L’ORDRE LEVE UN COIN DU VOILE
L’Ordre des médecins du Sénégal a tenu, à Dakar, sa journée ordinale sur le thème : « médecins : droits et obligations dans l’exercice de leur profession».
L ’Ordre des médecins du Sénégal a tenu, à Dakar, sa journée ordinale sur le thème : « médecins : droits et obligations dans l’exercice de leur profession». Une rencontre qui a permis de poser les bases juridiques de la profession tout en levant quelques coins du voile. Pour le professeur Mouhamed Soumah, les médecins ont peu de droits mais beaucoup de devoirs contrairement aux clients qui n’en ont que deux devoirs dont le respect de la prescription médicale et le paiement des honoraires.
Pour le professeur Soumah, titulaire de la chaire de médecine légale à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le médecin a l’obligation de reconnaitre et de réparer les dommages causés à autrui et/ou de subir toutes les sanctions qui en découleront. Il a aussi l’obligation de donner des soins consentis, mais aussi une obligation de moyens et non de résultats, d’agir avec attention et d’être compétent dans son domaine. Pour Dr E H Omar Ndoye, maitre-assistant en médecine légale à l’Ucad, compte tenu des bases fondamentales de l’exercice médical, le médecin a une véritable obligation de discrétion et cela représente un droit fondamental du patient. « Nous avons l’obligation de faire tout ce que l’on a lu, vu ou compris durant l’exercice de notre fonction. Aujourd’hui il faut noter qu’il existe des dérogations légales et des situations où le médecin a la possibilité de communiquer certaines informations » a-t-il fait comprendre. Et de poursuivre : « les dérogations à ce secret médical sont celles qui sont prévus dans l’intérêt du patient, la protection des personnes vulnérables. Le signalement des personnes pour violences sexuelles doit se faire par exemple avec l’accord de la personne adulte. Il y a aussi les dérogations qui sont motivées par des questions de santé publique ».
Pour le Docteur Ndoye, le secret médical n’est pas opposable au malade parce qu’il faut lui donner des informations pour ne pas trop l’alarmer. « L’information doit être partagée aux proches dans certaines situations surtout quand le médecin doit délivrer un diagnostic grave toujours avec l’accord du patient. Il y a aussi la possibilité de partager l’information entre collègues toujours pour la continuité du traitement sauf opposition du malade », a-t-il fait comprendre. Et d’ajouter : « dans le cadre du travail, le médecin peut se prononcer sur l’aptitude ou l’inaptitude du travailleur et non sur son diagnostic. Il a l’obligation de respecter le secret médical qui est un devoir pour le médecin ». Du côté du ministère de la Santé et de l’action sociale, son secrétaire général Abibou Ndiaye a souligné : « l’ordre dans son rôle de veille et pour le respect des devoirs professionnels, des règles d’éthique et de déontologie, a toujours œuvré au côté du ministère de la Santé pour développer une politique nationale de santé dans le pays ».
Pour Docteur Boly Ba, président de l’Ordre des médecins du Sénégal, le secteur de la santé a été secoué par des évènements malheureux ou scandales ces derniers temps. « Il revêt du rôle de l’ordre de se lancer sur la problématique. Il s’agit de voir entre acteurs du système de la santé et ceux du système judiciaire comment se parler et se comprendre. La rencontre est une occasion aussi de rappeler aux médecins les principes élémentaires des droits et des obligations de la profession, les relations entre le médecin et son patient mais aussi de bien discuter avec le secteur de la justice ». Et de poursuivre : « le médecin qui exerce est sujet à certaines difficultés. Il faut qu’on accorde nos violons et qu’on puisse se comprendre. »