VERS LA FIN D’UNE GOUVERNANCE PRÉSIDENTIELLE ARCHAÏQUE À LA FSF ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Notre Fédération, pour avancer et évoluer en toute sérénité, doit se doter de services indépendants au soutien de son football et de ses licenciés, sans l'indispensable aval de sa gouvernance autocrate

L'élection du futur président de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF) approche. Mais si les semaines passent, les questions restent. Alors que les acteurs du football national devraient débattre avec passion et engagement, un alarmant statu quo persiste, le flou règne. Plutôt que de se questionner sur le meilleur programme pour notre football, la seule interrogation dont il est urgent d'attendre la réponse, presque sainte de l'actuel président Senghor, est semble-t-il celle de son désir de briguer un éternel dernier mandat. D'ailleurs, cette élection aura-t-elle lieu dans les temps promis ?
Au-delà de cette appétence pour le pouvoir du président en fonction et de sa capacité à pouvoir (vouloir ?) différer arbitrairement une élection démocratique, il est légitime de s'interroger sur le mode de gouvernance actuellement à l'œuvre au sein de notre Fédération.
L'organisation décisionnaire en place depuis plus de 60 ans, héritée d'un passé colonialiste d'antan, est actuellement désuète. Le Comex, la Commission permanente, l'Assemblée Générale et autres organes gestionnaires pâtissent d'une transversalité coupable. L'omnipotence de l'empreinte présidentielle sur les actions et les décisions prises (ou trop souvent non prises, comme celle de la limitation à deux mandats de présidence) pose un réel problème de séparation des pouvoirs.
Notre Fédération, pour avancer et évoluer en toute sérénité, doit se doter de services indépendants au soutien de son football et de ses licenciés, sans l'indispensable aval de sa gouvernance autocrate.
Notre football se professionnalise poussivement, contraint par les atermoiements de son organe directif. Les bons résultats sportifs de la tanière n'ont pas eu l'impact économique qui aurait dû en découler, faute d'une organisation claire, efficace et transparente. Ces bénéfices financiers auraient notamment dû permettre à la FSF d'actualiser son mode de fonctionnement ; par exemple, la digitalisation des documents nécessaires au bon fonctionnement du football sénégalais local.
De très nombreuses fédérations africaines (marocaine et ivoirienne, pour ne citer qu'elles) ont pris ces mesures qui ont favorisé le fort développement de leur équipe nationale et de leurs clubs. Notre fédération reste toujours à l'âge du papier et perd du terrain chaque jour dans son évolution. Un comble quand de nombreuses sociétés nationales, pourtant moins pourvues d'argent, sont mieux organisées que notre Fédération.
L'attente de la décision du président actuel quant à sa possible candidature ne saurait être qu'un épiphénomène, si notre Fédération avait une gouvernance saine, souveraine et indépendante. Cela va sans dire qu'il en serait de même à propos de la question de la tenue ou non de l'élection en août prochain.
On peut espérer que les prochains candidats à la présidence de notre Fédération sauront s'interroger sur la fonction qu'ils brigueront, et auront le courage de la faire mûrir pour le bien commun et non pour l'immuable intérêt personnel qu'elle engendre.
Le peuple sénégalais est à un tournant de son histoire. Le désir d'imposer une probité sans faille à classe dirigeante s'intensifie et la Fédération ne peut en faire fi. Charge au prochain président de la FSF de se montrer à la hauteur de sa future fonction, dans l'intérêt unique du football et des Sénégalais.
Bassirou Sakho est Conseiller sportif.