NOUVEL ALBUM DE 12 TITRES : SAHAD SARR TIENT SON LUUMA
Luuma, le nouvel album de l’artiste musicien Sahad Sarr, est sorti depuis le 4 février en Afrique. Ce samedi, l’artiste donne rendez-vous à ses fans à l’Institut français de Dakar, pour un concert inédit.
Avec son nouvel album, Luuma, Sahad Sarr lance un message très fort en faveur de l’unité et de la tolérance dans le monde. Ce nouvel album de 12 titres sera présenté ce soir, sur la scène de l’Institut français de Dakar.
Luuma, le nouvel album de l’artiste musicien Sahad Sarr, est sorti depuis le 4 février en Afrique. Ce samedi, l’artiste donne rendez-vous à ses fans à l’Institut français de Dakar, pour un concert inédit. Il y a quelques jours, en présentant son album en marge du Dakar music expo (Dmx), Sahad avait annoncé la couleur. «On va transposer le luuma sur la scène du centre culturel», disait-il.
Après Jiw en 2017, ce nouvel album est un appel au vivre ensemble et à la tolérance. «Le luuma est un marché itinérant et hebdomadaire, où tous les villageois se retrouvent et où chacun peut trouver ce qu’il cherche. C’est une fabrique des possibles. Au Sénégal, il y a une anarchie, mais c’est une anarchie organisée qui fait notre monde», explique le musicien. Dans la musique de l’artiste, plusieurs influences se mélangent pour donner une fusion, une musique «alternative», autour du jazz et du funky. «Luuma, c’est un appel à l’unité. Seul, on ne peut rien faire et le monde est un vaste luuma», plaide l’artiste dont l’album compte 12 titres. Pour cet album, Sahad s’inscrit dans la continuité de ses précédentes œuvres. «C’est une continuité et une évolution aussi parce qu’il y a des harmonies très simples, très acoustiques.
A un moment donné, on a voulu toucher un public plus large et on s’est dit que c’est important de faire la musique que nous voulons faire, mais c’est aussi important de faire une musique où les Sénégalais peuvent se retrouver à l’intérieur.»
A en croire Sahad Sarr, «il y a mille façons de faire du mbalax» et la bande de musiciens venus d’horizons divers et dont les notes ont déjà enchanté le monde, souhaite se rapprocher davantage du public sénégalais, plus friand de mbalax. «On a vraiment voulu être plus accessibles. Il fallait montrer aux gens que ce n’était pas notre musique qui était inaccessible, mais que ce sont les sénégalais qui devaient s’ouvrir à d’autres genres. Que les gens sachent qu’il y a une scène alternative, des musiques alternatives.»
Avec une pointe de regret, Sahad estime que certaines musiques ne sont pas accessibles dans les médias du pays, soumis à la dictature du genre dominant. «On est dans un monde où c’est le buzz qui importe alors que nous, la musique qu’on fait, c’est une musique que l’on peut écouter encore dans 20 ou 25 ans. La preuve, les gens parlent encore de mon premier album des années après.»
RICHESSE DES TEXTES
Le jeune musicien qui a grandi au 105 de la rue Carnot à Dakar, en a gardé des images indélébiles. Ces tranches de vie alimentent aujourd’hui un imaginaire fertile. Dans Sandaga par exemple, l’artiste puise dans ses souvenirs d’enfance pour faire revivre l’édifice que des bulldozers ont effacé de la carte de la ville. «Je suis né au 105 rue Carnot et ma mère m’envoyait tous les week-ends au marché. Je ne fais que ressortir cet imaginaire-là. Les générations futures ne verront pas ce marché, mais cette chanson la leur fera vivre.»
Life télévision est un appel à une prise de conscience. « Dans les réseaux sociaux, les gens s’insultent, racontent la vie privée des autres. Avec sa famille, quand on est ensemble, chacun est plongé dans son téléphone. J’étais choqué quand je suis parti au village de ma mère il y a deux ans et que j’ai trouvé mes cousins installés dans la grande cour, avec chacun son téléphone. Il y a 10, 15 ans, il n’y avait qu’une seule télé et on la regardait tous ensemble», explique Sahad. Dans Cookkeer, il évoque la douloureuse vie des orphelins. «La chanson raconte l’histoire de cet orphelin dont le père est parti en exil, la mère partie au marché. Et il chante pour le retour de ses parents.» Plus qu’un hommage, la chanson évoque le courage de ces femmes devenues par la force des choses, cheffe de famille. «Les femmes sont aujourd’hui celles qui travaillent, les maris ne sont plus là et elles sont obligées de s’occuper de leurs familles. Cookkeer est un hommage à ces femmes, souvent seules, qui s’occupent de leurs enfants.»
De même, Oh Mama parle de cet imaginaire qui fait que quand les Africains se rendent en Europe, on les appelle migrants et quand les Européens viennent ici, ils sont des expatriés avec de bons salaires et vivent dans le luxe. Il en est ainsi de tout l’album, avec des chansons engagées et riches en messages.
LE HAVRE DE KAMYAAK
Sans doute la rançon de cette démarche entreprise depuis quelques années par cet artiste, qui est à la source de la création de la communauté écologique de Kamyaak. Dans ce patelin situé à 8 km de Tattaguine dans la région de Fatick, Sahad Sarr a mis en place une communauté qui s’active dans plusieurs activités, liées à l’écologie et au commerce équitable. «Je suis venu au milieu de nulle part fonder une communauté, il y a 6 ans. Avec des activités écologiques, des Gie de femmes qui font de la teinture et des vêtements qui sont vendus à travers le monde. On a planté des arbres, créé un havre», explique-t-il. En attendant la sortie à l’international prévue le 17 mars prochain, Sahad et le Nataal Patchwork vont continuer à enchanter les mélomanes au Sénégal.