LES FEMMES-JUGES VEULENT MONTER EN PUISSANCE AU SEIN DE LA MAGISTRATURE
Elles déplorent que les femmes ne représentent que 18,73% dans la magistrature et veulent désormais accroître leur nombre dans ce corps.
Les femmes magistrates se sont lancées dans la conquête de plus de pouvoirs au sein de la justice. Depuis une année, elles ont mis en place l’Association des femmes magistrates du Sénégal (AFMS). Elles déplorent que les femmes ne représentent que 18,73% dans la magistrature et veulent désormais accroître leur nombre dans ce corps. Un combat qui a été au centre de leur première assemblée générale tenue ce weekend à Saly.
Les femmes magistrats, en dehors de l’Union des Magistrats Sénégalais (UMS), structure faitière, ont mis en place en janvier 2023 un cadre spécifique pour le renforcement du leadership féminin au sein de leur profession. Après une année d’existence, leur première assemblée générale ordinaire, qui s’est tenue le weekend dernier à Saly, s’est penchée sur le thème : « statut du magistrat ». Une occasion pour les membres de l’Union de rappeler les rôles et la responsabilité du magistrat dans le système judiciaire, dans la vie sociale de manière générale.
Pour Marie Odile Thiakane Ndiaye, la présidente de l’AFMS, la meilleure manière de renforcer le leadership féminin reste le renforcement des capacités des femmes. C’est pour cette raison, a-t-elle souligné, que l’Association des femmes magistrats du Sénégal veut mettre l’accent sur la formation continue de ses membres et le maintien des filles à l’école. « La compétence, c’est la garantie de la légitimité et nous allons insister particulièrement sur la formation continue des femmes magistrats et, évidemment, (nous) ouvrir au monde scolaire pour le maintien des filles à l’école et susciter l’intérêt de ces dernières aux métiers du droit », a-t-elle indiqué dans son discours.
Après un an d’existence, l’association plaide pour un accroissement de l’effectif féminin dans la magistrature où les femmes ne représentent que 18, 73%. C’est ce qui avait conduit l’Association, précise sa présidente, à organiser l’encadrement des candidates sélectionnées sur la base d’un appel à candidatures..
Plaidoyer et actions pour une représentativité féminine renforcée
« Nous voulons contribuer à une plus grande représentativité des femmes dans la Magistrature et faire rayonner le leadership féminin. Des professeurs d’Université ont assuré l’encadrement des étudiants en alliant la théorie à la pratique. Sur une centaine de candidats, 16 ont d’abord été retenus pour passer les épreuves orales. Finalement six candidats dont trois filles et trois garçons ont réussi au concours », a informé la présidente Marie Odile Thiakane Ndiaye.
L’autre défi pour l’AFMS reste l’amélioration des conditions spécifiques de travail de ces magistrats obligées de remplir leurs charges professionnelles et d’assumer en même temps leurs tâches au sein de leur ménage, notamment l’éducation de leurs enfants. « Nous prenons des audiences jusqu’à des heures très tardives, 2h, 3h, 4h du matin. Nous sommes des femmes. Nous avons des enfants et des bébés. Il est arrivé à des femmes de suspendre l’audience pour aller allaiter », confie Marie Odile Thiakane Ndiaye. L’idée de mettre en place des crèches ne saurait être saugrenue, selon la présidente de chambre à la Cour d’Appel de Dakar. Une idée que partage d’ailleurs le président de l’UMS, invité à ces travaux de Saly. Ousmane Chimère Diouf estime qu’il s’agit, avec cette association, de se mettre à jour au niveau international avec une intégration de la dimension genre et des questions spécifiques à la femme. Il a exprimé toute la volonté de l’UMS de porter un tel plaidoyer auprès des autorités compétentes.
L’autre préoccupation de l’AFMS, c’est la formation continue des femmes magistrats. Déjà, ses membres se donnent à fond dans la formation des candidats pour la magistrature. « Il y a déjà de la qualité. Mais il faut toujours mieux faire. On ne finit jamais d’apprendre surtout dans la magistrature où, chaque jour, il y a de nouveaux textes. Aussi, nous voulons prendre le leadership. Cette participation à la biennale nous a permis de nouer plusieurs contacts qui nous ont facilité l’affiliation de notre association, le 21 juin 2023, au Réseau International des Femmes Juges », a indiqué Marie Odile Thiakane Ndiaye.
L’Association mène des activités destinées à pousser les filles à faire des études menant à la magistrature et à lutter contre la déperdition scolaire. C’est dans ce cadre qu’elle est allée à la rencontre des collégiennes, le 30 septembre 2023, dans la commune de Keur Baka, dans le département de Kaolack. « Dame justice, hier, à l’apparence si froide, est devenue une mère, une sœur dont l’étreinte chaleureuse embrasse toutes les composantes de la nation sénégalaise. Bien que ce bilan soit encourageant pour une association si jeune, il reste beaucoup à faire. En termes de perspectives, l’AFMS insistera sur la formation continue de ses membres. Elle s’ouvrira au monde scolaire pour le maintien des filles à l’école et susciter l’intérêt de celle-ci aux métiers du droit », a encore indiqué la présidente Marie Odile Thiakane Ndiaye.