MOHAMED MBOUGAR SARR AU COEUR D'UNE POLÉMIQUE HOMOPHOBE
Le lauréat du prix Goncourt 2021 est critiqué pour «De Purs Hommes», roman publié en 2018. Une affaire qui se nourrit d’amalgames, de ressentiment anti-occident et de conservatisme religieux
Aujourd’hui, si Mohamed Mbougar Sarr écrit, des Sénégalais crient. Et s’ils crient, c’est au scandale. Mohamed Mbougar Sarr ferait l’apologie de l’homosexualité. L’obtention du confidentiel «prix du prix littéraire» gay 2021, décerné le 12 novembre à Paris par l’association Verte Fontaine et les Editions du frigo à l’auteur sénégalais pour l’ensemble de son œuvre, n’a fait qu’alimenter un peu plus le feu qui couvait depuis l’obtention du Goncourt début novembre pour son quatrième roman, la Plus Secrète Mémoire des hommes.
Miroir peu complaisant
La polémique enfle pourtant à contre-temps. Car il n’est pas question de la Plus Secrète Mémoire des hommes. La cible, la vraie, c’est son roman De Purs Hommes, publié en France en 2018. «De Purs Hommes n’avait pas été mis en vente au Sénégal en 2018», précise la responsable des ventes de la librairie Aux quatre vents, à Dakar. Dans ses pages, Mbougar Sarr tend au Sénégal un miroir peu complaisant. Il y narre l’histoire d’un professeur de lettres désabusé par l’hypocrisie morale ambiante. Le visionnage d’une vidéo de la profanation de la tombe d’un homosexuel fera naître chez lui une obsession pour cet événement.
Au Sénégal, l’homosexualité est considérée comme un délit passable de cinq ans d’emprisonnement ; les goorjigéens, terme péjoratif pour désigner un homosexuel et qui signifie littéralement «homme-femme» en wolof, sont régulièrement cibles d’agressions et doivent vivre clandestinement leur union, qualifiée de «contre-nature» par le code pénal sénégalais.
Mbougar Sarr est donc accusé d’être un vendu à la solde des lobbys LGBT. «Il représente un danger pour le Sénégal. […] Si l’on suit cette logique, dans quarante ans, nos enfants vivront avec l’homosexualité. C’est le début de la décadence de la société sénégalaise», soutient le professeur Niang, enseignant d’histoire-géographie à Kaffrine, dans un entretien accordé au média sénégalais Thies Info.