VIDEOLA TABASKI, UN VOYAGE SEMÉ D'EMBÛCHES POUR DE NOMBREUX SÉNÉGALAIS
"Les gares routières sénégalaises sont une véritable jungle où le client, loin d'être traité comme un roi, n'est que gage. On le prend pour une vache à lait alors que souvent c'est plutôt un mouton fatigué qui traîne avec l'énergie du désespoir"
(SenePlus) - Pour de nombreux musulmans sénégalais, la fête de la Tabaski, censée célébrer le partage et la solidarité, se transforme en un véritable parcours du combattant. Comme le souligne Omar Diaw, journaliste à la RTS, "la quête de l'animal à sacrifier n'est pas la seule équation pour de nombreux musulmans obligés de se sacrifier."
Au-delà de l'achat onéreux de la bête, c'est le simple fait de rejoindre sa famille dans les régions d'origine qui relève du défi. "S'il y a un seuil, un minimum, pour le coup, on a l'impression que les plafonds explosent," déplore Diaw, faisant référence aux coûts exorbitants des transports routiers.
Une injustice criante se profile, où "certaines bêtes de race s'échangent contre des millions," tandis que la majorité des Sénégalais doit se contenter de "rabais présidentiels substantiels aux allures de dumping." Cette disparité souligne les inégalités sociales flagrantes qui persistent dans le pays.
Pour de nombreux Sénégalais, le véritable défi réside dans le fait de "retourner à ses racines sans frais chez soi, celui-là qui vous a vu naître avant d'atterrir dans ces cités où on s'épuise, su et sus dans l'espoir incertain de s'accomplir." Cette "Tabasquie" devient alors "un marqueur social et sociologique précis," révélateur des difficultés rencontrées par une frange importante de la population.
Lorsque vient le temps des célébrations, "d'innombrables Sénégalais se libèrent de l'étreinte des banlieues captives pour se retrouver dans des bleds laissés à eux-mêmes, aux épouses, aux vieux-parents et à des jeunes qui ne rêvent que de partir." Cependant, cette quête de retrouvailles familiales se heurte à l'âpreté des conditions de voyage.
"Les gares routières sont alors assaillies par des milliers de voyageurs, vite pris à la gorge par des rabatteurs sécoxeurs qui s'empressent de vous encaisser jusqu'au triple du tarif normal." Malgré les protestations et les appels à la raison, "vous perdriez votre temps et votre énergie. Rien ne les attendrit. Au bout du compte, il faudra se résigner et casquer."
Non seulement les tarifs sont exorbitants, mais les conditions de transport sont également déplorables. "Le chauffeur, les poches pleines de votre argent, par lui mal acquis, se pointe pour vous narguer et vous transporter comme des bestiaux conduisant avec arrogance et désinvolture." Les passagers sont traités avec mépris, à l'image de cette description saisissante: "Les gares routières sénégalaises sont une véritable jungle où le client, loin d'être traité comme un roi, n'est que gage. On le prend pour une vache à lait alors que souvent c'est plutôt un mouton fatigué qui traîne avec l'énergie du désespoir."
Face à cette situation alarmante, Omar Diaw lance un cri d'alarme retentissant: "C'est ainsi depuis trop longtemps et trop c'est trop." Il est grand temps que les autorités compétentes prennent des mesures fermes pour mettre fin à ces abus et permettre à tous les Sénégalais de célébrer dignement la Tabaski, dans un esprit de partage et de solidarité, conformément aux valeurs prônées par cette fête importante.