L'AFFAIRE PETROTIM DEVANT LA JUSTICE
Le Garde des Sceaux annonce avoir « saisi le Procureur pour l’ouverture d’une enquête complète sur l’ensemble des faits allégués dans le reportage de la BBC sur les découvertes pétrolières au Sénégal »
Le ministère de la Justice annonce "l’ouverture d’une enquête complète sur l’ensemble des faits allégués" dans le reportage de la BBC sur les découvertes pétrolières au Sénégal, suite notamment à la publication sur les réseaux sociaux d’un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) portant sur le même sujet et qui n’a pas encore été remis encore été remis au président de la République.
"Le ministre de la Justice, soucieux d’éclairer les Sénégalais sur la gestion des ressources naturelles, a saisi le Procureur général près la Cour d’appel de Dakar pour l’ouverture d’une enquête complète sur l’ensemble des faits allégués, aussi bien dans ledit rapport, qui n’a pas encore été transmis à Monsieur le Président de la République, que sur les autres dénonciations relativement à la gestion des contrats pétroliers", peut-on lire dans un communiqué reçu de ses services.
Le communiqué signale que suite à la publication d’une enquête sur les découvertes pétrolières au Sénégal, en l’occurrence le reportage de la BBC publié le 3 juin dernier, "un rapport de l’Inspection générale d’État circule sur les réseaux sociaux".
Dans un documentaire intitulé "Sénégal : Scandale à 10 milliards", la BBC affirme démontrer comment la société de Frank Timis s’était vu retirer puis réattribuer son autorisation après l’accession au pouvoir du président actuel Macky Sall.
La BBC affirme également que les participations du groupe de Frank Timis ont été rachetées par le géant pétrolier BP en 2017 pour 250 millions de dollars, assorti de redevances de quelque 10 milliards de dollars sur quarante ans. BP a assuré avoir effectué toutes les vérifications nécessaires en matière d’éthique avant de signer ce contrat.
Le film de la BBC cite un paiement d’un montant de 250.000 dollars, soit 146 millions de francs CFA destiné à la société Agritans Sarl qui aurait appartenu à Aliou Sall, frère du président Macky Sall, présenté comme un facilitateur de Frank Timis de Timis Corporation pour l’attribution de contrats d’exploitation.
Cette somme représenterait selon un courriel des taxes de la société offshore de Timis dues à l’origine à l’Etat sénégalais.
Des paiements sont également cités, qui auraient été accordés à Aliou Sall par Pétrotim pour des services de consultance.
Le reportage de la BBC "est ponctué de graves et fausses allégations sur la gouvernance des ressources pétrolières du Sénégal", avait réagi le gouvernement dans un mémorandum publié à ce sujet.
Il soutient que le média anglais "avance, sans aucun fondement, le chiffre surréaliste de 10 milliards de dollars que l’État sénégalais aurait perdus dans une transaction entre deux compagnies privées, relative aux deux blocs précités".
"Ce chiffre est purement imaginaire. Il ne correspond à aucune réalité économique et financière du projet, encore moins à une quelconque perte de revenus futurs pour l’Etat du Sénégal", peut-on lire dans ce mémorandum rendu public par la porte-parole du gouvernement sénégalais, Ndèye Tické Ndiaye Diop.
Le gouvernement sénégalais parle d’une "grave atteinte à la réputation de l’Etat du Sénégal", rappelant que "l’instruction du dossier évoqué dans le reportage a été conclue avant l’entrée en fonction de SEM le Président Macky Sall, le 2 avril 2012".
Aussi dit-il se réserver "le droit de donner toute suite appropriée" aux accusations rapportées par le documentaire de la chaîne publique anglaise.
La compagnie britannique British Petroleum (BP), de son côté, a dit réfuter "vigoureusement" les allégations de corruption rapportées par la BBC, qualifiant l’enquête de "représentation trompeuse et fallacieuse" de ses activités au Sénégal.
"BP a soigneusement effectué la revue de l’histoire diffusée récemment par BBC Panorama et réfute vigoureusement cette représentation trompeuse et fallacieuse de nos activités au Sénégal", écrit la major britannique.