décrocher un ticket du bateau, à cause de l’affluence, la demande étant largement supérieure à l’offre. A signaler qu’après plusieurs semaines de fermeture, Banjul avait annoncé la levée de la mesure, mais les transporteurs sénégalais s’y étaient opposés, réclamant notamment la construction d’un pont sur le fleuve Gambie pour améliorer les conditions de ce passage en territoire gambien. C’est finalement le 25 mai 2016 que la circulation est redevenue normale.
GORA KHOUMA, SECRETAIRE GENERAL DE L’UNION DES ROUTIERS DU SENEGAL : «La construction du pont est une demande de la corporation»
Les transporteurs attendent avec impatience l’ouverture et la mise en service du pont de Farafenni. Gora Khouma, le secrétaire général de l’Union des routiers du Sénégal, syndicat affilié à la Cnts/Fc, joint au téléphone par la rédaction, exprime toute sa satisfaction pour la matérialisation du projet qui était une vieille doléance des acteurs du transport. «La construction du pont est une demande de la corporation. Le bac portait énormément de préjudices aux Sénégalais, y compris les Gambiens. On y perdait beaucoup de temps. En plus, il y avait une dictature des Forces de sécurité gambiennes. Il n’y avait pas de sécurité, encore moins de confort, au bac. Le pont nous permettra de rouler sans stop en Gambie», dit-il.
Le syndicaliste qui révèle avoir porté plainte contre l’ancien président gambien, Yahya Jammeh, à cause des nombreux blocus, se réjouit du fait que les présidents Adama Barrow et Macky Sall ont été consentants pour la réalisation de l’ouvrage, Ce projet bénéfique pour les populations dus Sud du pays, mettra un terme à tous les voyages par contournement de la Gambie. Une feuille de route sur la gestion de l’infrastructure n’a pas été notifiée aux transporteurs. N’empêche, Gora Khouma juge que le pont est d’une grande utilité. «Nous ne pouvons pas parler de la tarification car, pour le moment, on n’a pas encore reçu de feuilles de routes fixant les modalités de gestion du pont. On est en train d’attendre (de voir) si les véhicules vont payer pour la traversée ou bien si le tarif du bac sera maintenu. Même si on reconduit les tarifs qui existaient à l’époque et que la traversée se fasse sans aucune difficulté, nous sommes preneurs», déclare-t-il.