MAME GOR NGOM PASSE A LA LOUPE LE DERNIER MANDAT DE MACKY
Journaliste et fin observateur de la scène politique, Mame Gor Ngom vient de sortir son deuxième livre intitulé «Biais de départ», après «Biais de Salon» inspiré de l’affaire Sweet Beauté.
Journaliste et fin observateur de la scène politique, Mame Gor Ngom vient de sortir son deuxième livre intitulé «Biais de départ», après «Biais de Salon» inspiré de l’affaire Sweet Beauté. Construit sous forme de chronique consacrée aux enjeux du second mandat de Macky Sall, l’ouvrage se veut aussi l’exposition d’une décadence morale de la société.
En feuilletant les premières pages, c’est dès le premier chapitre (page 23), que «Biais de départ» captive son lecteur par une douloureuse piqûre de rappel. «Nous étions au summum de la consternation le 8 janvier 2023. On comptait nos morts à Sikilo, petite bourgade de Kaffrine située dans la commune de Gniby, dirigée par la députée Aminata Ndiaye qui porte fièrement le nom de cette ville rurale qu’elle a rendue célèbre du fait de ses retentissantes et iconoclastes interventions à l’Assemblée nationale et surtout de l’agression dont elle a été victime au sein même de l’hémicycle, le 1er décembre 2022», écrit Mame Gor Ngom. Place au décor funeste teinté de critiques. «41 morts. C’est terrible ! ‘’Plus jamais ça’’, crient en chœur les populations. L’État a pris les devants. Des actes ponctuels et classiques comme la prise en charge des blessés, l’identification des morts. Des actes peu ordinaires bien de chez nous, comme la distribution d’argent, comme si nos autorités avaient voulu calmer le jeu avec ces enveloppes destinées même aux ‘’victimes décédées’’, pour reprendre le mot du ministre des Transports, Mansour Faye», ironise l’auteur dans ce livre publié aux Editions «Le Nègre international».
Macky et sa «mauvaise lecture de l’histoire»
Armé de sa plume fertile, le rétroviseur comme encrier, le journaliste repose froidement sa loupe de chroniqueur politique sur les erreurs ayant perdu le Président Macky Sall. «Les leçons de l’histoire, dit-on, si elles ne forment pas, pourrissent dans les mémoires obscures. Macky Sall, quatrième président de la République du Sénégal, n’a pas eu la claire conscience du mécanisme qui a concouru à son avènement. Il refuse d’admettre qu’il a été plus élu contre Abdoulaye Wade que pour lui-même», note-t-on à la 37ème page de «Biais de départ», ouvrage de dix chapitres. Mame Gor Ngom retrace ainsi «la déconvenue historique» de la coalition Benno lors des dernières Législatives et qui «trouve son origine dans cette mauvaise lecture de l’Histoire» politique récente du Sénégal. «Et comme pour s’enfoncer davantage, ses partisans jubilent à l’image de la tête de liste, Aminata Touré, qui ose parler d’une victoire nette et sans bavure. Curieuse manière de se rassurer après avoir fait un grand bond en arrière, passant de 125 députés en juillet 2017 à 82 députés en juillet 2022, perdant, chemin faisant, la majorité absolue», relate-t-il.
L’imam dans l’apologie du parjure
Sous forme d’interpellation collective, Mame Gor Ngom, qui entraine son lecteur dans les tribulations de ses personnages, le long de cette chronique, pointe du doigt un autre fait symbolique d’une dégénérescence sociale. Et, à la page 76, entre en scène un religieux. : «Dans une démocratie, on doit permettre à tout le monde - y compris les imams- d’exercer sa liberté de conscience. Sa liberté tout court. (…) C’est le cas d’Elhadj Pape Alioune Samb. L’imam ratib de la grande mosquée de Dakar, censé être un défenseur de l’éthique, ne peut pas parler au nom de Dieu et faire l’apologie du ‘’wax waxeet’’ abject, comme c’était le cas quand il s’agissait de débattre sur la possibilité de réduction ou non de la durée du premier mandat de 7 ans de Macky Sall. Il était passé à côté de son sujet en demandant à Sall de renoncer à son engagement. Après la prière de la Korité 2023, son prêche devant le président de la République et les membres du gouvernement sonne comme la répétition d’un discours déjà entendu. Il a mis en exergue des arguments fallacieux pour non seulement vitupérer les manifestations mais surtout pour exclure toute compétition électorale. Car, si on comprend bien l’imam, ce n’est plus la peine d’organiser un scrutin présidentiel, il faut juste choisir un dirigeant qui ne demande même pas à être choisi», observe l’auteur de «Biais de départ», préfacé par le journalisteformateur Sidy Diop.