«ON VA VERS UNE CERTAINE BANALISATION DE LA MALADIE»
Sahite Gaye, chercheur en sciences de l’information et de la communication décortique le plan de communication du ministère de la santé
Un nouveau changement de taille semble s’apprêter à faire surface dans la tactique de communication du ministère de la santé et de l’action sociale. Le point du jour sur la situation épidémiologique au Sénégal va bientôt changer de format.
Chaque jour, un communiqué sera envoyé à la presse, une stratégie de communication qui risque de saper les acquis et conduire au relâchement selon l’enseignant chercheur en sciences de l’information et de la communication, Dr Sahite Gaye. «Le président a invité les Sénégalais à accepter de vivre avec le virus. Donc, on va vers une certaine banalisation de la maladie», a d’emblée déclaré le spécialiste de la communication.
Et de poursuivre : «c’est une stratégie d’invisibilisation de certains visages de la lutte qui avaient l’habitude de faire face à la population. On va vers un communiqué et tout le monde sait que le communiqué dans une situation de crise est un support froid, il y a moins d’interaction, il n’y a pas de visage derrière», a-t-il regretté sur les ondes dIradio. Les contours de cette nouvelle stratégie des services d’Abdoulaye Diouf Sarr, semble épouser la fameuse stratégie qui consiste à dire «laisser circuler la population», arguer par Dr Moussa Thior.
Pour Dr Sahite Gaye, le flou dans le discours des autorités sanitaires peut pousser à l’oubli des gestes barrières. «Il y a un flou dans ce qu’on pourrait appeler la cohérence décisionnelle. C'est comme si on allait vers l’oubli des gestes barrières. C’est comme s’il y avait une nouvelle stratégie qui est là mais qui va pousser les gens à oublier les gestes barrières», a diagnostiqué l’expert en communication. Et d’ajouter : «le point de la situation quotidienne du ministère de la Santé et de l’Action Sociale devrait se terminer chaque fois par une explication sur un «point» bien précis dans la stratégie du gouvernement.
Finalement, en communication de crise, les actes et les décisions s’expliquent et se négocient afin de rassurer les différents publics», car de même que, «demander de porter un masque revient à expliquer pourquoi et comment, ouvrir les lieux de rassemblement exige la même démarche. Aucune loi, si répressive soit-elle, ne pourrait remplacer cette méthode. Sinon bienvenue l’incompréhension avec ses conséquences, dont la plus évidente est le brouillage du message initial dans l’objectif de la communication».