LE SAES MAINTIENT LE CAP POUR LA REPRISE DES COURS EN PRESENTIEL
Sur les pancartes, on pouvait lire «la pédagogie aux professeurs, la politique aux politiciens», «TP : limite de l’enseignement à distance», «FST : non à la validation d’une année sans TP», «non à la violence dans les universités»...
Hier, jeudi 30 novembre, des enseignants venus de différentes universités publiques du Sénégal ont répondu à l’appel du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) qui avait lancé une journée « université morte ». La principale revendication à faire entendre aux autorités à l’occasion de cette marche qui a eu lieu dans l’enceinte du campus de Dakar : la réouverture immédiate et la sécurisation des universités pour le déroulement des enseignements en présentiel. Le Saes qui a alerté sur les conséquences de la fermeture des universités, met l’Etat devant ses responsabilités.
Sur les pancartes, on pouvait lire «la pédagogie aux professeurs, la politique aux politiciens», «TP : limite de l’enseignement à distance», «FST : non à la validation d’une année sans TP», «non à la violence dans les universités», ou encore «nos étudiants méritent mieux, rouvrons nos universités». Hier, jeudi 30 novembre, des enseignants venus de différentes universités publiques du pays, rejoints par des étudiants, ont défilé dans l’enceinte du campus de l’université de Dakar lors d’une marche organisée par le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) qui avait lancé un mot d’ordre de journée «université morte». Partis de la bibliothèque universitaire, certains vêtus de T-shirts blancs, d’autres de toges, ils ont marché jusqu’au rectorat de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) en scandant en chœur «six mois sans cours», «reprise immédiate», «vive l’université sénégalaise», «nous voulons enseigner»
Prenant la parole tour à tour, les manifestants exigent encore une fois l’ouverture immédiate des universités et la reprise des cours en présentiel.
«Ici, à la faculté de Médecine, nous sommes disposés à reprendre les cours en présentiel. Les amphis sont prêts. Les TP sont prêts. Evidemment, nous ne pouvons pas faire de travaux pratiques à distance. Nous ne pouvons pas faire d’activités cliniques à distance. C’est pourquoi nous exigeons la reprise immédiate et toute suite des enseignements en présentiel à la faculté de médecine», clame un manifestant, sous les cris de la foule. Sa camarade de la faculté des Sciences juridiques et politiques lui emboite le pas : «Je pense qu’on est l’une des facultés les plus touchées puisqu’on a perdu le chapiteau qui avait une contenance de 2000 étudiants. Nous avons 14 mille étudiants inscrits au niveau de la faculté des Sciences juridiques et politiques. Et depuis le 1er juin, on ne fait pas de cours puisque les enseignements juridiques ne peuvent pas être dispensés en ligne. Raison pour laquelle nous demandons une reprise effective et immédiate des enseignements en présentiel»
Le Saes a aussi profité de l’occasion pour dénoncer le retard dans la livraison des infrastructures universitaires et le non-respect des accords signés avec le gouvernement
Pour rappel, les autorités avaient décidé de la fermeture de l’Ucad au mois de juin dernier. Ce, après les violentes manifestations qui ont éclaté dans les temples du savoir suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire Sweat Beauté. Malgré les multiples appels à la réouverture, le Conseil académique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, réuni le mercredi 8 novembre dernier, a décidé de la finalisation des activités pédagogiques de l’année 2022-2023 en distanciel avec l’accompagnement du Rectorat. Depuis lors, le Saes a décrété un mot d’ordre d’arrêt des cours dispensés en ligne dans toutes les universités publiques construites sur le modèle de l’enseignement en présentiel.
Toutefois, lors du vote du budget de son département ministériel à l’Assemblée nationale la semaine dernière, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Professeur Moussa Baldé a fait savoir que les décisions prises par les autorités tendent à terminer l’année avec l’enseignement à distance pour préparer une ouverture sécurisée. Allant plus loin, il a indiqué la veille, lors d’une remise de parchemins aux diplômés en Licence et Master des promotions 3, 4, 5, 6 et 7, de l’Espace numérique ouvert (Eno) de Mbour, qu’une année blanche n’est pas encore envisageable à l’Ucad. Il faut noter que le mouvement d’humeur appelé par le Saes a été largement suivi dans plusieurs universités publiques du Sénégal.
DAVID CELESTIN FAYE, SECRETAIRE GENERAL NATIONAL DU SAES : «La pédagogie aux professeurs et la politique aux politiciens»
« Aujourd’hui, toutes les universités sénégalaises sont réunies à l’université Cheikh Anta Diop pour demander la sauvegarde de l’enseignement supérieur face aux dérives et au risque de démantèlement de l’enseignement supérieur qui sera provoqué par des décisions incongrues des autorités en ce qui concerne la fermeture. Ce que nous demandons, c’est la réouverture immédiate des universités et la sécurisation pour que les enseignements puissent se faire pour que l’on puisse terminer l’année 2022- 2023 puisque nous n’avons fait qu’un seul semestre sur l’année. Et aujourd’hui, le Sénégal accuse une année de retard sur le monde entier à cause de la fermeture. Même les pays qui sont en guerre, n’ont pas les universités qui sont fermées. Or, vous avez les universités de Thiès, de Bambey et de Kaolack qui sont fermées. Pour quelles raisons ? Parce que l’Etat n’a pas payé les repreneurs. Ça, ce n’est pas une question de sécurité. Donc, nous demandons à ce que l’Etat puisse payer les restaurateurs et que les étudiants reviennent. A Cheikh Anta Diop, le motif invoqué, c’est la sécurité. Mais qui assure la sécurité ? C’est l’Etat ! Nous demandons à ce que chacun prenne ses responsabilités parce que demain, s’il y a des difficultés, on ne pourra pas dire que le Saes n’avait pas alerté. Nous avons assez alerté sur les difficultés et nous ne comprenons pas que cette décision puisse perdurer alors que le Sénégal a déjà perdu une année. Donc, les enseignants sont là de façon pacifique pour alerter l’opinion nationale et internationale sur les difficultés qu’ily a dans l’enseignement supérieur. Le Saes reste ouvert à toutes les discussions possibles mais aujourd’hui, nous voyons que le ministre de l’Enseignement supérieur (Professeur Moussa Baldé, Ndlr) préfère nous snober. Il préfère appeler les étudiants à se lever contre cette marche-là pour torpiller l’action des enseignants. Mais nous disons aujourd’hui, ce qui nous intéresse, c’est la pédagogie. La pédagogie aux professeurs et la politique aux politiciens. Nous disons à la classe politique de façon générale de laisser l’université tranquille pour que l’on puisse finir l’année».