LA FORET CASAMANÇAISE, ZONE A RISQUE ET SOUS LE CONTROLE DE BANDES ARMEES
Rapts, kidnappings, enlèvements, assassinats font la triste réputation des différentes forêts casamançaises
Entre mines et emprise de bandes armées, la forêt casamançaise est devenue, ces dernières années, une forêt à risque. Rapts, kidnappings, enlèvements, assassinats font la triste réputation des différentes forêts casamançaises. Aussi sont-elles devenues presque infranchissables pour les populations qui assistent impuissamment à l’exploitation de leurs ressources ligneuses par des bandes armées qui ont fait de ces forêts leur chasse gardée.
Les derniers événements et incidents malheureux survenus en Casamance ont presque tous une corrélation avec la coupe de bois. Suffisant pour illustrer la mainmise de certains éléments armés sur ces forêts de la Casamance. La tuerie de Boffa, en 2018, est un exemple patent de cette lancinante question de l’exploitation des forêts casamançaises. La coupe de bois et autres pratiques de déforestation bannies par l’Etat, ces forêts de la Casamance, du moins certaines, sont désormais sous le contrôle d’éléments armés supposés appartenir au Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Ces derniers, souvent retranchés dans ces forêts, ont fini de transformer ces forêts en zone de prédilection, au grand dam des populations qui ne peuvent plus y accéder. Et certains qui essaient d’y aller pour exploiter leurs ressources (plantations d’anacardiers, de manguiers, etc.), devraient franchir une ligne rouge matérialisée par les éléments armés. Comme une ligne de démarcation dans ces forêts, l’entrée est «formellement» interdite par ces bandes armées. En janvier 2018, des exploitants forestiers qui étaient à la recherche de bois dans la forêt de Bayotte-Est ont été sauvagement abattus par un «commando armé».
A l’origine de cette barbarie, l’exploitation des forêts. Des jeunes de Diagnon ont subi le même sort, dans la forêt de Mbissine, quelques années plus tôt, le 21 novembre 2011. Leur seul tort était de chercher du bois mort dans la forêt. Les exemples foisonnent dans cette partie sud du pays où la forêt casamançaise est devenue, ces dernières années, une forêt à risque. Les disparitions de personnes se multiplient : trois jeunes partis à la cueillette de fruits sauvages sont introuvables depuis plus d’un an dans la forêt de Bidialon, dans la commune de Boutoupa Camaracounda. Et, comme si cela ne suffisait pas, mardi dernier, neuf jeunes partis chercher du bois mort sont tombés sur des hommes armés qui les ont pris en otage, les ont malmenés avant de les libérer avec ce message : «ne revenez plus ici».
UNE INTERDICTION DE PENETRER QUI CACHE MAL DES ACTIVITES DE TRAFIC ILLICITE DE BOIS A L’INTERIEUR
Des forêts riches en ressources aujourd’hui «accaparés» par des bandes armées qui en ont fait leur chasse gardée. Les populations, privées d’action dans ces forêts, assistent désespérément à l’exploitation de leurs ressources par des individus armés devenus les «nouveaux maîtres» dans ces forêts casamançaises. Rapts, enlèvements, kidnappings, assassinats résument aujourd’hui les dangers encourus par ces populations qui s’aventurent à y pénétrer. Les opérations de ratissage souvent enclenchées par l’Armée pour nettoyer les zones se heurtent à l’hostilité de la zone. Comment nettoyer totalement ces forêts infestées de mines et zones de prédilection de bandes armées ? Cette question trouve aujourd’hui difficilement une réponse, si l’on sait que le contrôle de ces forêts laisse jaillir un phénomène de trafic de bois. Car, comment comprendre que ces forêts sous le contrôle d’éléments armés soient quotidiennement sous l’agression humaine. Une interdiction de pénétrer qui cache souvent des activités illicites à l’intérieur.