LA CONCRÉTISATION DES BAISSES DE PRIX SE FAIT ATTENDRE
Dans les étals et échoppes du marché en pleine effervescence avant la fête de la Tabaski, les prix n'ont pour l'instant pas bougé. Mais au-delà de leur applicabilité, ces baisses modestes semblent bien insuffisantes aux yeux de nombreux Sénégalais
(SenePlus) - Le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye a annoncé jeudi dernier les premières mesures destinées à lutter contre la vie chère, un sujet brûlant sur lequel les nouvelles autorités sont très attendues depuis leur prise de pouvoir il y a deux mois et demi. Parmi ces mesures, une diminution négociée des tarifs du sucre, du riz, de l'huile et du pain devrait en théorie entrer en vigueur dans le courant de la semaine prochaine. Mais sur le terrain, cette baisse tant espérée semble encore loin d'être une réalité, comme l'a constaté la correspondante de RFI à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff, lors d'un reportage au marché Tilène.
Dans les étals et échoppes du marché en pleine effervescence avant la fête de la Tabaski, les prix n'ont pour l'instant pas bougé. Un épicier interrogé confie : "Si les grossistes baissent, ça va diminuer, sinon non, ça ne va pas diminuer parce qu'on achète ça cher. Actuellement, 610 FCFA le sac [de sucre]. On passe parfois à 700, 675 FCFA." Bien loin donc de l'objectif fixé à 600 FCFA maximum le kilogramme.
Pour le riz brisé, c'est la même inconnue. Le gouvernement a négocié 40 FCFA de baisse pour ramener le prix à 410 FCFA le kg, mais sur le marché, il se négocie encore à 640, voire 600 FCFA. Un grossiste de produits alimentaires se dit pourtant "impatient qu'on les fasse appliquer pour qu'on puisse travailler correctement". "Maintenant, comme les autorités les ont fixés à 600 FCFA, je pense que tous les clients voudront bénéficier de ce nouveau prix et les vendeurs devront modifier", espère-t-il dans des propos rapportés par RFI.
Pour accompagner cette transition, le gouvernement a promis la création de "boutiques-témoin" pour encourager la baisse. Du côté de la baguette de pain, la réduction de 15 FCFA devrait être plus aisée à appliquer selon un boulanger : "C'est le gouvernement qui fixe les prix. S'il y a un accord avec le patronat, peut-être qu'ils vont l'appliquer." Une suspension des droits de douane sur le blé à partir d'août est d'ailleurs prévue pour compenser.
Mais au-delà de leur applicabilité, ces baisses modestes de 15 à 50 FCFA semblent bien insuffisantes aux yeux de nombreux Sénégalais, alors que le prix du riz a presque doublé en trois ans, dans un contexte d'inflation galopante. "Non, ce n'est pas suffisant", répondent ainsi de nombreux clients, espérant que d'autres mesures plus ambitieuses suivront.