RUSSIE-UKRAINE, DAKAR OPTE POUR LA NEUTRALITE ET LA SOUVERAINETE
La diplomatie sénégalaise se dit prête à contribuer à la recherche de « solutions pacifiques » aux conflits en cours dans le monde, notamment en Ukraine et au Sahel. Tout en réitérant une position de neutralité dans la crise russo-ukrainienne.
La diplomatie sénégalaise se dit prête à contribuer à la recherche de « solutions pacifiques » aux conflits en cours dans le monde, notamment en Ukraine et au Sahel. Tout en réitérant une position de neutralité dans la crise russo-ukrainienne.
En visite d’Etat à Moscou, la ministre sénégalaise de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères a mis en avant, jeudi 29 août, les priorités du nouveau gouvernement sénégalais, axées sur le développement économique et la recherche de solutions pacifiques aux conflits et crises dans le monde. Face à une proposition d’aide de son homologue russe pour contrer la menace terroriste qui plane sur le Sénégal, Yassine Fall a indiqué que son pays « se trouve à un tournant important de son histoire » qui exige le développement d’une stratégie pour renforcer la souveraineté économique, agricole et industrielle.
Alors que le Sénégal possède des ressources critiques telles que le gaz naturel, le pétrole, les phosphates, l’or, le fer et d’autres minerais, « nous croyons qu’il est nécessaire de cesser l’exportation de ces biens, sous forme brute ou raffinée, vers la Russie, et de commencer à les raffiner nousmêmes pour renforcer le secteur privé sénégalais, solidifier nos entreprises et progresser dans ces domaines ainsi que d’autres », a-t-elle souligné, rappelant que Dakar et Moscou entretiennent des relations bilatérales depuis les luttes contre l’apartheid en Afrique du Sud et pour l’indépendance des pays africains.
« Les échanges commerciaux entre nos deux pays se sont élevés à 1,5 milliard de dollars en 2020. Nous avons plus de 30 accords en place qui renforcent nos relations dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de l’industrie, de la production de produits pétrochimiques et de la pêche », a-telle noté. Avant de souligner le risque des attaques terroristes dans des pays voisins comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui guette le Sénégal. « INTÉRÊT COMMUN » « Le Sénégal souhaite trouver diverses solutions à ces crises par des négociations pacifiques. Nous espérons également que la crise entre la Russie et l’Ukraine, ainsi que les conflits au Soudan et en République démocratique du Congo, seront résolus par des moyens pacifiques », a-t-elle déclaré, réitérant la position de neutralité de Dakar dans la guerre russoukrainienne.
Concernant la stabilisation des pays du Sahel, confrontés aux violences des groupes terroristes et à l’instabilité politique débouchant sur des coups d’État, Mme Fall a indiqué que son pays compte s’appuyer sur l’expertise d’un de ses fils, en l’occurrence le professeur Abdoulaye Bathily, historien et diplomate mondialement réputé, récemment nommé envoyé spécial du président sénégalais. Il jouera le rôle « d’émissaire » pour tenter de lever les équivoques souvent entretenues entre le Sénégal et les pays du Sahel par des personnes très suivies sur les réseaux sociaux, le plus souvent sous l’influence de Moscou, selon la ministre sénégalaise des Affaires étrangères.
Son homologue russe, Sergueï Lavrov, s’est dit préoccupé par la montée de la menace terroriste dans la région du Sahel, à cause des groupes al-Qaïda et État islamique. « Les groupes terroristes exercent une pression constante et étendent leur influence dans cette région, y compris au Sénégal, et nous avons un intérêt commun à lutter contre cette menace. Ainsi, la Russie est prête à aider le Sénégal et tout autre pays africain souhaitant renforcer sa préparation antiterroriste et celle de ses services spéciaux pour faire face à la menace terroriste », a indiqué le chef de la diplomatie russe.
En accord avec Mme Fall, il a indiqué que leurs deux pays allaient réaliser des projets conjoints dans les domaines du développement géologique, de l’extraction des ressources minérales, de la construction d’infrastructures, de la pêche, des technologies de communication, etc. Sur le plan commercial, la création d’une commission bilatérale est en cours, selon M. Lavrov.
« Nous envisageons d’impliquer nos experts dans la création d’un système de site web pour les services d’État. Nous avons également une bonne expérience dans l’établissement de systèmes de sécurité », a souligné le ministre russe des Affaires étrangères, louant la « bonne expérience » de son pays en matière de cybersécurité internationale.