DERRIÈRE LES BARREAUX, LA STRATÉGIE DE SONKO
Privé de course à la présidentielle, l'opposant travaille désormais dans l'ombre à imposer son influence. Depuis sa cellule de la prison du Cap Manuel, il multiplie les manœuvres pour jouer les faiseurs de roi et peser sur le résultat du 25 février
Privé de sa propre candidature à l'élection présidentielle du 25 février 2024 après sa condamnation par la justice sénégalaise, l'opposant Ousmane Sonko entend néanmoins peser sur le scrutin en mettant sa popularité au service de candidatures alternatives issues de son camp politique.
Figure de proue de l'opposition au président Macky Sall, Ousmane Sonko était arrivé troisième de la présidentielle de 2019 avec plus de 15% des voix, séduisant notamment les jeunes avec son discours critique envers l'establishment politique sénégalais. Mais depuis lors, l'ancien inspecteur des impôts fait face à de nombreuses poursuites judiciaires qui, selon ses partisans, visent à l'écarter de la course à la présidence.
En janvier dernier, la Cour suprême a confirmé sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour diffamation à l'encontre d'un ministre. Puis en juillet, le leader du parti Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) a été à nouveau arrêté et inculpé de plusieurs chefs, avant que son parti ne soit dissous quelques jours plus tard.
Empêché de se présenter lui-même, Ousmane Sonko entend néanmoins "jouer les faiseurs de roi" selon l'expression du quotidien français Le Monde. Détenu à la prison du Cap Manuel de Dakar, l'opposant multiplierait les entretiens depuis sa cellule pour préparer activement la campagne de candidats issus de son camp.
Parmi eux, le journal cite Bassirou Diomaye Faye, bras droit de Sonko également détenu, Habib Sy, ancien du Parti démocratique sénégalais (PDS) devenu un allié, ou encore Cheikh Tidiane Dièye, ex-porte-parole de Pastef en 2019. Autant de personnalités qui ont vu leur candidature validée par le Conseil constitutionnel et qui pourraient, selon les déclarations de proches de Sonko interrogés par le quotidien, "porter le projet" défendu par ce dernier.
"Aujourd'hui, c'est lui qui est à la manœuvre depuis sa cellule", affirme ainsi un membre de l'entourage de l'opposant, qui reconnaît néanmoins que la dissolution de Pastef les prive désormais de soutiens officiels. Reste à savoir si, malgré son incarcération, Ousmane Sonko parviendra à galvaniser ses partisans derrière l'un de ces candidats et s'imposer comme un "faiseur de roi", capable d'emporter le scrutin par procuration.