PAS DE SOUVERAINETE ALIMENTAIRE AVEC DES PREDATEURS DU FONCIER RURAL
Demba Kandji était à la barre, hier, des Rédactions du Groupe E-Media. Le Médiateur de la République, ancien juge, a abordé plusieurs dossiers comme le foncier, les accusations de corruption contre des membres du Conseil constitutionnel
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Demba Kandji était à la barre, hier, des Rédactions du Groupe E-Media. Le Médiateur de la République, ancien juge, a abordé plusieurs dossiers comme le foncier, les accusations de corruption contre des membres du Conseil constitutionnel, des procès politico-judiciaires.
C’est un dossier chaud. Mais surtout qui le tient à cœur. Le foncier a occupé une grande partie de cet entretien spécial avec Demba Kandji. Le Médiateur de la République constate un «laisser-aller» depuis 1964 sur la gestion du foncier. Il a encore sa réserve de juge qui le suit à la médiature, mais M. Kandji élève par moments le ton pour déplorer à sa manière les «détournements de procédures» dans les acquisitions et ventes de terrains. C’est que, pour lui, l’enjeu est immense dans un contexte où le nouveau régime compte sur l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Or, Demba Kandji est convaincu qu’on ne peut arriver à cette souveraineté avec des «prédateurs du foncier rural» qui passent leur temps à «morceler et à clôturer» des superficies.
«Les politiques s’arrogent certains droits…»
Il n’est plus juge, et donc a la liberté de s’exprimer sur le fonctionnement de la Justice. L’ancien président de la Cour d’Appel de Dakar n’a pas fait dans la langue de bois en parlant des dossiers politico-judiciaires. Et c’est en connaissance de cause pour celui qui a eu entre les mains parmi les dernières affaires les plus chaudes celle de la Caisse d’avance de la Ville de Dakar impliquant Khalifa Sall. «Quand la justice ne marche pas, rien ne marche. Les hommes politiques africains, sénégalais en particulier, croient être l’alpha et l’oméga. Que les politiquent sachent qu’ils ont choisi de faire la politique. Mais la loi est impersonnelle et générale. Or, les politiques s’arrogent certains droits devant la justice», a dit le médiateur.
«Les juges du Conseil constitutionnels étaient dans leur rôle»
Demba Kandji a également abordé les accusations de corruption des députés du Pds contre deux juges constitutionnels après l’invalidation de la candidature de Karim Wade. «C’est un épiphénomène. Ils étaient dans leur rôle et ont fait objectivement leur travail. C’est aux accusateurs d’apporter la preuve. Je retiens que le serment du magistrat lui impose le devoir de réserve. Même une commission parlementaire ne peut entendre le juge. La dernière jurisprudence, c’est dans l’affaire d’Outreau où la commission parlementaire avait souhaité entendre un magistrat sans succès», a-t-il souligné.