OUSMANE TANOR DIENG, UN HOMME, UN PARTI
Sous sa conduite, le PS a résisté, tenu tête et a survécu aux bourrasques du pouvoir. Il a résolument inscrit l’action du parti dans le cadre d’une opposition républicaine responsable
« Le président Abdou Diouf m’a fait entrer en politique, pieds et poings liés », confiait-il au magazine Jeune Afrique No 1775 du 12 janvier 1995.
Voilà comment il est venu au Parti socialiste, à la faveur de sa proximité avec le président Abdou Diouf, dont il était l’un des plus proches collaborateurs. C’est ainsi que pour matérialiser cet engagement militant, il décida de s’investir à la base, dans la section de Nguéniène, au sein de la coordination départementale de Mbour. Il se vit aussi confier le poste de Secrétaire aux relations internationales du Bureau politique, de 1988 à 1996.
C’est à l’occasion des renouvellements de 1996, consacrant le découpage des coordinations, consécutif à la 2ème phase de la réforme des collectivités territoriales, qu’il fut élu secrétaire général de la coordination départementale, puis à la tête de l’union régionale de Thiès.
C’est à la faveur du 13ème congrès ordinaire de 1996 qu’il fut proposé, par le président Abdou Diouf, pour occuper le poste de 1er Secrétaire chargé, entre autres, d’assurer la gestion quotidienne du Parti, permettant ainsi, au président Diouf, de mieux s’occuper des affaires de l’Etat.
Après l’alternance, il initia l’élargissement des bases de la démocratie interne, en créant les conditions d’une ouverture plus grande aux forces émergentes, en vue d’insuffler du sang neuf, dans les rangs du parti.
C’est ainsi qu’à partir de 2007, le Secrétaire général du Parti était désormais élu, non plus par les 2500 délégués au congrès, mais plutôt par un collège électoral plus élargi, composé des membres des CA des coordinations, (27.600) convoquées à cet effet, au terme des renouvellements des instances de base.
La mise en œuvre de cette réforme a également conduit, d’une part au retour du poste de Secrétaire général et, d’autre part à l’élection des secrétaires généraux des coordinations par les CA des sections, leur conférant à la fois l’autorité et la légitimité que requiert l’exercice de leurs responsabilités.
En lançant l’opération de vente des cartes, le 04 février 2018, à l’occasion du grand rassemblement organisé par le MNFS, en son honneur, il avait en même temps, instruit le secrétaire national aux élections, à travers la circulaire y relative, de coupler le processus, avec l’établissement d’une base de données des militants détenteurs de la carte, au niveau de chaque comité. Cette initiative participait de sa volonté de moderniser le fonctionnement du parti, en ayant la maîtrise des effectifs militants ; opération toujours en cours au niveau des coordinations où se déroule la vente des cartes.
C’est aussi dans ce cadre qu’il avait entrepris de réhabiliter le patrimoine immobilier cinquantenaire du parti, de procéder à la réorganisation des archives. La mise en place du Conseil Consultatif des Sages, puis du Réseau des Universitaires et de vision socialiste découle, par ailleurs, de cette même volonté d’élargir les bases du parti, en offrant à chaque composante, selon sa spécificité, un cadre d’épanouissement lui permettant d’apporter sa pierre à la construction de l’édifice.
Il y a lieu de souligner, avec force, que c’est assurément après la survenue de l’alternance en 2000 qu’Ousmane Tanor Dieng a fait montre d’une grande capacité de résilience et de leadership. Il s’est illustré, dans ce contexte politique inédit, comme le digne continuateur de l’héritage de Senghor, confronté aux coups bas internes et aux tentatives de démantèlement du parti par le pouvoir libéral.
Sous sa conduite, le Parti a résisté, tenu tête et a survécu aux bourrasques du pouvoir. Néanmoins, il a résolument inscrit l’action du parti dans le cadre d’une opposition républicaine responsable.
C’est ainsi que de 2000 à 2012, il fut initiateur ou co-initiateur de différentes formes de regroupements des forces de gauche qui ont conduit à la tenue des Assises nationales, à la création de plusieurs alliances politiques dont le CPC, BSS et BBY, victorieuse des consultations de 2012, 2014, 2016, 2017 et 2019.
C’est le respect de cette ligne d’orientation politique, consacrée par le congrès de 2007 et confirmée par le congrès de 2014 qui justifie la présence du Parti, au sein de l’attelage gouvernemental. C’est dans le même ordre que le parti compte, dans le cadre de la coalition BBY, une bonne représentation au sein de l’Assemblée nationale et du HCCT que j’ai l’honneur de diriger, par la volonté du chef de l’Etat, le président Macky Sall.
Voilà pourquoi, dès après sa disparition, les instances régulières du Parti ont renouvelé cet ancrage au sein de la coalition, afin d’honorer sa mémoire.
Il est parti, en homme de devoir, après avoir pleinement rempli sa mission, nous laissant un parti revigoré et sorti de l’auberge que nous nous emploierons à préserver et à fortifier.
Quelques enseignements retenus de son compagnonnage :
‘’Quelle que soit la situation, restons droit dans nos bottes’’
‘’Il faut endurer pour durer’’…