UNE CHAPE DE PLOMB SUR LES SELECTIONS AFRICAINES
Le sélectionneur Moustapha Gaye n'aura d'autre choix que de se conformer à la restriction de la FIBA et d'intégrer seulement une joueuse binationale dans son équipe
Entre la joueuse Américaine Ciera Dillard en voie de naturalisation et la «binationale» Lena Timéra, l’équipe nationale du Sénégal devra faire le choix en sélectionnant une des deux joueuses en direction de l’Afrobasket qui se jouera du 29 juillet au 6 août prochain à Kigali. Le sélectionneur Moustapha Gaye n’aura aucun alternative que de se plier à la restriction de la Fiba et intégrer qu’ une seule joueuse binationale dans son équipe selon les restrictions que lui impose la FIBA. Ce point de règlement de la FIBA longtemps décriée par nombre d’acteurs du basketball, continue d’entraver les sélections africaines. Auteur de travaux sur la question des joueurs binationaux, l’expert en management du Sport Thierno Mandiaye Ndiaye, épingle cette partie du règlement et estime qu’il est à l’origine de cette injustice qui brise le rêve, de tous ces joueurs, de jouer et valoriser leur équipe nationale d’origine.
Si les disciplines comme le football, le rugby donnent l'opportunité aux joueurs de choisir le maillot national et de jouer dans la sélection de son pays d'origine sans certaines restrictions, le basketball reste encore à la traine. Le monde du ballon orange n’ a pas encore levé cette chape de plomb qui plane encore sur les sélections nationales. La question constitue une véritable entrave pour les équipes africaines qui ne peuvent utiliser qu’un joueur naturalisé.
Comme par le passé, la sélection du Sénégal sera confrontée à un problème de choix. La sélectionneur national Moustapha ne pourra pas compter que sur le renfort d’une seule joueuse binationale à l’Afrobasket. Cela veut dire qu’aujourd’hui entre l’Américaine Ciera Dillard et la Senegalo-française, Léna Timéra, le Sénégal ne pourra en utiliser qu’une seule pour la campagne de Kigali.
Malgré un vivier important de joueurs disséminés dans le monde et de joueurs désireux de joueurs avec leur pays d’origine, la marge de manœuvre des sélectionneurs nationaux est réduit de manière drastique. Ce point de règlement Fiba limite le nombre à un représentant par pays. Un binational qui veut revenir jouer dans son pays d’origine est considéré par comme un naturalisé. Une équipe nationale participant à une Compétition de la FIBA ne peut en effet aligner qu'un (1) seul joueur ayant acquis la nationalité légale de ce pays par naturalisation ou par tout autre moyen, après avoir atteint l’âge de seize (16) ans. Autrement dit, un joueur né de père et de mère sénégalais reste selon le règlement comme un étranger parce que il est né à l’étranger ou qu’il n’a pas eu son passeport sénégalais avant l’âge de 16 ans. Le Sénégal a eu à l’appliquer avec ses dernières sélections.
Le cas typique est celui du meneur Lamine Samba. Joueur né en France de père, mère et grands-parents d’origine sénégalaise. Sénégalais à sa naissance (droit de nationalité, droit de sang, père, mère grandsparents sénégalais) le meneur sénégalais à double nationalité France/Sénégal a disputé des rencontres en compétition officielle FIBA avec l’équipe de France jeune. A cause de la réglementation FIBA, il a intégré l’équipe nationale A du Sénégal comme joueur naturalisé sénégalais il a joué en jeune avec l’équipe de France. Le Sénégal a pu également pu bénéficier d’autres basketteurs comme Clevin Hannah. De nationalité américaine, ce meneur a été naturalisé par décret présidentiel et a pu obtenu la double nationalité. Sa présence chez les Lions s’était, on le rappelle, fait au détriment d’autres joueurs binationaux.
A côté de ces cas typique du joueur naturalisé, il faut également noter le cas d’autre joueurs comme Moussa Camara et Sangoné Niang nés en France de père, mère et grands-parents d’origine sénégalaise. Ces joueurs sénégalais à leur naissance n’ont ainsi jamais disputé de rencontres en compétition officielle FIBA avec l’équipe France aussi bien en jeune et équipe nationale A. Même avec la double nationalité Franco-sénégalais, ils se retrouvent bloqué du fait qu’ils n’ont pas simplement fait leur passeport avant 16 ans et deviennent, en application des réglementations FIBA, automatiquement des joueurs naturalisés. Cette réglementation de la Fiba constitue donc un véritable vrai casse-tête pour les sélections.
Dans les travaux effectués sur l’éligibilité et le statut national du joueur et le statut national du joueur et des règlements internes de la FIBA, l’ancien basketteur et expert en gestion des organisations sportives, Thierno Mandiaye Ndiaye a attiré l’attention sur ce qu’il qualifie de discrimination subite par les joueurs, de basket-ball ayant une double nationalité à leur naissance et souhaitant choisir une Équipe nationale. Le spécialiste en management du sport, estime que cette disposition du règlement de la FIBA est à l’origine de cette injustice qui brise le rêve, de tous ces joueurs binationaux, de jouer et valoriser leur équipe nationale d’origine et d’un autre point de vue empiète sur le droit de choisir l’équipe nationale de son choix à tout âge.
En effet pour ne pas être sous le coup de la restriction, il faut ne pas avoir jouer en jeune et il faut avoir le passeport du pays choisi avant l’âge de 16 ans. « Dans le principe de protection des fédérations nationales et dans l'objectif de contribuer au développement du basket-ball dans tous les pays. Mon souhait serait que la FIBA fasse évoluer le principe de naturalisation. L'idée sera d'éviter la naturalisation juste pour des objectifs de résultats sportifs pour une compétition. », dénonce-t-il. « Exemple : 11 joueuses naturalisés lors de l'Eurobasket féminin 2015 ou bien l'Espagne qui recrute beaucoup de jeunes talents africains afin de contribuer au développement du basket-ball Espagnol et dénué l'Afrique de ses jeunes joueurs en devenir qui auraient fait les beaux jours de leur sélection nationale », préconise-t-il. Cette volonté de faire changer la réglementation en s’alignant sur le football et les autres sports est partagée par nombre d’acteur du Sports.
Dans une récente sortie dans la presse, Mathieu Faye, alors Membre de Fiba-Afrique, vice-président de la Commission de développement de l’instance continentale et membre de la Commission mondiale des joueurs, avait poser le débat. « Il faudrait effectivement qu’il y ait un débat là-dessus. Il faudrait que les Fédérations africaines s’accaparent de la question. Il ne faudrait pas que certains disent qu’ils ne sont pas concernés. Il faut réfléchir dans la globalité, dans l’intérêt d’ensemble du basket africain, quelles que soient la nationalité et l’origine de ces joueurs. A un moment donné, le problème a été posé au niveau de la Fiba-Afrique et on avait demandé aux présidents de Fédération de poser le problème sur la table.
De fil en aiguille, ils ont essayé de trouver un semblant de solution », soulignait-il. Il rejoint le point de vue de Me Babacar Ndiaye président de la Fédération sénégalaise de basket et Mahama Coulibaly président de la Fédération Ivoirienne de Basketball qui ont tous plaidé auprès de la FIBA pour la levée des restrictions afin de favoriser le changement de nationalité sportive des joueurs africains qui évoluent dans les différents championnats dans le monde et qui désirent défendre les couleurs de nations d’origine.