CAMPUS DÉSERTÉ, DÉMOCRATIE EN SURSIS
Premier lieu de contestation de l'opposition, l'UCAD a été fermée il y a plus de six mois suite aux manifestations contre Ousmane Sonko. Avec 93 000 étudiants toujours sans cours, la plus grande université du pays symbolise l'impasse d'une crise profonde
Plus de six mois après sa fermeture administrative, l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) demeure dans l'impasse. Comme le révèle Jeune Afrique dans un article paru ce samedi 2 décembre 2023, la plus grande université du Sénégal peine à sortir de la crise politique qui l'a plongée dans l'inactivité depuis juin dernier.
Située en plein cœur de la capitale sénégalaise, l'UCAD joue historiquement un rôle majeur sur la scène politique et sociale du pays. Depuis sa création dans les années 1960, elle est le théâtre récurrent de manifestations étudiantes et de contestation de l'opposition. Selon le média panafricain, c'est notamment vrai durant la présidence d'Abdoulaye Wade (2000-2012), lorsque le campus universitaire était devenu un bastion de la dissidence.
Mais c'est en juin 2023 que la situation a atteint son paroxysme. À l'origine, la condamnation à deux ans de prison de l'opposant Ousmane Sonko pour "corruption de mineures". Une décision de justice qui a immédiatement déclenché d'intenses manifestations à travers le pays. Sur son campus, l'UCAD a alors vu déferler la colère des étudiants, conduisant à de graves affrontements avec les forces de l'ordre.
Face aux débordements, les autorités ont décrété dans l'urgence la fermeture de l'université.Plus de six mois après, rien ne semble avoir évolué, comme le souligne Jeune Afrique. Avec 93 000 étudiants toujours privés de cours, l'UCAD demeure le symbole d'une crise politique profonde, à quelques mois des échéances électorales de février 2024. Et sur son campus déserté, désormais silencieux, c'est tout le Sénégal qui semble suspendu à son avenir incertain.