LES TRAVAILLEURS EXIGENT DE L’ETAT LE REMBOURSEMENT D’UNE DETTE DE PLUS DE 57 MILLIARDS
La Poste est en train d’agoniser. Cette terrible nouvelle est du secrétaire général du Syndicat National des Travailleurs des Postes et Télécommunications (Sntpt).
Les travailleurs du groupe La Poste sont très remontés contre les autorités étatiques qu’ils accusent d’être responsables de la tension financière que connaît leur boîte. Selon eux, l’Etat doit à la Poste plus de 57 milliards FCFA au titre des paiements de Bourses de Sécurité Familiale et de rémunération du service Public. Ils exigent le remboursement total de cette dette dans de meilleurs délais afin de redresser la Poste et de relancer ses activités.
La Poste est en train d’agoniser. Cette terrible nouvelle est du secrétaire général du Syndicat National des Travailleurs des Postes et Télécommunications (Sntpt). Ibrahima Sarr a fait sa sortie hier lors de l’Assemblée générale organisée par les travailleurs de la boite, pour attirer l’attention de l’opinion publique sur la tension de trésorerie à laquelle ils sont confrontés. A l’en croire, l’entreprise traverse l’une des phases les plus incertaines de son histoire, compromettant ainsi l’avenir de 4.300 agents. Cette situation découle, selon lui, d’une dette de l’Etat du Sénégal estimée à plus de 57 milliards FCFA.
«Rien qu’à titre de paiement des bourses familiales, l’Etat nous doit plus de 20 milliards FCFA sur la rémunération du service public», informe le syndicaliste qui exige le remboursement, dans l’immédiat de tous ces fonds afin de redresser les activités de la boite. Outre l’Etat, le leader du Sntpt et ses camarades flétrissent la gestion du Directeur général. Ils accusent Abdoulaye Bibi Baldé d’avoir augmenté considérablement les charges de l’entreprise par des actes budgétivores inopportuns, dans ce contexte de tension financière aiguë et de baisse drastique du chiffre d’affaires. «Il a adopté un nouvel organigramme avec 42 postes de rang de directeur et 7 postes d’assistants du DG et au rang de chef de département avec avantages indus en nature et en numéraire.
En dehors du nombre important de conseillers techniques, il a installé un cabinet «ministériel» pour caser une clientèle politique, excluant les postiers», assène Ibrahima Sarr qui déplore par ailleurs la signature de contrats de prestataires de services, par le Directeur au profit de ses partisans politiques avec des salaires indécents. «Le premier adjoint au maire de Kolda perçoit 590.000 FCFA/mois et bénéficie d’une dotation de carburant de 322 litres/mois pour un coût estimé à 250.000 Fcfa, soit un montant total de 840 000 FCFA/mois sans aucun rendement pour la Poste. Un conseiller technique au ministère du Commerce est cumulativement nommé responsable de la Communication et des Relations publiques de la Poste avec rang de Directeur, avec un budget global de plus de 600 millions. En plus, il soumissionne et gagne des marchés», révèle le secrétaire général du Sntpt.
A côté de la mauvaise gestion du directeur général de la Poste, le syndicaliste cite également l’octroi des marchés dans différents domaines au beau-frère du DG sous le couvert de Guèye Kandi Service, dont la somme des montants attribués se chiffre à 96.320.000 FCFA entre octobre 2019 et octobre 2020, ainsi que l’octroi de subventions variant entre 1 million et 5 millions à des associations généralement basées dans sa zone politique, et la démolition/reconstruction inopportune des carreaux du hall de la direction générale pour 22 millions FCFA. Il y a aussi la construction de nouveaux bureaux à la direction générale pour un montant global de plus de 100 millions.
«Pourtant, tous ces fonds auraient certainement pu servir à redresser et à relancer l’activité de la Poste. Malheureusement, l’Etat n’assume pas le rôle et la responsabilité qui sont les siens vis-à-vis de la Poste. Non seulement, l’Etat a laissé la situation de l’entreprise s’altérer par une accumulation de résultats largement négatifs, une gabegie instituée en règle de gestion, mais aussi une absence totale de contrôle», s’insurge Ibrahima Sarr. Pour mettre un terme à cette situation, les membres du Sntpt vont mener une campagne de sensibilisation auprès de tous les travailleurs, décréter une journée rouge. A la suite de cela, ils vont lancer une opération «tous les postiers etleurs familles dans la rue», dans toutes les régions du pays.