LES ENSEIGNANTS DECISIONNAIRES HAUSSENT LE TON ET INTERPELLENT LES NOUVELLES AUTORITES...
Réunie en un Collectif national des enseignants pour l’éradication du statut de décisionnaires, cette frange de notre système éducatif a organisé un point de presse vendredi passé pour demander aux nouvelles autorités de mettre fin à leur calvaire.
L’adage selon lequel «A travail et responsabilités égaux, salaire égal» n’est pas une réalité dans le secteur de l’enseignement au Sénégal. En effet, il existe dans ce secteur une discrimination aussi vieille que manifeste dans le traitement salarial dont sont victimes les décisionnaires. C’est pourquoi ces décisionnaires élèvent la voix pour inviter les nouvelles autorités à régler définitivement ce qu’ils estiment être une « injustice ».
Réunie en un Collectif national des enseignants pour l’éradication du statut de décisionnaires, cette frange de notre système éducatif a organisé un point de presse vendredi passé pour demander aux nouvelles autorités de mettre fin à leur calvaire. Durant cette rencontre avec la presse, les Enseignants Décisionnaires, par la voix de leurs responsables, ont d’abord procédé à un rappel des faits à travers une lettre qu’ils avaient adressée au président de la République sortant. Dans cette correspondance où ils l’avaient invité à trouver une solution définitive à leur situation, ils ont tenu d’abord à revenir sur les faits qui remontent à l’avènement du Président Léopold Sédar Senghor. En effet, c’est depuis cette période que les autorités ont instauré deux types d’enseignants à savoir les titulaires et les décisionnaires. Ces derniers, victimes de Lois, Décrets, Circulaires caduques et inadaptés vivent aussi bien en activité qu’à la retraite une injustice sans commune mesure. Rappelant qu’un décret traitant de leur sort est sur la table du président de la République sortant, selon son ministre de la Fonction publique, ils précisent qu’une question de rétroactivité se pose car le dit décret n’a pas pris en compte les enseignants encore en activité. C’est pourquoi, précisent-ils, la révision «objet du décret» doit prendre en compte tous les enseignants décisionnaires pour corriger ce qu’ils qualifient d’ « iniquité chronique ». A cet effet, ils ont sollicité «la bonne foi et la volonté politique» du tout nouveau chef de l’état quant à la résolution totale de cette question en abrogeant et faisant abroger loi, décret et circulaires déjà obsolètes. D’après eux, la solution finale de cette « injustice » passe impérativement par le relèvement des pensions et le recouvrement des droits à l’imputation budgétaire des décisionnaires déjà à la retraite puis par l’éradication du Statut déjà en voix de disparition.
Une série d’injustices à corriger...
Au cours de leur point de presse, les enseignants décisionnaires ont expliqué clairement la discrimination dont ilsfont l’objet. Pour eux, il est inconcevable qu’au moment de son reclassement dans le corps des instituteurs, l’enseignant dit décisionnaire ne bénéficie que de 40% de son ancienneté alors pourtant qu’il faisait exactement le même travail que son collègue titulaire. L’autre « injustice » dénoncée par les enseignants décisionnaires réside dans le fait que l’IAD (Instituteur Adjoint Décisionnaire) et son collègue IA (Instituteur Adjoint) qui ont accédé au métier avec le même diplôme se voient discriminés. Ce, parce que le Décisionnaire victime de l’âge plafond (plus de 35 ans) avant d’obtenir son diplôme professionnel perd toute son ancienneté lors de son reclassement. Alors il recommence à zéro (0) même après avoir fait plus de 20 ans de carrière durant lesquels il a pourtant formé des centaines de futurs cadres et en cadré de dizaines de jeunes enseignants lors des Cellules Pédagogiques. Pire, durant les années de volontariat et de contractualisation, les salaires que me décisionnaire touchait étaient loin de la norme. Et lors de la validation de ces années, juste 2/3 sont pris en compte et le 1/3 ignoré. Autrement dit pour 18 ans de carrière, les six (6), équivalant à trois avancements, sont perdus. Ce qui a comme conséquences pour beaucoup d’entre eux qu’ils ne plafonnent pas avant la retraite. Selon les ID qui faisaient face à la presse mercredi, le cas de leurs collègues retraités serait plus douloureux encore. Pour cause, ces derniers ne jouiraient d’aucun autre avantage surtout s’agissant de l’Imputation budgétaire. D’où leur interrogation : comment peut-on au Sénégal, pays de la Teranga, appliquer un tel sort à des compatriotes ? D’autant plus que, bien avant 2020, les alertes lancées au gouvernement pour apporter des corrections à ces « injustices » ne rencontraient qu’un semblant de bonne volonté de la part de l’état. Lequel passait son temps à faire du dilatoire, se désolent les décisionnaires.
Les nouvelles autorités interpellées...
Selon le Collectif des Enseignants Décisionnaires, le statut des décisionnaires serait en voie de disparition en ce sens que l’état ne recrute plus au delà de trente ans. Ils estiment que la question de la rétroactivité doit impérativement prendre en compte ceux qui sont déjà à la retraite dès l’instant que les enseignants en activité n’ont pas atteint la limite de souffrance. Mais constatent-ils, il y a une mauvaise volonté de l’état avec la complicité de certains syndicats qui ont rendu les choses compliquées. Malgré tout «nous pensons qu’avec les nouvelles autorités une issue heureuse à nos problèmes sera bientôt trouvée» ajoutent-ils. Ce, d’autant plus que selon le dernier décompte du Ministère de la Fonction Publique, l’effectif actuel des décisionnaires tourne autour de 9.000. Ce qui, d’après eux, ne constitue pas grand chose comparé au nombre total des enseignants. Par conséquent, estiment-ils, leurs problèmes devraient être faciles à régler surtout que «nous avons un pays qui dispose de moyens pour le faire».