LE DROIT EST VENGÉ, ET AVEC QUEL PANACHE
Doudou Ndoye déjà, Ibrahima Fall, tout aussi finement, Kader Boye aujourd’hui ont choisi de dire leurs faits et le Droit à ces faussaires constitutionnels, qui parlent sans avoir quelque chose à dire
C’est dans ces moments cruciaux, qui mettent notre pays, le Sénégal, à la croisée de chemins nous menant soit à l’aventure enthousiaste, soit, passez-moi le pléonasme, à l’aventure aventureuse, que des personnes habilitées à nous éclairer dans ce brouillard livré aux « zéros sociaux » et aux plateaux-télé bavards et bruyants, sortent de leurs pensées navrées et circonspectes, pour redonner du sens à nos espoirs de vérité et à un débat devenu plus que nauséeux, pour ne pas dire nauséabond sur ce 3ème mandat qui rend notre atmosphère littéralement irrespirable. Doudou Ndoye déjà, Ibrahima Fall, tout aussi finement, Kader Boye aujourd’hui ont choisi de ne pas se mêler au brouhaha répercuté par cette troupe bruyante de tonneaux vides, et de dire, et leurs faits et le Droit, à ces faussaires constitutionnels, qui parlent, parlent sans avoir quelque chose à dire. Ces hommes-là, quand ils parlent, ce n'est pas pour parler, c’est pour dire. Ils ne sont pas dans ces contorsions tellement visibles, à travers le langage corporel qui trahit ces envoyés « spécieux », lorsqu’en service commandé, ils doivent affirmer, regard perdu, des choses en totale contravention avec ce qu’ils savent et d’eux-mêmes parfois et de leurs convictions, mises au placard fétide du renoncement à leur dignité bradée pour une hérésie politique.
Mon ami et congénère de Van Vo, Amadou Tidiane Wone, en toute décontraction et avec sa sagacité habituelle a définitivement éclairé ma réflexion sur le texte de très haute facture du doyen Kader Boye, en disant souriant : « Il a vengé le droit ».
Monsieur Kader Boye a surtout mis la président Macky Sall face à son destin, et tous les apprentis sorciers face à leurs irresponsabilités.
Il est évident qu’il a vengé le droit, et avec quel panache, ce Droit assassiné par celui qui en est le dépositaire, le pourtant brillant et sémillant constitutionnaliste Ismaïla Madior Fall, qui en panne sèche d’arguments, a balancé le problème par-dessus nos raisons convoquées, pour nous dire, dans les cordes d’un ring devenu trop étroit pour y dérouler toute son intelligence, que le 3ème mandat, n’était pas un problème de droit. Mais certainement un problème de « tordu », suis-je tenté d’ironiser. Pas plus tordant que Yoro Dia affirmant naguère que le problème était réglé, n’étant pas selon lui un problème de droit, mais simplement un problème de français. Il en a depuis, perdu son latin !
Le professeur Boye nous dit avec la sérénité des esprits clairs et lucides, que ce débat a de quoi surprendre et inquiéter.
« Surprendre, écrit-il, parce qu’à bon droit les citoyens honnêtes avaient cru qu’un tel débat appartenait à l’histoire politique du Sénégal des années 2010 à 2012. »
« Inquiéter, continue le Professeur Kader Boye, parce qu’il semble exister désormais dans notre pays, des politiciens et non politiciens déterminés à ruiner le fondement politique de notre société : la Constitution. Au gré de leurs intérêts ou des intérêts qu’ils servent, ils proposent des lectures fantaisistes ou biaisées de tel ou tel article. Certains soutiennent même que la volonté du peuple, exprimée dans les rues par des manifestations ou émeutes, est plus forte que la Constitution. »
Ces hommes qui n’ont rien à prouver, qui ont tout donné à leur pays, sont à même de nous alerter et de dire aux Sénégalais, de garder la tête froide, de ne pas se laisser emporter par le tumultueux courant qui draine ces flots incontinents de notre espace politico-médiatique.
Rappelant qu’il n’est point besoin d’agitation, encore moins de sinuosités sémantiques, le Professeur Boye racontant cette remarque d’une ministre, Aissata Tall Sall, pour laquelle il dit toute son estime, selon laquelle « la Constitution permet au président de faire un troisième mandat mais politiquement et moralement, il ne peut pas », assène avec clarté : « Comme si le sens et la portée de l’article 27 de la Constitution n’étaient pas assez clairs pour dispenser de toute interprétation ! ».
Ces hommes sages et responsables, respectés, écoutés, sont nombreux dans ce pays. C’est un choix, un parti-pris de préférer aller tendre nos micros face à des joueurs d’Assiko constitutionnels, qui vont plaquer le débat à la surface, et provoquer des « Unes » hardies et fanfaronnes, engendrer des « clics sur les sites de « zéros sociaux ». C’est une responsabilité journalistique aujourd’hui que de faire parler les « sachant », qui donnent aux questionnements ardents des Sénégalais, les réponses qui valorisent leur libre-arbitre et respectent leurs intelligences.
Les enjeux sont clairs et Kader Boye termine son brillant article ainsi, mettant le président Macky Sall face à son destin : « Il faut faire attention. Le Sénégal n’est pas la Guinée. Et le président Sall peut se frayer une sortie autre que celle d’Alpha Condé. Il est face à son destin. A lui de choisir : ou imposer l’épreuve de force où il a tout à perdre, ou se hisser au rang de garant de l’unité nationale et de la paix civile en prenant courageusement les mesures correctives ou de sauvegarde de l’Unité nationale et de la paix civile. »
Le Professeur Kader Boye a mis tout le monde d’accord. Comme un juge de paix.
La messe est dite…