JEU OUVERT POUR LES CAPITALES REGIONALES
Les différents cheptels politiques se mobilisent pour nouer des alliances en perspective de ces élections locales pouvant constituer de test pour les législatives, et pourquoi pas pour la présidentielle de 2024
Une incertitude totale plane sur la date de la tenue des élections municipales prochaines, reportées à de nombreuses reprises, même si le tout nouveau ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, promet leur organisation courant 2021. Pour autant, les différents cheptels politiques se mobilisent pour nouer des alliances en perspective de ces élections locales pouvant constituer de test pour les législatives, et pourquoi pas pour la présidentielle de 2024. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la mouvance présidentielle, qui s’agrandit avec des leaders de l’opposition dont on entend de loin les murmures de protestation de la base, devrait avoir en face d’elle pas moins de 3 grands pôles de l’opposition pour la conquête des capitales régionales. L’Enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint Louis, Moussa Diaw, reste persuadé pour autant que le camp du pouvoir aura des «problèmes».
Tout d’abord prévue en juin 2019, puis reportée pour décembre 2020, avant d’être reprogrammée pour au plus tard le 28 mars 2021, la date de la tenue des prochaines élections locales reste la plus grande inconnue pour les acteurs politiques. Suite au consensus obtenu entre les différents acteurs engagés dans le dialogue politique, l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus électoral, à cause des suspicions de l’opposition sur l’organisation et la tenue de la dernière élection présidentielle, restent les conditions préalables à l’organisation d’une toute autre élection. Cependant, ça traine toujours pour l’effectivité des travaux, car l’Etat procède au choix du cabinet indépendant d’experts à même de mener ce travail. Ce ne sera qu’après ce travail d’audit et d’évaluation que les acteurs du dialogue proposeront une autre date à faire voter par l’Assemblée nationale, si bien évidemment ladite échéance doit sortir de l’année 2021. Pour autant, les acteurs politiques ne semblent pas dormir sur leurs lauriers pour éviter de se faire surprendre par le chef de l’Etat, Macky Sall, seul à connaitre l’agenda électoral. En effet, à l’image du président Sall qui agrandit sa mouvance présidentielle à tour de bras, avec des leaders de l’opposition, ses adversaires politiques multiplient les rencontres et autres réunions en perspective de possibles alliances pour le contrôle des capitales régionales. Joint par la rédaction de Sud quotidien, l’Enseignant Chercheur à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint Louis, Moussa Diaw estime que pour les prochaines élections municipales, ilreste évident que «le jeu est ouvert pour tout le monde dans les grandes villes».
Dakar, en passe de renouer avec...son maitre
L’enseignant en Sciences politiques à l’Ugb pense, en fait, qu’il ne faudrait pas moins de 3 pôles de l’opposition pour peser devant la mouvance présidentielle. Tout d’abord, il pense que le pôle que sont en train de former Khalifa Sall, leader de Taxawu Senegaal, et Ousmane Sonko de Pastef est «très intéressant». Pour cause, il estime qu’en compagnie des maires de Dakar qui sont toujours avec l’ex-maire de la ville, “Khaf“ a de fortes chances, en alliance avec Ousmane Sonko, de reprendre le contrôle de la capitale sénégalaise. Il en est de même pour Ousmane Sonko dont la notoriété n’est plus à démontrer dans ce pays. A Ziguinchor, il ne fait l’ombre d’aucun doute que la ville lui revient, si c’est lui-même qui cherche à la prendre et non un de ses poulains. Il ne faudrait pas oublier Déthié Fall, désormais ex-numéro 2 de Rewmi, qui ne s’est pas encore prononcé sur son avenir politique. Une alliance avec Sonko et “Khaf“, estime M. Diaw, pourrait peser lourd à Thiès, surtout s’il copte les frustrés du parti Rewmi qui n’ont pas digéré le ralliement de leur mentor dans la mouvance présidentielle.
Le PDS toujours vivant
Comme autre pôle en vue, le professeur Moussa Diaw n’écarte pas le Parti démocratique sénégalais (Pds) et certains partis alliés. Il croit dur comme fer qu’il faudrait compter sur le parti du “Pape du Sopi“, même en l’absence de son fils Karim Wade, Secrétaire général adjoint du Pds, en exil à Doha, depuis sa grâce présidentielle. Pour lui, le Pds constituera autour de lui une coalition forte pourles élections locales prochaines, avec les leaders qui y sont restés. Pour ce qui est des autres leaders de l’opposition comme Thierno Alassane Sall de la République des valeurs, Abdoul Mbaye de l’Act, ou encore la coalition Jotna qui s’est vidée de ses grands partis, le professeur Diaw pense qu’ils seront obligés de rejoindre les coalitions constituées autour de grands partis. La cause, à son avis, ces derniers n’ont pas de base politique à même de peser lourd.
Idy surveillé comme du lait sur le feu
Autant de choses qui feront dire à l’Enseignant chercheur que la mouvance présidentielle va avoir des «problèmes». Cela, en dépit de la grande pêche que mène le président Sall dans les eaux de l’opposition. S’expliquant sur ce point, l’analyste trouve qu’il n’est pas évident que les leaders politiques qui ont rejoint le camp du pouvoir, à savoir Idrissa Seck de Rewmi, Oumar Sarr et autres, partent avec leur base. Qui plus est, les nouveaux arrivants, comme Idy sont, à son avis, «surveillés comme du lait sur le feu», par des responsables de la mouvance présidentielle. Comme raisons, certains n’ont pas confiance en lui, d’autres parce que son entrisme gène et casse leur dynamique. Tout compte fait, Moussa Diaw dira que «tout n’est pas gagné à l’avance» et «qu’on verra ce que la nouvelle configuration des coalitions va donner d’ici là». Le jeu reste grandement ouvert pour les grandes villes.