LES PRÉALABLES D'UNE RELATION AFRIQUE-FRANCE MOINS NÉOCOLONIALE
Les conditions d’une relation « moins dissymétrique » et « moins néocoloniale » entre la France et l’Afrique sont presque toutes réunies, mais il manque peut-être au continent « des leaders politiques plus courageux », selon Mohamed Mbougar Sarr
Les conditions d’une relation « moins dissymétrique » et « moins néocoloniale » entre la France et l’Afrique sont presque toutes réunies, mais il manque peut-être au continent « des leaders politiques plus courageux », a déclaré le romancier sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021.
« Quant à la relation entre la France et ses anciennes colonies, tout ou presque est réuni à la base pour qu’elle change, soit moins dissymétrique et moins néocoloniale », a soutenu Sarr, dans une interview publiée mercredi par le quotidien EnQuête, repris par l’Aps.
« Il ne manque peut-être que des leaders politiques plus courageux pour effectuer le basculement décisif pour le rééquilibrage des relations » entre l’Hexagone et ses anciennes colonies africaines, a-t-il encore dit au journal sénégalais.
Mohamed Mbougar Sarr dit espérer que ces leaders « viendront et travailleront au service de leurs peuples, avec intégrité, talent et humanité, sans esprit de revanche, ni populisme, en tirant les leçons qu’il faut de l’histoire ».
Interrogé sur le « mouvement de plus en plus affirmé de rejet » de la France en Afrique, le romancier vivant en terre française depuis plusieurs années a estimé qu’il est le prolongement d’« une tradition ancienne de luttes anticolonialistes, indépendantistes et anti-impérialistes ».
« Ces mouvements [de protestation] ne s’adressent pas seulement à la France, mais aussi aux élites corrompues et aux pouvoirs antidémocratiques du continent », a précisé Sarr.
« Il faut écouter (…) ce que ces mouvements disent de la jeunesse du continent, ce qu’ils disent de leurs aspirations (celles des jeunes Africains), ce qu’ils disent surtout de leur espoir », recommande-t-il, ajoutant que « leur désir de repenser la relation est légitime ».
Les leaders politiques « courageux » qu’il dit espérer pour l’Afrique doivent, à son avis, « sans démagogie, ni populisme facile, passer à une autre étape où il ne s’agira plus de seulement de s’opposer, mais de construire ou reconstruire sur le continent (…) en toute dignité ».
Le prix Goncourt 2021 a été attribué à Mohamed Mbougar Sarr pour son quatrième roman « La plus secrète mémoire des hommes » (462 pages), publié par les éditions Jimsaan (Sénégal) et Philippe Rey (France).