SIMON VEUT RENDRE LEUR DIGNITE AUX ARTISANS
La valorisation de l’expertise locale à travers l’artisanat, c’est ce à quoi s’emploie le rappeur Simon Kouka depuis quelques années.
La valorisation de l’expertise locale à travers l’artisanat, c’est ce à quoi s’emploie le rappeur Simon Kouka depuis quelques années. Il continue de mener ce combat en attirant l’attention des autorités sur ce secteur qui peut aider à résoudre la problématique du chômage des jeunes et les détourner de l’émigration irrégulière. L’implication des chanteurs, artistes et autres célébrités ne sera pas de trop pour aider à faire avancer l’artisanat local, a-t-il indiqué en marge de la Journée de l’artisanat 2023.
Les chanteurs, les célébrités devraient être au-devant de la lutte pour réussir le pari du consommer local en aidant les artisans locaux à valoriser leurs produits. En tout cas, le chanteur Youssou Ndour a montré la voie en faisant savoir son option de mettre en avant l’expertise locale. Le rappeur Simon Kouka l’a servi en exemple lors de la célébration, au Centre culturel Blaise Senghor, de la Journée de l’artisanat. «Quand on est allés à Ngaye, on nous a raconté qu’une année, pour la Journée nationale de l’artisanat, Youssou Ndour est venu soulever une chaussure en disant : je porte les chaussures de Ngaye. Et ils n’avaient jamais autant vendu durant cette période-là. Donc ce signal-là, il est fort. Et si on célèbre une journée comme l’artisanat, imaginons qu’on dise à tous ceux qui viennent ce jour-là de s’habiller local, les gens vont passer leurs commandes chez les tailleurs, chez les maroquiniers. Donc c’est de l’argent qui va être dans notre économie, qui va circuler et qui va créer de la valeur ajoutée», a fait savoir Simon au cours d’une conférence de presse, organisée par la structure Solo lors de la Journée de l’artisanat célébrée depuis 2014 au Sénégal. Une exposition a suivi cette célébration, le 30 décembre, pour magnifier le génie créateur de l’artisanat. «On invite le 30 décembre à la Place de l’Obélisque pour une exposition pour rendre hommage aux artisans. Les artisans vont venir des 14 régions du Sénégal. Il y aura des stands pour qu’ils puissent montrer leur savoir-faire», soutient le rappeur. Une manière de se rattraper par rapport à la Journée de l’artisanat qui n’a été célébrée qu’une seule fois, en 2014. «En 2014, l’Etat du Sénégal, à travers le Président Macky Sall, avait lancé la Journée nationale de l’artisanat. Depuis 2014, cette journée n’a plus été célébrée. Il avait dit s’il ne pouvait pas le faire chaque année, qu’il allait au moins essayer de le faire chaque deux ans», indique-t-il. «C’est la raison pour laquelle on essaie de célébrer cette journée pour au moins rendre cette dignité aux artisans et en disant aussi qu’il faut miser sur la formation», souligne Simon qui indique qu’il reconnait que des structures comme le Fonds de financement de la formation professionnelle (3 Fpt), l’Office national de la formation professionnelle (Onfp) font énormément. «Mais aujourd’hui, il y a plus à faire. Parce que ces jeunes qu’on voit prendre les pirogues, ces jeunes qu’on voit aller vers le Nicaragua pour sortir du pays, s’il y avait plus de formation et que ça soit mieux organisé, mieux structuré, ils ne risqueraient pas leur vie pour aller à la recherche d’un eldorado qu’ils peuvent avoir ici», souligne Simon.
Créneau porteur pour la jeunesse
L’artiste dégage une piste pour faire face au phénomène de l’émigration irrégulière. «On a une usine qui fait du cuir. Il est vraiment temps d’arrêter cette exportation-là, de renforcer cette structure, qu’elle puisse elle aussi exporter dans la sous-région et qu’on puisse également faire vivre ce secteur et créer de l’emploi à travers cette industrie», prône-t-il. Tout ça pour dire que l’artisanat peut être un créneau porteur pour les jeunes en quête d’emploi et une manne financière pour l’économie sénégalaise. «Quand on est allés rencontrer le ministre du Commerce, on nous dit que chaque année, les Sénégalais achètent en termes de Babouche pour 45 milliards, et ça ce sont les babouches déclarées à la Douane. 45 milliards, ce sont quatre tanneries, 45 milliards c’est combien de formations ? Avec 45 milliards, on peut créer une usine qui peut faire travailler combien de Sénégalais ? Il y a aussi la rentrée scolaire, les sacs qui nous viennent de l’Asie, imaginez qu’on ferme les frontières et qu’on dise que les sacs vont être confectionnés par les artisans du Sénégal ! Que Ngaye Mékhé produise, le village artisanal de Thiès, le village artisanal de Soumbédioune, de Ziguinchor, etc. Mais ça donne de l’emploi. Les jeunes ne prendront plus des bateaux pour aller en Espagne, ou je ne sais où. C’est de ça qu’on parle», avance-t-il. «Aujourd’hui, même les commerçants, on leur lance un appel. Vous prenez un commerçant qui va acheter un billet d’avion, qui va payer l’hôtel à la ville où il va acheter la marchandise pour venir encore la vendre ici. S’il faisait la même commande auprès de nos artisans tailleurs, s’il faisait la même commande auprès de nos maroquiniers, on n’en serait pas là aujourd’hui. Et on n’aurait même pas besoin des grandes institutions financières pour emprunter de l’argent de gauche à droite», fait-il remarquer. «L’argent reste ici, circule ici, crée de la valeur. C’est de ça qu’on parle. L’artisanat n’est pas à négliger dans ce pays», souligne l’artiste. Revenant sur les raisons de son engagement, il explique que le passage au mouvement Y’en a marre, l’organisation de marches etc., ont apporté un plus. «Ça a permis aujourd’hui une prise de conscience de la jeunesse, les jeunes sont beaucoup plus politisés qu’avant», mentionne Simon dont l’une des principales préoccupations est de voir sortir de terre la maison de l’artisanat pour davantage promouvoir le consommer local.