ALIOU SALL OU LE COMPLEXE DE CALIMERO
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce n’est pas de sa faute, c’est celle de ces satanés médias et membres de la société civile qui réclament la lumière sur la gestion de leurs ressources naturelles enfouie sous le boisseau du scandale "timissalien"
Connaissez-vous Calimero ? C’est un petit poussin malchanceux, héros d'un dessin animé pour enfants. Avec ses grands yeux bleus, une coquille d’œuf en guise de coiffe et son plumage noir, Calimero n'inspire que pitié et désarroi. Il faut dire qu'il n'a jamais de chance... Dès qu'il entreprend quelque chose, cela se retourne inévitablement contre lui... Certes, le sort semble s'acharner contre le malheureux mais en vérité, c'est également lui qui attire et provoque les catastrophes qui donnent toujours lieu à la même phrase : « c’est vraiment trop injuste », nous dit le site dessin animé TopKool. Oui « c’est vraiment trop injuste » parce que ce n’est pas de sa faute, c’est celle de ces satanés médias et de ces maudits politiciens et membres de la société civile qui réclament avec insistance la lumière sur la gestion de leurs ressources naturelles enfouie sous le boisseau du scandale "timissalien" du pétrole et du gaz.
Le 24 juin dernier, la cellule de com d’Aliou Sall a informé certaines rédactions d’une décision importante qu’elle devait prendre dans l’après-mid et à cet effet la presse était invitée pour relayer l’information de taille qui émanerait du maire de Guédiawaye.
Acte I : Démission : Le jour de la déclaration, une manœuvre tragi-comique a été concoctée par les partisans du l’édile pour volontairement l’empêcher de tenir une déclaration dont ils n’ignoraient pas le contenu. Puisqu’ils savaient que Aliou allait annoncer ou prononcer sa démission de la CDC, ils avaient ourdi un plan pour l’en empêcher. Une façon de lui montrer leur affection indéfectible en ce moment où les fidélités vacillent et où les trahisons font florès dans l’entourage de leur mentor. Ainsi pour des soucis de cohérence, ils ont demandé à Aliou de renoncer à une telle vanne ou d’aller la prononcer à la CDC. Après un simulacre de blocage qui a duré une dizaine de minutes, le désormais ex-DG de la CDC a fait machine arrière et cette reculade a fini par une procession dans les rues de Guédiawaye d’Aliou et ses zélotes qui lui ont gratifié des chansons glorieuses magnifiant sa suprématie sans partage à Guédiawaye avec répétitivement des « fi Aliou moko mom. Traduisez : Ici c’est le fief d’Aliou ». Ce, pour montrer que nonobstant les calomnies et les dénigrements du camp opposé, leur édile demeure plus que jamais solide et imperturbable dans sa chasse gardée de Guédiawaye.
Après ce bain de foule, cette démonstration de force forcée, Aliou a finalement lâché le pétard déjà mouillé. D’ailleurs, c’est ce qui explique pourquoi cette démission n’a pas fait l’effet d’une bombe. Pour rendre le tablier, on n’a pas besoin de rameuter les troupes, de ressouder les rangs, alerter la presse pour jouer sur le faux suspense. On peut, dans le confort de son salon douillet, informer de sa démission les rédactions par les canaux d’informations classiques ou modernes. Mais c’était de bonne guerre puisque le maire de Guédiawaye et ses proches étaient en pleine théâtralisation burlesque. Mais le primum movens de la tragi-comédie n’a pas bien fonctionné puisque l’effet recherché, à savoir l’inspiration de la compassion publique et de la purification des passions qui précède le supplice médiatique, politique judiciaire, n’a pas été atteint.
Acte II : Dénégation : L’acte II de cette démission publicisée, c’est la dénégation. Et pour s’auto-laver blanc, le maire de Guédiawaye, vêtu de blanc de pied en cap, la main apposée sur le Coran, fait le serment de n’avoir rien commis de ce dont on l’accuse. Ainsi au lieu s’expliquer sur son implication dans le scandale du pétrole et du gaz, Aliou Sall adopte, sans grande surprise, une posture et une stratégie de victimisation, jure sur le Coran pour titiller la fibre sensible des adeptes de la religion musulmane. Mais combien sont-ils ces présidents et ces politiciens qui ont juré devant Dieu et la Nation avant de trahir leur serment et leur peuple pour des intérêts personnels ou familiaux ?
Pour laver blanc Aliou Sall, le Saint Immaculé, le nouveau missi dominici de la communication du président, Abdoulatif Coulibaly, qui reprend service après deux mois d’errance, défie ses calomniateurs de sacrifier publiquement au même engagement. Mais lui, Latif, avait-il juré publiquement sur le Coran ou devant Dieu pour attester de l’authenticité des informations contenues dans ses œuvres Wade, un opposant au pouvoir. L’Alternance piégé ; Affaire Maitre Sèye : Un meurtre sur commande ; Comptes et mécompte de l’Anoci ? Pourquoi diantre veut-il soumettre les accusateurs d’Aliou Sall à un exercice auquel il ne s’est jamais essayé à la parution de chacun de ses livres d’investigation ? Si le frère de son mentor veut plaider non coupable, il existe des juridictions compétentes au Sénégal, en Angleterre ou aux Etats-Unis pour se faire entendre. Certes nous croyons à tous les livres saints mais nous ne croyons pas à tous ces faux dévots qui l’utilisent pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Maintenant, il ne faut pas qu’on divertisse les Sénégalais avec cette histoire de serment à laquelle leurs initiateurs qui en usent à des fins manipulatoires ne croient point. Cette manipulation, le professeur d’histoire contemporaine, Jean Garrigues, dit qu’« elle est en symbiose avec l'esprit du machiavélisme : tous les moyens sont bons pour arriver aux fins, y compris l'instrumentalisation des personnes, des idées et des groupes dans un but qui ne leur est pas forcément dévoilé... Il y a en permanence une volonté de manipuler ceux qui peuvent vous aider de même que les adversaires, soit pour les rallier soit pour les discréditer. Car la manipulation, inhérente à la vie politique, fonctionne en général par rapport à un troisième acteur : l’opinion publique. »
Heureusement que les Sénégalais ne sont pas incultes.
Vivement le dénouement qui constituera l’Acte III de la tragi-comédie de Calimero.