AVEC L'AFRIQUE, LA FRANCE MANQUE DE COHÉRENCE ET DE STRATÉGIE À LONG TERME
Un nouveau rapport dresse un sombre portrait de la stratégie de Paris, jugée trop versatile, peu lisible et en inadéquation avec les aspirations du continent. Un constat alarmant reflet de l'échec de l'approche promise par Macron
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La volonté affichée de changement par la France dans ses relations avec l'Afrique se heurte à de nombreuses difficultés, estiment des parlementaires et experts. Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, le président Emmanuel Macron a tenté d'insuffler une nouvelle dynamique en annonçant la fin des liens asymétriques et paternalistes dans son discours de Ouagadougou. Il a multiplié les initiatives comme le travail mémoriel, la restitution d'œuvres d'art ou l'augmentation de l'aide, tout en promettant la mort de "la Françafrique".
Cependant, "au-delà des discours, il manque une offre stratégique de long terme" pour les pays africains, selon un rapport parlementaire français publié le 8 novembre 2023 et consulté par l'AFP. Ses auteurs déplorent une stratégie "souvent illisible" et un manque de connaissance de l'Afrique en France. Ils appellent à "une plus grande concertation" et des échanges "plus transparents". Car "les Africains demandent une autre politique à la France", soulignent-ils, estimant qu'il "faut agir d’urgence pour éviter un risque de perte de confiance".
Si Emmanuel Macron a "eu l'ambition la plus large" sur ce sujet, il s'est aussi "heurté à la défiance en Afrique de l'Ouest", analyse Paul Melly, du centre Chatham House, cité par l'AFP. Des maladresses comme lors d'une coupure de courant au Burkina Faso en 2017 ou le sommet de Pau en 2020, perçu comme une "convocation", n'ont fait qu'aggraver les tensions. Des coups d'État dans plusieurs pays ont par ailleurs précipité le divorce avec Paris.
La France est également accusée d'incohérences et de chercher avant tout à maintenir ses parts de marché face à l'arrivée de nouveaux concurrents comme la Chine. "Il existe un besoin d'affirmation des pays africains", qui attendent que la France "joue le jeu de la concurrence à égalité", estime Gilles Yabi, du groupe Wathi, cité par l'AFP.