MACKY FAIT LA SOURDE OREILLE
DÉDOMMAGEMENT DES RAPATRIES
Le président de la République, Macky Sall a reçu hier au salon d’honneur de l’aéroport Léopold Sedar Senghor, les 259 rapatriés sénégalais du bourbier centrafricain. Ces derniers qui ont perdu maisons, argent et biens matériels à Bangui ont demandé compensation au chef de l’Etat qui n’a pas voulu y apporter des réponses. Pour toutes promesses, Macky Sall leur a dit de les faire visiter par un médecin avant de les transporter vers leur région d’origine.
Deux cent cinquante neuf (259) Sénégalais ont foulé hier le tarmac de l’aéroport Léopold Senghor en provenance de Bangui, capitale de la Centrafrique. Il s’agit de quatre vingt dix huit (98) hommes, quatre vingt quatre (84) femmes et soixante dix sept (77) enfants. Ces sénégalais viennent du bourbier centrafricain où sévit en ce moment une guerre fratricide entre musulmans et chrétiens. En dépit des casques bleus et de la présence des forces françaises, la Centrafrique continue de compter ses morts, jour après jour. Arrivés aux environs de 19h 45, les rapatriés ont envoyé aux autorités et à la presse deux délégués pour parler en leur nom. Il s’agit de Mouhamed Cissé et Arame Ndiaye.
LA SEGREGATION DES FORCES FRANÇAISES. Devant le président de la République, Mouhamed Cissé relatera les conditions particulièrement difficiles, vécues par la communauté sénégalaise. «On a vu de nos propres yeux le gardien de notre marché, sous le prétexte d’être un musulman, qui a été égorgé à la machette en compagnie de son fils qui n’a pas eu la chance de s’en sortir lui aussi. Il a été non seulement tué mais ses entrailles ont été mises à nues par ses bourreaux» a-t-il pesté. Poursuivant que les chrétiens centrafricains les traquaient mais qu’ils étaient protégés par des talismans offerts par les musulmans tchadiens qu’ils portaient autour de leur rein. «Les Français ont laissé faire les chrétiens qui tuaient sous leurs yeux, les musulmans. Ce sont eux qui ont désarmé et parqué ces derniers», a-t-il réaffirmé. «On est restés plus d’un mois sans aller travailler. On a perdu maisons, magasins et beaucoup de biens mobiliers. On n’a rien apporté avec nous à part quelques habits. On avait même des problèmes pour que notre avion décolle de l’aéroport», a encore révélé Mouhamed Cissé. Dans la même veine, Arame Ndiaye, présidente des femmes sénégalaises et avocate stagiaire au barreau de Bangui a exhorté Macky Sall à les aider pour insérer leurs enfants qui n’ont pas eu le temps de s’inscrire cette année. «Les ressortissants ont perdu leurs biens. Leurs concessions ont été complètement pillées. Ils reviennent dans leur pays sans rien apporter», a-t-elle plaidé devant Macky Sall. Auparavant, Arame Ndiaye a remercié le Président de la République pour sa diligence. En dépit de ses multiples tâches, il a tout de même tenu à dépêcher une mission à Bangui pour s’enquérir de leur situation.
MACKY SALL ENCOURAGE LES RAPATRIES. Répondant aux interpellations des rapatriés devant la presse, Macky Sall a d’abord remercié le Bon Dieu du fait qu’il n’y ait pas encore de pertes en vies humaines enregistrées dans les rangs de la communauté sénégalaise en dépit des violences et atrocités commises. «Je voudrais souhaiter la bienvenue à tous nos compatriotes rapatriés et leur exprimer ma solidarité et l’affection de toute la nation sénégalaise pour les épreuves émouvantes qu’elles ont vécues», a-t-il soutenu d’emblée. Soulignant que le rapatriement n’a pas été de tout repos du fait de la situation particulière qui sévit à Bangui. Celle-ci a fait que le vol qui devait regagner le Sénégal a accumulé du retard. «Les avions ne comptent plus se poser à Bangui mais d’ici demain, nous allons affréter un autre avion pour rapatrier le restant de nos compatriotes qui attendent toujours dans l’aéroport de Bangui», a affirmé Macky Sall. « Nous allons vous conduire dans l’aérogare des pèlerins avant de vous convoyer dans vos familles respectives. Jamais votre pays ne vous abandonnera. Parmi les rapatriés, il y a des femmes enceintes, des malades et des enfants fracturés qui seront entièrement pris en charge de même que la réinsertion des enfants sera effective dans les établissements scolaires» a-t-il indiqué, passant sous silence la question des dédommagements soulevés par les rapatriès.