APAISEMENT
Deux ans après les émeutes sanglantes de mars 2021, le Sénégal court le danger de se retrouver dans la fournaise, comme au sortir de la dualité au sommet de l’Etat, entre Sédar Senghor et Mamadou Dia en 1962
Les vœux de bonne et heureuse année souhaités, arrêt sur la case réalité que la tension politique dope de surdoses subversives d’arrogance et hégémonie, d’accusations financières, d’inélégances républicaines, de menaces sociales non exemptes de risque de soulèvement.
Deux ans après les émeutes sanglantes de mars 2021, le Sénégal court le danger de se retrouver dans la fournaise, comme au sortir de la dualité, au sommet de l’Etat, entre le Président Léopold Sédar Senghor et le président du Conseil Mamadou Dia, en 1962.
Quarante personnes avaient succombé, 250 autres avaient été blessées, le 1er décembre 1963, lors de la première présidentielle couplée aux législatives.
Soixante ans plus tard, le pays voit le spectre de la violence prendre pignon sur rue, s’installant, allumettes en poche, dans les chaudrons gorgés d’excroissances, pour adouber un 2023 de surchauffe, avant l’implosion en 2024.
A tout point de vue, cette année, forcément transitoire, à fleur de peau, s’annonce lourde de conséquences sur la route de la prochaine présidentielle.
Pour dire les choses, elle n’a rien de rassurant, ce d’autant que tous s’accordent pour reconnaître, sans le dire, que la marmite bout à faire sauter le couvercle social. Une cocotte minute prete à embraser le pays si personne ne bouge.
Si le Macky ne prend pas l’initiative de désamorcer l’explosif. Si l’opposition ne fait pas montre de pragmatisme politique. Si la société civile ne joue pas pleinement sa mission de régulateur démocratique et d’utilité sociale. Si la presse ne prend pas position pour le peuple et l’apaisement. Si les guides religieux, toutes confessions confondues, ne prennent pas leur bâton de pèlerin, le risque est grand de voir la cohésion sociale voler en éclats.
Ce n’est pas pour rien d’ailleurs, que les tenants du pouvoir ont inscrit, tel un aveu de pêché originel, la croissance économique dans l’ordre de paix.
Pour avoir trop joué avec le feu, les jongleurs ont lancé leurs bolas enflammés de haine et d’antagonisme, dans les coins les plus reculés du pays, éblouissant la raison et semant les graines de la division, dont la germination éclot sous nos yeux incrédules.
Tant nous pensions avoir tourné le dos aux démons des politiques tropicales en 2012.
C’est à croire que nous n’avons rien compris. La gravité est que le Sénégal d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier. Les choses ont changé.
Oeuvrons pour une année apaisée, un Sénégal de paix. Car qui trop embrase, mal éteint.